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Ecologie ouvrière

Ce que nous apprend la bataille des raffineurs de Grandpuits sur la transition écologique

Après plus de 45 jours de grève des raffineurs à Total Grandpuits, quelles premières leçons écologistes tirer de cette lutte qui a réussi le tour de force d'allier fin du monde et fin du mois contre le géant pétrolier Total ?

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Crédits photo : LouizArt Lou

La première leçon à tirer est que la grève des raffineurs de Grandpuits a révélé la duplicité de Total et sa communication mensongère au moment où le groupe tente de faire peau neuve en changeant de nom (TotalEnergie) et prétend se métamorphoser en entreprise vertueuse écologiquement. En opposant aux postures de façade des arguments ainsi qu’une réflexion de fond, les raffineurs ainsi que les organisations écolos, alliés dans la lutte, ont réussi le tour de force de démontrer leur tartufferie. Plus en général, les travailleurs ont œuvré à mettre à nu les pratiques de cette multinationale des énergies fossiles (archétype de l’entreprise capitaliste dans une société construite sur le moteur à explosion). Un acquis qui devrait nous permettre de tirer des enseignements d’ordre plus systémique sur le capitalisme qui même en crise continue à semer son idéologie. Démontrer encore et toujours, malgré les alertes écologiques, son caractère intrinsèquement incompatible avec notre survie est une tâche indispensable et d’une imminente actualité.

Des prétextes vite démontés

Bien évidemment, la dichotomie entre la posture et les faits saute aux yeux et a été très rapidement dénoncée. La reconversion de la raffinerie de Grandpuits et la suppression de 700 postes ne sont aucun cas une prise de conscience écologique, ni même une nécessité immédiate sur le plan économique pour l’entreprise qui versait 7 milliards de dividendes en 2020. Et pour cause, cela exprime encore une fois, la recherche de Total d’une meilleure rentabilité, sur fond de greenwashing puisque les profits générés par la prochaine usine seront doublés et que Total va continuer à forer sous des cieux plus cléments pour les dividendes.

En somme, pour Total, les profits réalisés dans les pays impérialistes ne répondent plus aux exigences de rendement sur fond de crise économique. Et c’est d’autant plus vrai dans le raffinage où aucune technologie nouvelle n’a été inventée depuis des lustres.

Ce qui fait donc la différence majeure, c’est le pays dans lequel on produit.

Donc si Total privilégie l’investissement dans des activités en Ouganda ou au Mozambique c’est pour des raisons de productivité qui tiennent en deux points : des protections sociales et environnementales moindres. Ce sont les paramètres primordiaux qui permettent de baisser les coûts de production, et donc d’augmenter le profit par site, et qui attirent l’investisseur.

Les salariés : la variable d’ajustement pour le grand patronat industriel

Bien sûr, en premier lieu, les salaires. Ce n’est pas pour rien que toutes les grandes entreprises annoncent régulièrement des plans sociaux (des PSE comme à Grandpuits) qui font bondir l’action, par la ruée des fameux investisseurs vers ces entreprises dites « courageuses » par les analystes TV.

Le marché de l’emploi européen, et encore plus la France, avec un salaire minimal bien trop faible mais néanmoins supérieur à de nombreux pays, est ainsi un terrain peu attractif pour les grandes entreprises comme Total. Même un APC (Accord de performance collective = perte de salaire), ne peut pas rivaliser avec une baisse de la masse salariale comparable à une délocalisation dans un pays en voie de développement. Mais également, la prévention des risques professionnels est une donnée absolument incontournable de l’équation.

Rappelons-nous que, en ce qui concerne la relance, les gouvernements, au service des grandes entreprises œuvrent en permanence pour casser les acquis sociaux et dérèglementer le marché du travail. Par exemple, l’une des mesures phares du premier mandat de Ronald Reagan, visait à assouplir les normes de tolérance de l’industrie américaine concernant l’exposition des ouvriers aux produits toxiques. Et, sans être la seule mesure, cela a permis un avantage compétitif œuvrant à la relance ! Ce qui démontre bien le « coût » que peut représenter la prévention des risques, un « faux cout » du capitalisme qui se soustrait aux profits. Pour le secteur industriel au sein des pays les plus riches, ce sont des installations souvent coûteuses, des équipements de protection à renouveler régulièrement pour respecter les normes de préventions, et des risques de poursuites juridiques individuelles des travailleurs impactés en cas de maladie professionnelle ou d’accident, qui n’existent quasiment pas dans les pays dits « du Sud ». Et ne parlons pas des cotisations salariales sur les risques professionnels. Les prélèvements français, notamment, sont parmi les plus élevés.

Donc Total (et toutes les entreprises dans le même cas) peut empoisonner et tuer, en plus d’exploiter honteusement, des ouvriers africains pour verser plus de bénéfices à ses actionnaires. Pour rester dans la légalité des normes environnementales, le meilleur choix est le pays qui en a le moins.

Pour cette notion, on peut également regarder en direction des USA, et plus récemment. Une des mesures ayant permis à Trump de relancer l’économie étasunienne, a été de baisser le niveau des contraintes environnementales (déjà moins élevées aux USA qu’en Europe), et à nouveau, ce fut une réussite pour les capitalistes. Ce sont des installations de filtrage, de recyclage, qu’il faut faire fonctionner, entretenir, des taux d’émissions « contrôlés » qui peuvent obliger à réduire, voire arrêter la production...

Les investisseurs se sont rués, conscients que leur retour sur investissement irait plus intégralement dans leurs poches que s’ils protégeaient stupidement une planète prévue pour faire du pognon ! Pour toute entreprise capitaliste moderne, il n’y a donc qu’une alternative pour rester attractive : migrer vers des cieux plus cléments avec des gouvernements encore plus compréhensifs (en l’occurrence pour Total en Afrique), avec le soutien des gouvernements occidentaux impérialistes qui appuient et maintiennent au pouvoir des régimes favorables à l’implantation et la protection des intérêts de leurs multinationales.

Pas beaucoup mieux en France

La France néanmoins n’est pas plus un exemple de vertu en ce qui concerne les accidents industriels et l’on ne peut présager que dans le cas d’un accident grave à Grandpuits, l’Etat ne ferait que mine de le condamner. C’est l’exemple que nous a donné le gouvernement Macron autour du scandale de l’incendie de Lubrizol qui a déversé dans l’atmosphère 9500 tonnes de produits chimiques sans aucune inquiétude de poursuites pour l’entreprise.

C’est aussi la leçon que l’on peut tirer de l’accident d’AZF puisque ce n’est qu’après 16 ans de procédure que les familles des 31 morts et près de 8000 blessés ne sont arrivées qu’à faire condamner de 15 mois de prison avec sursis et 10 000€ d’amende le patron de Grande Paroisse (la filiale), sans réussir à impliquer Total (la maison mère), le tout « dans une relative indifférence médiatique ». En effet, l’indifférence a été proportionnelle à l’influence médiatique du géant pétrolier (son budget pub colossal). Sans parler des dénégations difficiles à entendre pour les familles : des scénarios alternatifs présentés en défense plus absurdes les uns que les autres. Imaginons les mêmes faits dans un pays où les acquis du mouvement ouvrier sont bien moindres ?

Les accidents industriels de Total ne sont pas tous aussi datés puisque les 24 et 25 février 2019, le fameux PLIF (pipe-line d’Ile de France) exploité par l’entreprise a laissé échapper un million de litres de pétrole brut dans les Yvelines, 10 hectares de terre et au moins 3 rivières polluées. En 2014, déjà, il y avait eu un incident du même type. Même dans un des pays du monde les plus exigeants en termes de sécurité environnementale et en région parisienne (excusez du peu), une zone très urbanisée, ce type de fuite ne peut être considérée comme anodine, pourtant rien n’inquiète la direction de Total qui depuis des années refuse d’investir dans la maintenance de ses infrastructures en France comme le dénoncent les grévistes de Grandpuits.

Quelqu’un aurait-il été informé d’un tel incident survenu dans un espace naturel en Ouganda, ou tout autre pays dans lequel la presse libre est réduite à la portion congrue ? Sans compter qu’un dédommagement d’un fermier africain n’est en rien comparable à celui d’un propriétaire terrien d’Ile de France...

Une pseudo transition écologique du capitalisme

D’abord, une entreprise productrice d’énergie comme Total génère beaucoup plus de bénéfice qu’un « énergéticien » hors hydrocarbures. D’après Les Echos, l’italien Enel ou l’espagnol Iberdrola, qui se présentent comme les champions du renouvelable (à prendre avec des pincettes évidemment, même s’il est établi qu’ils ne forent pas de puits de pétrole) pèsent un poids équivalent à Total en bourse mais génèrent des bénéfices, donc des dividendes, d’un ordre bien inférieur.

En effet, il faut bien comprendre que le pétrole et le gaz naturel sont des énergies quasi-gratuites, ou au moins en rien comparables avec le renouvelable : on fore et on pompe pour un rendement énergétique encore inégalé, une facilité de transport, de stockage, etc... Et même si les conditions de forage se complexifient, cela reste un coût de production de l’énergie extrêmement bas.

Alors, comment une société capitaliste ou ultralibérale, qui a adopté pour idée fondatrice que le marché doit s’autoréguler et dont le but ultime est le profit, pourrait se passer d’une énergie aussi bon marché ? Et ce d’autant plus que le moteur de ce profit est la croissance, largement indexée sur la consommation d’énergie toujours plus importante.

À nouveau, les USA nous montrent l’exemple à ne pas suivre avec le gaz et le pétrole de schiste. En effet, après la crise dite des subprimes— de 2007/2008, le rebond conjoncturel de croissance aux Etats-Unis, qui a laissé l’Europe derrière, est principalement dû à ces énergies très bon marché d’un point de vue financier, mais dont le coût écologique est dévastateur. De ce point de vue, l’extraction du gaz et du pétrole de schiste, autorisée par le gouvernement américain a ainsi joué un rôle fondamental, encourageant les capitalistes à se mouvoir pour exploiter toujours plus la planète. En effet, l’extraction risquée du gaz de schiste peut provoquer une contamination des sols et autres tremblements de terre.

Cet exemple, dans le pays pilote de l’ultra-libéralisme, montre bien que le système capitaliste a besoin d’énergie très bon marché et il n’est plus nécessaire de démontrer que ce système va toujours au plus rentable, légalement ou non...

Une culture capitaliste du mensonge officiel

Cet affichage vert ne doit donc pas nous faire oublier que le but reste de s’affranchir des contraintes pour un maximum de profit. D’ailleurs Les Amis de la Terre ne s’y trompent pas concernant Total : « Même en 2030, plus de 70 % des revenus du groupe seront encore issus du pétrole et du gaz ». De plus, il est facile pour Patrick Pouyanné de prendre des engagements à long terme, alors qu’il aura certainement changé de groupe d’ici là, et d’annoncer aujourd’hui le « virage écolo » de Total.

D’abord, cela ne signifie absolument pas que le groupe extraira moins de pétrole à cette date. Ensuite et surtout, le PDG de Total à annoncé la production de 100 mégawatts pour 2030 grâce à l’éolien, dont l’éolien dont le bilan carbone très controversé, de par le coût écologique de la construction et des pièces d’usure, n’en fait pas une alternative aussi bénéfique qu’attendu. Et où allons-nous implanter assez d’éoliennes pour produire 100 mégawatts ? Ça sent les problèmes de voisinage !

Rappelons de plus, que la volonté de Total d’exploiter plus de gaz naturel ne résout pas le problème du réchauffement climatique, puisque le gaz reste une énergie fossile qui augmente la part de gaz carbonique dans l’atmosphère, même si la combustion est plus maîtrisable, avec un meilleur rendement, et moins polluante.

Les Echos, encore, l’énoncent assez clairement : "les renouvelables et l’électricité représenteront au maximum 15 % des bénéfices des compagnies pétrolières européennes dans dix ans, ont calculé les analystes de Citi. Le pétrole et le gaz restent indispensables pour financer les investissements et verser les dividendes que les actionnaires réclament. « Pour les pétroliers, le maintien du dividende est devenu la condition sine qua non pour rester dans le portefeuille des investisseurs institutionnels », relève Denis Florin, associé fondateur de Lavoisier Conseil."

Donc le capitalisme continuera d’investir et d’exploiter les énergies fossiles meilleur marché ! Comment, dans ces conditions, croire que les multinationales qui nous ont conduit là où nous en sommes pour du profit à outrance (100 entreprises responsables de plus de 70 % des émissions mondiales de carbone) vont emprunter d’elles-mêmes le chemin de la rédemption verte ?

Ces mêmes entreprises qui, depuis 50 ans, nous mentent et nient la réalité ! Pire, qui payent de prétendus experts pour produire de faux rapports dans le but de semer le doute et la confusion dans l’esprit de la population et de discréditer les études scientifiques sérieuses ! (voir les Exxon papers, Monsanto papers et tobacco papers pour les plus célèbres) Et le projet de Total pour Grandpuits serait réellement écolo ? Tout ça alors qu’il est prouvé que cela fait 50 ans que l’industrie pétrolière connaît la réalité du réchauffement climatique...

Un projet dont le caractère "écologique" est une insulte au bon sens

Évidemment la question se pose : Total veut peut-être produire de l’énergie propre à Grandpuits. Les associations telles que Greenpeace et Les Amis de la Terre ont étudié le sujet et discrédité le pseudo biocarburant vanté par Total ainsi que l’escroquerie des bioplastiques. La République de Seine-et-Marne a regroupé leurs analyses sur le sujet : Le projet vert de Total est-il vraiment écolo ? Mais le simple bon sens devrait nous alerter sur les mensonges débités au kilomètre par Total !

Concernant les suppressions d’emplois, Total voudrait nous faire croire qu’une raffinerie de 400 salariés (la seule en IDF) pourrait être recyclée en site de production d’énergie verte en supprimant 200 emplois directs ? La région parisienne serait-elle en pleine décroissance ? Évidemment que non. Le projet de Total pour Grandpuits n’est absolument pas dimensionné pour remplacer l’apport actuel en énergie fossile de la raffinerie. Il faudrait créer des centaines d’emplois (et certainement pas en supprimer), pour alimenter l’Île-de-France en énergie renouvelable ! Ce n’est que le tout petit arbre présenté comme vert, destiné à masquer la forêt de pollution que l’entreprise continuera à déployer pour approvisionner la région en énergie.

Le PLIF : une infrastructure en passe d’être abandonnée pour le remplacer par le transport routier ?

Le PLIF (pour pipeline d’Ile-de-France), que l’inconséquence de Total a endommagé par une utilisation inappropriée (trop de différences de pression l’auraient endommagé d’après les raffineurs), coûterait trop cher à remettre en état (600 millions d’euros). Cet oléoduc de 268 km, entre Le Havre à l’Ouest et Grandpuits au Sud-Est, construit en 1967, permet de convoyer du pétrole brut ou du carburant raffiné dans les 2 sens et permet d’alimenter par le Sud, l’ensemble de l’Île-de-France. Et Total voudrait l’abandonner ?

Même en admettant que Total dise vrai sur le biocarburant et produise 400 000 tonnes par an, cela signifie que l’entreprise envisage une distribution par la route dans une zone où le trafic est déjà d’une densité insupportable pour le réseau et les riverains ! Et Total ose prétendre que c’est un projet écolo...

Le moindre bon sens écologique serait, bien sûr, de préserver et remettre en état une telle infrastructure existante, et impossible d’ailleurs à reconstruire avec un coût raisonnable dans une zone qui a subi une telle urbanisation en 50 ans ! Et même si le PLIF ne devait plus charrier de carburant, il reste une infrastructure d’un intérêt majeur pour transporter des liquides (voire des gaz avec des transformations ?) pour approvisionner cette région à forte densité humaine sans pollution notable. De ce point de vue, le simple fait de ne pas le remettre en état de fonctionner est une aberration écologique qui décrédibilise complètement la façade verte affichée par Total !

Des solutions qui n’en sont pas !

Si la partie photovoltaïque du projet (panneaux solaires) fait l’unanimité, toutes les autres facettes sont attaquables car ni écologiques, ni renouvelables sur le fond (les biocarburants et bioplastiques marquent dans ce sens l’offensive sémantique du verdissement capitaliste puisque rien de cela n’est bio...). Alors quelles sont les solutions ? Elles existent pourtant, la biomasse par exemple.
Dans cette région agricole, les sous-produits agricoles sont certainement nombreux et d’un accès facile (pulpe de betterave notamment, ou déchets animaux, déjections, sous-produits laitiers, tous les déchets organiques de l’est de la France sont envisageables), et tous sont exploitables. Il s’agit de la filière méthanisation, qui permet de récupérer le carbone de toutes les matières organiques, par le biais d’une digestion naturelle produisant du méthane, gaz combustible non fossile et qu’on peut injecter dans le réseau de gaz. Le gouvernement préfère subventionner l’agriculture intensive pour installer des méthaniseurs et exploiter le fumier des fermes industrielles dans des conditions dénoncées par plusieurs articles de Reporterre qui démontrent que c’est une mauvaise solution.

Un terminal de méthanisation géré par les ouvriers qualifiés que sont les raffineurs, qui n’auraient besoin que de quelques formations pour mettre en place un processus abouti et sans danger environnemental (compostage du digestat après l’étape de méthanisation), semble une bien meilleure solution. De plus, cette solution ne favoriserait pas l’agriculture et l’élevage industriels, déjà nocifs intrinsèquement, et financé avec de l’argent public.

Il convient de garder les compétences locales qui font partie de la richesse collective, et les ouvriers, comme les raffineurs, habitués à respecter les contraintes et protocoles d’un site SEVESO, auraient les qualifications nécessaires (à adapter bien sûr) à ce type de production, écartant ainsi les risques développés, à juste titre, par Reporterre. Une telle installation serait sûre écologiquement parlant et pourrait permettre une production de gaz non négligeable. Mais elle ne fait pas partie du projet Total, car elle implique de créer des filières d’approvisionnement et une présence humaine pour la gestion, l’entretien et l’exploitation en contradiction avec l’idéologie capitaliste puisque cela réduirait bien sûr les profits.

Une autre piste serait de faire de la raffinerie de Grandpuits un projet innovant et pilote en maintenant le raffinage (pour l’instant du moins), mais en optimisant la dépense énergétique avec une expérience de cogénération. La cogénération est la technique d’avenir pour optimiser à hauteur de 85% la production de chaleur de toutes les installations de production électrique notamment, pour l’instant, mais déclinable à toute production industrielle de chaleur.

C’est à dire que la production électrique nécessite de la chaleur dont la majeure partie se dissipe dans l’atmosphère en pure perte. La cogénération récupère une partie importante de cette énergie calorifique pour produire, le plus souvent, de l’eau chaude pour le chauffage urbain, mais également du froid par exemple. Sachant que le processus de raffinage nécessite de chauffer le pétrole brut à 400°C, on peut imaginer que Total pourrait très bien, si sa préoccupation était l’écologie, coupler un circuit de chauffage urbain pour les villes environnantes, ou même un circuit de climatisation.

Et de ces exemples, ce ne sont pas des emplois en moins, mais des emplois et compétences supplémentaires qui en résulteraient !

Notre avenir passe par le contrôle ouvrier

Toutes les leçons que nous pouvons tirer de cette situation locale, mais extrêmement révélatrice sur un plan général, sont nombreuses et déjà développées par les grévistes. En premier lieu, le fait que ce sont les travailleurs qui connaissent, maîtrisent et doivent diriger leurs moyens de production. En effet, l’expérience de la grève de Grandpuits est la leçon d’un embryonnaire contrôle ouvrier sur la production, puisque durant plus de 45 jours ce sont les grévistes qui décidaient des travaux au sein de l’usine et de ce qui en sortait ou non.

Concernant cette première expérience et au vu des revendications écologistes des travailleurs en lutte qui ont même été rejoints par les organisations écologistes, les conclusions que l’on peut tirer aujourd’hui, c’est que seuls les ouvriers sont capables de savoir pourquoi, comment et dans quelles conditions la transition écologique doit se passer. Et en conséquence, ne pas se laisser dicter les règles d’une pseudo-écologie au service des profits de Total.

Les infrastructures doivent appartenir au bien commun, comme le réseau de transport en commun qui se doit d’être gratuit pour toutes et tous et de passer sous contrôle ouvrier, mais également des installations industrielles comme les oléoducs et gazoducs qui, malgré qu’ils s’inscrivent dans le cadre d’une industrie qui restent profondément polluante, doivent de manière transitoire être nationalisée immédiatement sous contrôle des travailleurs, pour être entretenue et surveillé.

D’une manière générale, l’outil de production doit être placé sous le contrôle des travailleurs et ainsi, réorienté vers nos véritables besoins avec des procédures et des modes de production qui ne mettent plus l’avenir de nos enfants en péril !

Ce n’est qu’avec les travailleurs de ces grandes entreprises industrielles et polluantes d’aujourd’hui que cette transition est possible. En cela, la leçon que nous ont enseigné les Grandpuits c’est que l’écologie et les emplois sont deux revendications qui vont de pair puisqu’en effet, le nombre de postes créés, issus d’un besoin réel, ne seraient plus un frein.

L’expérience de Grandpuits nous permet de démontrer l’imposture du « virage écologique » que Total, l’une des plus grandes multinationales françaises cherche à nous faire avaler. La situation écologique actuelle doit nous amener à mettre en exergue systématiquement les destructions pour la plupart irréversibles que nous réserve le capitalisme. Notre survie dépend de notre capacité à sortir de ce système, à démystifier et à démanteler ces grosses industries polluantes pour leur substituer nos solutions durables pour répondre à nos besoins et pas aux leurs !


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