Des chiffres différents selon Pôle Emploi et l’INSEE
Un premier paradoxe saute aux yeux lorsque l’on compare les chiffres du chômage publiés par l’INSEE par rapport à ceux de Pôle Emploi. Dans le premier cas, le chômage recule de 0,1 point pour atteindre 10 % de la population active en 2015, soit environ 2,86 millions de personnes. En revanche, les chiffres de Pôle Emploi sont plus alarmant, avec une augmentation de 2,6 % et un total de 3,5 millions de demandeurs d’emplois sur la même année.
Cette différence s’explique par le mode de recensement de chacun des deux organismes. L’INSEE base ses résultats sur un sondage trimestriel auprès de 110 000 personnes, selon la définition du BIT, seules données internationalement reconnues. Selon le site de l’INSEE, un chômeur est donc une personne en âge de travaillerqui répond à 3 critères : être sans emploi, être disponible pour prendre un emploi dans les 15 jours et avoir cherché activement un emploi dans le mois précédent ou en avoir trouvé un qui commence dans moins de trois mois.
Pôle Emploi, quant à lui, base ses chiffres sur ses propres listes de demandeurs d’emplois, c’est à dire « Toute personne à la recherche d’un emploi, résidant sur le territoire national et ayant accès au marché du travail peut s’inscrire auprès de Pôle emploi si elle respecte les conditions de l’inscription, déclare sa domiciliation et fournit un des justificatifs d’identité exigé (les ressortissants étrangers relevant du régime général doivent en outre détenir un titre de séjour et de travail permettant une inscription). »
Un chômeur au sens du BIT n’est donc pas forcément inscrit sur les listes de Pôle Emploi. Il faut noter que l’inverse est également vrai. Dans la suite de cet article, nous traiterons exclusivement des chiffres publiés par l’INSEE.
Les ouvriers, moins diplômés et les jeunes particulièrement touchés
D’après les derniers chiffres de l’INSEE — le détail selon les catégories sociaux-professionnelles s’arrêtent à l’année 2014 — les ouvriers non-qualifiés et qualifiés sont très largement les plus touchés par le chômage, avec des taux de 19,5 % et 11,4 %. Suivent ensuite les employés avec 10,1 %. Toujours sur les chiffres de 2014, les personnes n’ayant aucun diplôme, un CEP ou un brevet des collèges sont touchées à 16,2 % par le chômage et pour les détenteurs d’un baccalauréat, un CAP ou un BEP, le taux de chômage atteint 10,3 %. Des chiffres qui sont en augmentation constante par rapport aux années antérieures.
Mais les chiffres concernant les tranches d’âge, qui sont eux de 2015, sont encore plus alarmants. En effet, chez les 15-24 ans, le taux de chômage n’a pas évolué, stagnant à 24 %. La durée du chômage s’étend, de manière générale, sur plus d’un an en moyenne, et près de la moitié des chômeurs viennent de terminer un emploi à durée limitée.
Un imbroglio qui démontrent qu’à travers le flou qui règne, et malgré une baisse officielle du taux de chômage — bien que cette annonce est à prendre avec des pincettes, la marge d’erreur étant de 0,3 points — la situation objective tend plutôt à un enracinement de la précarité et une montée du chômage en terme d’effectif brut, notamment par l’allongement de la durée d’inactivité et la multiplication des emploi intérim et CDD. De plus, 2,83 millions de personnes étaient au chômage en 2014… contre 2,86 millions aujourd’hui. Myriam El Khomria beau déclaré que les chiffres sont encourageants, l’enfumage ne tient pas dès que l’on passe outre l’effet d’annonce, et que l’on plonge un peu plus dans les chiffres.
