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Édito

Ce que #TraverseLaRueCommeManu dit du monde du travail et de son refus de l’ultra-précarité

Le phénomène #TraverseLaRueCommeManu ne désenfle pas, bien au contraire. Loin d'être seulement un « mass joke », il exprime la colère du monde du travail et de la jeunesse contre le modèle néo-libéral prôné par Macron, tout en pointant l'épuisement du projet tant vanté par « le président des riches ».

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Crédits photo : commerce.life

Le phénomène est devenu rapidement viral sur les réseaux sociaux, et force est de constater qu’il perdure. Ce qui semblait n’être qu’une « petite phrase » de Macron expliquant à un horticulteur qu’il lui suffit de « traverser la rue » pour trouver du travail, s’inscrit en réalité dans une forme de tradition du « président des riches ». Celle d’un mépris de classe affiché et assumé depuis le début du quinquennat. Au-delà de l’incroyable créativité de détournement et de réaction à la phrase d’Emmanuel Macron que l’on peut constater sur les réseaux sociaux, ce qui mérite d’être souligné c’est le caractère viral et massif de la réaction. Plusieurs jours après, l’avalanche de tweet et post facebook se poursuit. Et cela va en augmentant.

Au premier coup d’œil, ce phénomène en dit long sur l’épuisement du discours macronien, promettant un « nouveau monde » et une politique axée sur la fiche de paye. La base sociale du « président des riches », déjà étroite, ne cesse de s’effriter tandis que les tensions et fissures au sein du dispositif macronien, et en premier lieu de La République En Marche, se font de plus en plus visibles. Des démissions au gouvernement à la bataille pour le perchoir de l’Assemblée Nationale en passant par les départs du mouvement LREM lui-même, il est aujourd’hui clair que la crise qui touche la « macronie » n’est en rien conjoncturelle. Dans cette situation, la popularité de Macron est en chute libre, pire que Hollande après un an de pouvoir. En ce sens, le #TraverseLaRueCommeManu, son ampleur et son ancrage dans le temps, est un miroir déformé de ce que la jeunesse, les travailleurs et les classes populaires pensent du pouvoir macronien.

Mais la petite phrase de Macron n’est pas qu’une punchline méprisante. Elle est aussi la synthèse idéologique, sous sa forme la plus brutale, du modèle néo-libéral anglo-saxon. Celui de l’ultra-précarité, des contrats « zéro heure » et de la flexibilité absolue. Rien de très surprenant, puisque Macron se rêve en « Thatcher français », bien qu’il ne bénéficie ni d’un contexte international propice, ni d’une assise sociale suffisamment solide pour incarner une telle posture politique. Et c’est bien la que le bas blesse pour Macron. Ce qu’exprime fondamentalement le phénomène #TraverseLaRueCommeManu, c’est un rejet massif de ce modèle de société, ou règne l’ultra-précarité.

Mais si Macron se révèle aujourd’hui être profondément affaibli, et qu’il suscite une profonde colère dans nos rangs, il n’existe pour le moment pas de plan de bataille qui soit à la hauteur pour transformer la brèche en une véritable offensive pour le monde du travail et la jeunesse. Les principales organisations qui se revendiquent du mouvement social, qu’elles soient syndicales ou politiques, continuent à entretenir l’idée selon laquelle il serait possible de négocier avec celui qui a d’ores et déjà orchestré la destruction du statut cheminot ou de l’accès à l’université, et qui promet de ne pas s’arrêter là. D’un côté, la France Insoumise opère un recentrage de la rue vers les institutions, depuis la fin de l‘été, et promet de mettre le paquet pour les européennes comme s’il s’agissait du véritable terrain d’affrontement. De l’autre, la CGT fait des élections professionnelles sa priorité et ne propose qu’une journée de grève interprofessionnelle le 9 octobre, qui apparait d’ores et déjà comme une politique insuffisante. Au lieu de proposer un programme offensif pour notre classe, ces organisations maintiennent leur stratégie de « dialogue social », comme s’il était possible de « dialoguer » avec le président des riches !

Non, la régression sociale ne se négocie pas. En lieu et place de cette politique, nous devons exiger un plan de bataille d’ensemble qui impose un rapport de force qui aille jusqu’à la grève générale et qui soit capable de dégager Macron et d’approfondir la crise que traverse actuellement la macronie. Contre la précarité comme seule perspective que nous promet Macron, exiger un vrai CDI pour tous, car personne n’a envie de passer sa vie dans l’angoisse de se retrouver au chômage, n’en déplaise au patron-coiffeur Franck Provost. Et pour en finir avec le chômage de masse, qui touche plus de 6 millions de personnes en France, il ne suffira certainement pas de traverser la rue, mais bien de la prendre pour imposer la baisse et le partage du temps de travail sans baisse de salaire.


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