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Billet d'humeur

Castex fait ses adieux à son gouvernement. Bon débarras !

L’annonce du départ de Jean Castex a suscité quelques hommages du côté des classes dominantes. Si entre deux éditos larmoyants la bourgeoisie regrette l’un de ses meilleurs technocrates, nous, nous disons bon débarras !

Nathan Deas

13 mai 2022

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Crédit photo : LUDOVIC MARIN / AFP

Jean Castex va nous quitter. Ainsi en a décidé son patron. Il avait pourtant dit qu’il allait le garder car Jean Castex «  avait fait un travail formidable  ». Mais dans un même souffle, il a ajouté que c’était seulement pour quelques jours parce qu’il y avait besoin de renouveau, logique apparemment partagée par l’intéressé. Jeudi soir, Jean Castex a fait ses adieux à ses ministres. Entre deux applaudissements et deux coupes de champagnes, la plupart avaient la tête ailleurs. Ils pensaient eux aussi à leur possible remplacement.

Depuis quelques jours, la très patronale presse nationale ne tarit pas d’éloges pour son très patronal premier ministre. Du côté des Echos, on regrettera « un style » - comprendre une pratique plus « terroir » de la casse sociale que son prédécesseur. Du côté du Nouvel Observateur on recourt à la métaphore pour se lamenter du départ d’un « rempart » - comprendre Castex n’aura jamais commis le crime de lèse-majesté de prendre de la lumière à Jupiter.

Énarque, haut fonctionnaire à la Cour des Comptes, directeur de l’hospitalisation et de l’organisation des soins au ministère de la Solidarité et de la Cohésion sociale, directeur de cabinet de Xavier Bertrand au ministère de la Santé puis au travail, collaborateur de Nicolas Sarkozy et maire Les Républicains de Prades, mais aussi cumulard et collectionneur de différents mandats, et donc parfait technocrate, on l’aura compris, Jean Castex avait le profil. Encore fallait-il le confirmer. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’il n’a pas déçu.

Celui qui jusqu’alors avait comme principal fait d’arme d’avoir participé au processus législatif ayant conduit à la Loi Hôpital 2005 et à l’intronisation des logiques de rentabilité dans le secteur public de la santé, pouvait désormais voir les choses en grand. Couvre-feux, pass vaccinal, réforme de l’assurance chômage, réforme des retraites, mise sous condition des aides pour le RSA, etc., Jean Castex n’a pas eu le temps et l’espace -notamment social- de mener à bien tous les projets du gouvernement. Suffisamment cependant, pour que la casse sociale sorte renforcée de son passage à Matignon. Suffisamment également, pour poursuivre sur la voie islamophobe initiée par son prédécesseur, notamment avec la loi Séparatisme dont il a été l’un des porte-drapeaux.

Autoproclamé premier ministre du « dialogue social », Jean Castex a bien tenté sur la forme de se démarquer de son prédécesseur, lui, qui avait été choisi pour incarner une « rupture » et « l’acte II » du quinquennat à la sortie de la crise des « gilets jaunes ». Sur le fond, faire-valoir de Macron, il a dirigé les mêmes politiques d’attaques contre les classes populaires et le monde du travail.

Son successeur, ou plus vraisemblablement sa successeuse, aura la lourde tâche de diriger le gouvernement dans un climat particulièrement instable. Pandémie mondiale, guerre en Ukraine, croissance en berne, inflation importante, faible légitimité pour Emmanuel Macron : la tâche ne s’annonce pas de tout repos. On lui souhaite de prendre la porte plus rapidement que Jean Castex, et si possible d’embarquer dans sa chute le président de la République.


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