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Cazeneuve : Des hébergements en nombre insuffisant pour masquer une accentuation des expulsions

Daniela Cobet L’annonce faite par le ministre de l’Intérieur de la création de 10 500 places d’hébergement pour les demandeurs d’asile et les réfugiés est une vaste fumisterie. Non seulement ces places sont totalement insuffisantes pour répondre aux 60 000 nouvelles demandes de droit d’asile qui émergent chaque année, mais surtout elles servent au gouvernement pour légitimer l’aggravation de sa politique d’expulsion des migrants.

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Pris en étau, à la fois par les critiques à son abandon de tout ce qui pouvait encore différencier sa politique de celle de la droite (voire de l’extrême-droite) en ce qui concerne l’immigration mais aussi par la crise avec l’Italie autour de la mise en place de contrôles illégaux à la frontière, le gouvernement voudrait faire croire que son annonce de l’ouverture de nouvelles places dans les centres d’accueil serait un pas dans une autre direction.

Mais la restriction de l’accès à ces mêmes places à ceux dont la demande de droit d’asile serait jugée recevable, n’est qu’une poursuite de sa politique pour semer la division au sein des migrants, de façon à expulser plus vite et plus efficacement tous ceux que le gouvernement se permet de juger comme n’étant pas des « vrais réfugiés ».

C’est Cazeneuve lui-même qui l’explique lorsqu’il affirme que son « plan » serait articulé autour de trois axes : « Mieux accueillir les demandeurs d’asile, mieux mettre à l’abri, et mieux lutter contre les filières de l’immigration irrégulière ».

Or il est évident qu’aucun migrant ne prendrait le risque de traverser des déserts et des mers dans les conditions les plus précaires, parfois avec des enfants, si leur situation dans leurs pays d’origine ne représentait pas des dangers réels pour leur existence, que ce soit à cause de la guerre ou de la famine. Ce n’est pas donc au gouvernement, ni aux préfectures, de juger de la légitimité ou non de ces hommes, femmes et enfants à rester sur le territoire français et à bénéficier de conditions dignes pour se loger et se nourrir.

Une situation inacceptable

Depuis des semaines et des mois, que ce soit du côté de la mairie de Paris ou de l’Etat, tous les semblants de solutions proposés aux migrants sont d’une immense hypocrisie. Lorsque le campement de La Chapelle a été évacué par la force début juin, on avait expliqué aux migrants qu’ils bénéficieraient d’une solution d’hébergement et d’un accompagnement dans leurs démarches pour l’obtention du droit d’asile. Mais si c’était véritablement l’intention de la Mairie, pourquoi donc avoir militarisé ce lieu avec la présence de policiers et maîtres-chiens pour empêcher que les migrants ne reviennent ?

La véritable situation est que la Mairie de Paris et le Ministère de l’Intérieur sont complices d’une politique qui maintient des dizaines de migrants dehors ou dans des hébergements dont les conditions sanitaires sont totalement indignes. En plus, le fait d’éclater les migrants dans des nombreux centres d’hébergements éloignés les uns des autres constitue une politique consciente pour tenter de briser le début d’organisation et de solidarité qui émergent.

La Mairie de Paris refuse toute rencontre avec le collectif unitaire pour trouver des solutions d’urgence et ne s’est même pas donné la peine d’installer quelques toilettes sèches dans les lieux où campent actuellement les migrants, dont de nombreux enfants et femmes enceintes, créant ainsi un véritable problème de santé publique. Pour ce qui est du Jardin d’Eole, dans le 18ème arrondissement de Paris, cette situation est aggravée par la présence dans le quartier de trafiquants et consommateurs de crack, ce qui pose des problèmes de sécurité graves et constants.

Poursuivre et amplifier le mouvement de solidarité

Une nouvelle réunion unitaire a rassemblé ce mercredi des organisations associatives, syndicales et politiques, ainsi que des représentants des migrants et a acté le principe d’une nouvelle manifestation à Paris le jeudi 25. Il faudra donc la construire de façon à ce que nous soyons de plus en plus nombreux à réclamer un toit dans des conditions dignes et des papiers pour tous les migrants, ainsi que la libération de tous ceux qui se trouvent d’ores et déjà dans des centres de rétention, sans distinction entre ceux qui seraient des soi-disant « vrais » réfugiés et ceux qui ne le seraient pas.

17/06/2015


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