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Vraies pépètes pour le patronat

Chômage. Les faux "bons chiffres" de Macron sur l’emploi

On l’a entendu sur tous les plateaux télé : les chiffres de l’emploi sont bons. Les meilleurs depuis 2007, paraît-il. Vraiment ? Pas pour les 3,5 millions de chômeurs et de chômeuses déclarés, en tout cas. Mais pas que…

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Avec des ministres qui ne sont pas capables de faire une soustraction, il faut toujours être méfiant. Les chiffres publiés par la DARES, en début de semaine, donnaient une baisse de 69.000 demandeurs pour la catégorie A pour le quatrième trimestre 2019, pour un total de 3,5 millions de chômeurs catégorie A sur la « France entière », à savoir l’Hexagone et ses colonies, hors Mayotte. Le chiffre le plus « bas », si l’on ose dire, depuis 2007. Et aussitôt Bruno Le Maire, ministre de l’Economie, de se féliciter et de dire qu’il s’agit du « taux de chômage qui va être un des plus faibles des 15 dernières années ». Il gagne trois ans au passage, mais peu importe. L’essentiel est dans l’effet d’annonce et le chiffre rond. « 15 ans ». Et le ministre de poursuivre, toujours sur le ton de l’autocongratulation : « Moi, j’en tire une conclusion simple : la politique économique que nous menons depuis près de 3 ans donne des résultats ». La pensée de Le Maire, en effet, est « simple ».

Derrière, les chiffres sont un peu plus complexes. Sur 120.000 de chômeurs de moins sur l’année 2019, dans la catégorie A, à savoir celles et ceux qui ont cherché un emploi et n’ont pas du tout travaillé au cours du mois écoulé, seuls 63% ont repris une activité attestée par Pôle Emploi ou sont sortis des listings à la suite d’une reprise d’emploi. Pour les autres, il s’agit de « sortants » en raison d’un arrêt maladie, d’un congé maternité ou de la retraite, de radiations, de stages ou, tout simplement, de déménagement, défaut de validité de la carte de séjour ou de décès.

Pour celles et ceux qui ont la chance de retrouver un « véritable » emploi, par ailleurs, et qui ne soit pas un stage, dans la majorité il s’agit d’activités en CDD ou temps partiel imposé, et, en tout état de cause, de contrats moins bien payés et moins qualifiés que l’emploi précédent. Et pour les séniors, c’est toujours autant mission impossible : la moitié des plus de 55 ans en âge de travailler sont, aujourd’hui, en cessation d’activité ou au chômage. Et avec ça, Macron et Philippe qui veulent fixer l’âge de départ à 65 ans…

Ce qui augmente, par ailleurs, c’est le chômage de longue durée. Après deux ans de chômage, la possibilité de retrouver un emploi est de plus en plus mince. C’est ce qui explique que la moyenne de l’ancienneté au chômage est passée de 620 jours, en 2018, à 641, en 2019. En faire un motif de fierté serait trop gros, pour Bruno Le Maire. Ce chiffre n’a donc pas fait la une de la grande presse, Les Echos, toujours prompts à cirer les pompes de l’Elysée, allant même jusqu’à parler de « bilan encourageant ».

A moins que le journal patronal ne se réfère exclusivement aux allégements de charges patronales auxquelles ont conduit la fin du « Crédit Impôts Compétitivité Emploi », mis en place par les socialistes, et qui avoisine les 40 milliards pour l’année 2019. Avec ces 40 milliards, la DARES estime que ce sont 30.000 emplois qui ont été créés. Financés rubis sur l’ongle par Emmanuel Macron, « le président des patrons ». Pas étonnant, avec cela, que Gilets jaunes, grévistes et jeunes en colère contre la réforme des retraites et la réforme Blanquer souhaitent « aller le chercher [chez lui] ».


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