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« Alerta Machista »

Chili. Manifestations et occupations d’universités : un mouvement féministe massif

Ce mercredi 6 juin, 100 000 femmes ont défilé dans les rues de Santiago, la capitale du pays. Depuis un mois, de nombreuses universités sont occupées autour de revendications féministes, accompagnées par des manifestations massives.

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En tête de file de ce nouveau mouvement féministe chilien, les étudiantes de plusieurs universités. La mobilisation a démarré le 17 avril dans le sud du pays, à l’université de Valdivia, où un enseignant accusé de harcèlement sexuel envers une employée a simplement été changé de poste, en bénéficiant de plus d’une importante prime de licenciement. Aussitôt, l’université a été occupée, et le mouvement s’est propagé. Aujourd’hui, ce sont une vingtaine d’universités qui ont connu des occupations, dont la très conservatrice Université catholique de Santiago.

Mais ce que certains qualifient de « nouvelle vague féministe » ne s’est pas arrêté aux universités : plusieurs manifestations massives ont eu lieu dans les rues de Santiago, à l’appel de confédérations étudiantes et du mouvement Ni Una Menos (« pas une femme de moins »), rassemblant jusqu’à 150 000 personnes le 16 mai.

Le Chili est un pays assez conservateur, notamment du fait de la forte influence de l’Église, avec laquelle la droite entretient des liens profonds. Selon des chiffres révélés par la présidence du pays, 31% des femmes chiliennes déclarent avoir été victimes de violences sexuelles au moins une fois au cours de leur vie. L’IVG n’y est autorisé que depuis 2014 et ce sous des conditions très restrictives. Le divorce quant à lui n’est légal que depuis 2004.

Sous le mot d’ordre « éducation non-sexiste », les étudiantes réclament l’adoption par toutes les facs d’un règlement pour punir les violences sexuelles, la formation des enseignants et étudiants aux problématiques de genre, l’autorisation pour les personnes transgenres d’utiliser leur prénom d’usage, ainsi que des mesures pour favoriser les carrières des enseignantes-chercheuses. Mais les revendications du mouvement féministe chilien vont au-delà des universités : il réclame un « changement culturel », des droits égaux pour les femmes et les hommes, et porte également des revendications contre la précarité et pour le droit à l’avortement.

Face à une mobilisation sans précédent, le gouvernement a été contraint de se positionner. Ainsi, Sebastian Piñera, président de droite, a annoncé un « Agenda de la femme » en 12 points, composé notamment de l’inscription dans la Constitution de l’égalité des droits et des devoirs entre les hommes et les femmes. Mais les femmes mobilisées ne sont pas dupes : ces mesures ne sont qu’une tentative d’étouffer le mouvement. Elles dénoncent un système réactionnaire et néolibéral qui exploite les femmes au travail et au foyer, les met face à de nombreuses violences et les précarise toujours plus. La manifestation du 6 juin à Santiago avait pour mot d’ordre « Nous sommes toutes victimes de la précarisation : étudiantes, migrantes, mères et travailleuses dans la rue ! ».

Ce que tente de faire le gouvernement chilien, prétendre prendre en charge les revendications des femmes, n’est qu’un moyen pour canaliser ce mouvement massif en le récupérant. Le gouvernement chilien craint le mouvement des femmes, qui porte en lui la capacité de gagner par la lutte certains acquis ; mais surtout de remettre en question l’alliance du capitalisme et du patriarcat, qui par leurs relais étatiques et religieux maintiennent les femmes dans une position subalterne, justifiant les violences à leur égard ainsi que leur surexploitation.


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