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Droite décomplexée

Chambéry. Pressions et répression après la mort de Lakhdar Bey

Le 3 juillet dernier, Lakhdar Bey, 52 ans, décédait d’une crise cardiaque lors de l’expulsion de son logement. Les images de l’arrestation montrent les policiers le traîner inconscient malgré les avertissements de son épouse. Depuis ce drame qui engage la responsabilité de la mairie et de la police, la majorité LR accentue la répression et multiplie les coups de pression vis-à-vis des Chambériens qui osent protester.

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image : capture d’écran du JT de France 3 Auvergne Rhônes- Alpes 9 juillet 2019

L’annonce de la mort de Lakhdar Bey, le 3 juillet dernier, a désormais fait le tour des médias. Ce père de famille de 52 ans à la santé fragile est décédé pendant l’opération de police visant à expulser sa famille du logement qu’elle occupait dans le quartier de Bellevue, à Chambéry. Malgré la présence de quatre enfants, dont un nouveau né, et les avertissements de la femme de M. Bey, qui criait aux policiers que son mari avait des antécédents cardiaques, les images sont sans appel : on y voit les policiers tirer M. Bey, qui ne tient plus sur ses jambes, ayant déjà perdu conscience. Cette expulsion lui aura été fatale, et c’est donc un double drame que doivent désormais affronter sa femme et ses enfants.

Un rassemblement marqué par la répression

À l’appel de la Confédération Nationale du Logement, rejointe par différentes organisations politiques et associatives, un rassemblement a réuni 150 personnes lundi 8 juillet au soir devant la mairie. Une partie d’entre elles ont décidé d’occuper le Conseil Municipal pour se faire entendre. Les déclarations entendues en début de conseil ont été édifiantes : Michel Dantin, le maire LR de Chambéry, a tout simplement refusé de faire observer une symbolique minute de silence en mémoire de M. Bey, proposée par les militants du Droit Au Logement. La raison de ce refus ? Pour Michel Dantin, alors qu’un homme est mort entre les mains de la police, il n’y a rien à se reprocher ! Ce n’est pas la première fois que Dantin affiche une telle attitude : à la mort de Francine Portal, une employée municipale qui s’est suicidée en juin 2018 après la suppression de son poste suite à une réorganisation, le maire avait également refusé d’observer un moment de silence. C’est dire combien vaut la vie des employés et des administrés pour Dantin...

Mais Dantin ne s’est pas arrêté là : il a appelé la police pour déloger les occupants. Cette dernière s’est alors ruée à travers la porte d’entrée, bousculant tables et conseillers municipaux sur son passage. La Brigade Anti-Criminalité, équipée de chiens et aidée de la police municipale, a alors procédé à une évacuation particulièrement violente des occupants. La séance du conseil a été reportée à la semaine prochaine.

Plus tard dans la soirée, une participante à l’occupation a été arrêtée place Saint Léger, les policiers gazant abondamment les personnes présentes. La personne arrêtée a été placée en garde-à-vue pendant 24h. Il lui est, entre autres, reproché un délit d’ « entrave aux délibérations du conseil municipal », un outil de répression encore jamais mobilisé localement. A quelques mois de la campagne municipale, le maire et sa police franchissent donc un cap dans la répression, affichant un visage de droite de plus en plus décomplexé.

La majorité municipale prête à tous les coups de pression

Face à l’opposition qui s’organise, et en plus de la répression qui s’est déchaînée lundi soir, la majorité municipale multiplie les coups de pression vis-à-vis des militants politiques locaux.

Pendant le rassemblement déjà, un proche de Dantin avait glissé aux militants du NPA présents qu’il irait à son tour « foutre le bordel » à leur université d’été. Puis, sur les marches de la mairie, Dantin a crié un tonitruant « je vous emmerde » aux personnes encore présentes, illustrant ainsi son sens aigu de la répartie !

Depuis, le maire explique à qui veut l’entendre (et notamment au Dauphiné Libéré) que le véritable responsable du rassemblement est Laurent Ripart, ancien conseiller municipal et membre du NPA. Cette affirmation est non seulement largement erronée, mais relève en outre d’une politique de personnalisation du débat qui voudrait désigner à la vindicte publique une personne isolée. C’est d’ailleurs exactement ce qu’a fait Mustapha Hamadi, conseiller municipal LR de Chambéry : dans des posts publics sur Facebook, ce dernier a traité Laurent Ripart de « grosse merde » qui « fuit devant les flics comme une salope ».

voir ici son commentaire du 8 juillet à 20h02.

Ce commentaire a par la suite été liké par deux adjoints au maire.
Comme l’affirme le communiqué de presse du NPA73, « de tels propos sexistes et homophobes sont inacceptables de la part d’un élu qui s’est déjà illustré par les propos antisémites qu’il a tenu sur son compte facebook et montrent à quel point la droite extrême qui dirige Chambéry est de plus en plus proche, dans son expression comme dans ses pratiques, de l’extrême-droite ». Une plainte a d’ailleurs été déposée ce 10 juillet.

Estimant que la situation n’a fait qu’empirer depuis lundi 8 juillet, un appel est lancé à se rassembler à nouveau devant la mairie lundi prochain, le 15 juillet, à 18h.


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