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Chez Renault-Nissan les bénéfices explosent tandis que le nombre d’effectifs est en chute libre

L’année 2016 a été une année exceptionnelle pour le groupe Renault-Nissan. Les objectifs économiques ont été largement atteints voir dépassés, avec un chiffre d’affaires brut de 51,24 milliards d’euros et un résultat net de 3,5 milliards d’euros, la marge opérationnelle à atteint le seuil de 6,4%, dépassant les prévissions pour l’année 2016. Le résultat net est donc en progression de 19,4% par rapport à 2015, une aubaine pour les actionneurs. Du coté commercial les affaires ont le vent en poupe car le seuil de 3 millions de voitures vendues datant de 2006 a été dépassé avec 3,18 millions de voitures vendues autour du monde, une hausse de 13,3% notamment grâce au marché Européen et Sud-américain mais aussi grâce au succès des modèles bas de gamme Dacia. Cerise sur le gâteau : désormais le groupe Renault-Nissan dépasse son principal concourant à niveau national, le groupe PSA.

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Les sourires s’affichent chez les cadres et les actionnaires du groupe Renault-Nissan : les dividendes sont en hausse et le grand chef va pouvoir enfin lâcher du leste. Mais derrière ces annonces soit disant alléchantes pour les actionnaires et le groupe, se cache une politique désastreuse pour les travailleurs et les techniciens de l’entreprise. Ces dix dernières années, plusieurs plans se sont succédés pour rechercher la « rentabilité ». Malgré les suicides de plusieurs de ses employés dans le techno-centre Renault, le plan « Renault contrat 2009 » adopté à partir de 2006 par le PDG Carlos Ghosn a continué d’y être appliqué au détriment des alertes lancées par plusieurs syndicats. Ce plan est basé sur trois axes : la vente de 800000 voitures supplémentaires, notamment avec la production de 26 nouveaux modèles ; une réduction drastique des coûts de production et une optimisation de l’investissement ; devenir le constructeur généraliste européen le plus rentable. A la fin 2009, ce plan n’a pas atteint les objectifs. En effet le contexte de crise économique après 2008 n’a pas permis d’atteindre les objectifs fixés en croissance et rentabilité.

Le nouveau plan présenté en février 2010 s’appelle « Drive the change » (définitivement les bourgeoisies en font une fixette avec le mot changement). Ce nouveau plan est basé sur trois axes principaux : Le développement des voitures électriques ; le renouveau du design ; et le développement international avec la collaboration de ses partenaires (AutoVaz, Daimler, et désormais le japonais Mitsubishi). Un plan qui n’est rien de moins que la continuation des politiques de réduction de coûts par une offensive à l’encontre des travailleurs. La croissance en « ciseaux » est le résultat de l’application de ces plans successifs, d’une part les chiffres d’affaires du groupe grimpent en flèche et de l’autre les effectifs ne cessent de se réduire.

Réduction des effectifs et délocalisation de la production

Tandis que Renault-Nissan se vante de renouveler avec le « made in France  », l’envers du décors démontre que tout le contraire est en train de se réaliser. En effet, les effectifs de la marque du losange ne cessent de se réduire et la production de la marque est désormais centrée à l’extérieur de l’hexagone (histoire de réduire les coûts). Les chiffres parlent d’eux-mêmes. En dix ans Renault-Nissan est passé en France de 70600 employés à 35500. L’usine de Douai dans le nord est passé de 6000 travailleurs à 4600 actuellement, soit une perte de presque un tiers des effectifs. C’est autant pour l’usine de Cléon productrice de boites de transmission et moteurs qui actuellement compte 3400 employés alors que les effectifs atteignaient 5300. Le cas emblématique après Flins c’est l’usine de Sandouville, qui employait plus de 13000 ouvriers. En 2014 elle comptait 5300 et à l’heure actuelle elle emploie moins de 2200 salariés. Le site produit seulement 10% de ce qu’elle produisait il y a dix ans. En général les usines du groupe en France ne produisent plus que la moitié des voitures qu’elles produisaient il y a 10 ans.

Les nouveaux modèles emblématiques de l’entreprise sont désormais produits hors de la France, comme à Valladolid et à Palencia en Espagne. Les modèles Dacia sont assemblés pour le marché français en Roumanie ou au Maroc. Les modèles Clio sont fabriqués à 40% à l’usine de Flins mais le reste est construit en Turquie.

En 2013 Renault avait lancé un plan de réduction des effectifs sur la base du volontariat de 8260 employés en 2016, malgré les promesses d’embauches qui ne sont pas tenues par le groupe. c’est un total de 7200 personnes en plus qui perdront leur emplois à compte goutte. Le malheur des milliers des personnes fera la joie d’une poignée d’actionnaires.

Avec la complicité des bureaucraties syndicales

Le mardi 13 décembre 2016 des mois de négociation ont abouti chez Renault après que la direction et les syndicats aient trouvé un terrain d’entente. Ils ont conclu un accord triennal dit de « performance » qui implique l’engagement de l’entreprise à ne réaliser aucune fermeture de site en France et l’embauche de 3600 personnes en contrat durée indéterminé d’ici 2019. Mais si on se réfère au passé, il y a des fortes chances de voir le nombre d’embauches en CDI fortement diminuer. En échange les travailleurs devront accepter plus de flexibilité, l’injonction à travailler une heure de plus en fin d’équipe d’après midi si besoin, à raison de huit fois par mois par salarié.

L’accord fait suite à celui signé en 2013 et qui a contribué au redressement de Renault-Nissan sur trois ans. L’accord précédent s’est soldé par 9200 départs et 3000 embauches.

Vendredi 13 janvier l’accord « CAP 2020 » est signé par trois des quatre syndicats au sein de l’entreprise, CFDT, CFE-GCG et FO. La CGT s’est abstenue argumentant timidement que le nouvel accord va entrainer une baisse nette des effectifs car le nombre de départs naturels sera de 4600 et le nombre d’embauches si la direction tient parole sera de 3600.

L’entreprise compte atteindre à long terme les 90 voitures par ouvrier par an contre 64 aujourd’hui. Cela représente un gain de 40% de productivité. La robotisation des usines est indispensable mais annonce la perte d’un bon nombre d’ouvriers en production en échange des nouvelles embauches chez les techniciens/cadres.

En défense des intérêts des travailleurs

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Pour augmenter leur taux de plus-value, Renault-Nissan puise sur le capital variable en diminuant le nombre d’effectifs et en cherchant à l’étranger une force de travail plus rentable. L’ouverture des usines en Inde, Iran et Maroc est un exemple flagrant de la recherche des nouvelles frontières plus compétitives en profitant du manque de législation du travail et de tradition syndicale au sein des pays dits « émergents ». Mais les travailleurs français ne doivent pas être dupes par les discours protectionnistes qui font légion dans ce contexte des élections présidentielles. Les vrais ennemis des travailleurs français c’est leurs propres bourgeoisies nationales et pour y faire face l’union sous une bannière anticapitaliste et révolutionnaire est nécessaire. Ouverture des livres de compte, contrôle ouvrier de la production et répartition des heures de travail entre tous : des mots d’ordre d’une extrême actualité pour empêcher des réductions arbitraires des effectifs au sein des entreprises, avoir un aperçu du réel de l’état des comptes, mettre fin à la surexploitation des travailleurs, décider quoi produire et comment, en finir une fois pour toutes avec le chômage créé volontairement pour réduire les salaires des classes laborieuses.


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