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Sous-traitance et précariat, la réalité du « modèle » allemand #2

« Celles qui nettoient cette université ’’sociale’’ sont ultra-précaires » : l’Université Alice Salomon de Berlin sous pression

Les conditions de travail du nettoyage à l’école supérieure Alice Salomon à Berlin sont catastrophiques. Une page de soutien et une pétition pour contraindre la direction de l’école à mettre fin à la sous-traitance ont été lancées.

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Cet article a été publié sur le site allemand Klasse gegen Klasse, membre du réseau international en sept langues La Izquierda Diario. La situation dans les établissements d’enseignement supérieur (et plus généralement dans le secteur du nettoyage) est semblable à la France : les services de maintenance et de nettoyage ont été externalisés, sous-traités. Les témoignages de Dora et Galyna sont le parfait reflet du fait que les attaques de la bourgeoisie, comme la sous-traitance, sont les mêmes d’un pays à l’autre. Notre réponse, ainsi que notre soutien à ces femmes précaires travailleuses qui osent relever la tête, comme ce fût le cas en France pour les travailleurs d’Onet, de Hyatt doit être à ce titre internationale.

Depuis le début de la semaine une interview avec deux travailleuses du nettoyage de l’école supérieure Alice Salomon à Berlin a fait beaucoup de bruit. Seulement quelques heures après la publication de l’interview, c’est devenu le sujet de discussion numéro 1 dans cette petite école : comment est-ce possible que dans une école avec une image « sociale » de telles conditions de travail existent ?

Des dizaines d’étudiants et de travailleurs de l’université se sont déjà réunis pour faire pression sur la direction de l’établissement, et faire changer la situation. En premier lieu, ils ont donc lancé une page de soutien sur Facebook et une pétition : « Pour de bonnes conditions de travail à l’école Alice Salomon ».

Dans cette pétition adressée à la direction de l’école, ils décrivent les conditions de travail dans le nettoyage :

« Les employées ont surtout des contrats courts de six mois. Ces contrats ne sont ensuite pas renouvelés. Le travail est à peine réalisable : des étages entiers doivent être nettoyés en seulement quatre heures. Concrètement, cela signifie qu’elles ont environ 7 minutes pour nettoyer une salle de cours, peu importe leur taille. Cette situation est à l’origine de problèmes de santé et de stress énorme pour les travailleuses et pose des problèmes quant à la qualité du travail. Et ce sont bien trop souvent les travailleuses qui en sont, à tort, rendues responsables, alors même que la cause est à chercher du côté de l’augmentation de la charge de travail par l’entreprise sous-traitante Peter Schneider. En plus, l’entreprise que vous chargez de mission essaye, chaque mois, de retenir du salaire aux employées. »

La pétition désigne clairement la revendication que l’école devrait s’imposer :

« Le nettoyage est pour nous, sans aucun doute, une des bases, sans lesquelles l’enseignement et la recherche ne peuvent pas fonctionner. C’est seulement parce que des femmes – majoritairement migrantes – assument quotidiennement ce travail du « care », que vous comme nous pouvons poursuivre notre travail ou nos études. Dans une école spécialisée dans le travail social, la santé, l’éducation et la formation, il devrait être naturel selon nous de ne pas invisibiliser ou de dévaluer le travail des employées du nettoyage mais au contraire, de s’assurer qu’elles travaillent dans de bonnes conditions et qu’elles soient considérées comme faisant partie intégrante de l’école. Ce n’est que de cette façon que l’école pourra se montrer digne de sa responsabilité sociale, qui exige aussi de s’opposer à de telles formes de travail précaire qui contribuent au maintien de structures sexistes et racistes. »

Les signataires de cette pétition demandent donc à la direction de l’école d’intervenir afin que :

  •  le nombre d’heures des contrats augmentent afin que le travail puisse être effectué,
  •  les facturations avec l’entreprise sous-traitante Peter Schneider, à laquelle vous faites appel, soient rendues publiques,
  •  partant de là, on puisse vérifier l’argent effectivement perçu par les employées,
  •  toutes celles qui nettoient actuellement l’école Alice Salomon, soient maintenues à l’avenir. Pour cela, au cas où les contrats sont déjà arrivés à leur terme, leurs contrats devra être reconduit mais à durée indéterminée.

    Pour finir, nous sommes convaincus que tous ces problèmes ne peuvent être résolus qu’en mettant fin à la sous-traitance et en embauchant, en tant que titulaires, avec des contrats à durée indéterminée les travailleuses du nettoyage qui travaillent aujourd’hui dans l’école.

    Notre revendication est la suivante : Mettez fin à la sous-traitance ! Réintégrez les travailleuses du nettoyage, comme personnels titulaires de l’université !

    Vous pouvez signer la pétition et liker la page Facebook de soutien.


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