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Sélection sociale

Clôture des vœux sur Parcoursup : la machine à sélectionner de Macron est en marche !

Avant ce mercredi 3 avril à 23h59, l'ensemble des lycéens devront avoir fini leur dossier Parcoursup, une source de stress pour la majorité d’entre eux, vu le grand nombre d’absence de réponses et d’attentes interminables que la plateforme avait généré l'année dernière.

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La loi ORE instaurée il y a un an incluait le remplacement de la plateforme APB (Admissions Post Bac) par Parcoursup, qui devait soi-disant supprimer les tares du tirages au sort, et faciliter et favoriser la réussite des étudiants. En réalité, Parcoursup a fortement accru une sélection sociale déjà existante dans l’enseignement supérieur, fermant la porte des universités à ceux qui sont issus des filières les moins « prestigieuses » ou des lycées les plus populaires.

A titre d’exemple, l’année dernière, l’absence de réponses positives aux candidatures des lycéens dans les filières technologiques et professionnelles connaissaient un taux de 61%, supérieur à la moyenne. L’algorithme qui trie les étudiants est opaque et donne la possibilité à chaque formation de décider des attendues et critères pour sélectionner les candidats : les résultats, le lycée de provenance, le taux de réussite au bac du lycée de provenance, le fait que le lycéen ait redoublé ou pas, ou encore bien d’autres critères discriminants qui sont passés sous silence.

Cette sélection se fait également via le format même de la plateforme, où l’on demande une lettre de motivation présentant un projet professionnel cohérent, un bulletin exemplaire… Pour des filières qui ne sont même pas sensées être sélectives. La nouveauté cette année, c’est les frais accompagnant certains vœux, et pouvant s’élever jusqu’à 200 euros, qui servent au traitement administratif des dossiers et ne garantissent en rien une place dans l’établissement !

Cette année, la solution du gouvernement au problème du temps d’attente des réponses a été de raccourcir le temps imparti aux lycéens pour accepter ou non une formation. Les listes d’attentes sans fin mettent les étudiants dans des positions stressantes car ils sont dans l’impossibilité de prévoir un logement, un job étudiant, ou même de se projeter dans leur avenir. Cette année les délais de réponses des candidats sont considérablement réduits, ils disposeront de 5 jours pour répondre aux propositions qui leur seront faites – du 15 au 19 mai – puis de seulement 3 jours à partir du 20 mai. Les dossiers sont actualisés tous les matins et la dernière phase se termine le 19 juillet alors qu’elle se terminait fin août l’année dernière. Les candidats disposeront de moins de temps pour penser leur réponses.

Cette disposition crée des situations dramatiques. Par exemple, Lucie, lycéenne marseillaise nous raconte : « J’avais demandé une formation à Paris, ou j’avais été acceptée. Le problème c’est que j’avais pas eu de réponse concernant mon logement, j’avais fait une demande dans une cité universitaire. Comme j’avais que 3 jours pour faire mon choix et qu’il n’était pas envisageable pour moi d’accepter sans être sure d’avoir un logement, j’ai du renoncer à cette formation. » Beaucoup de bacheliers, comme Lucie, se sont ainsi retrouvées dans des formations par défaut ou pire, voire sans formation du tout.

L’été dernier, à la suite des résultats de Parcoursup, c’était 180 000 jeunes qui ne savaient toujours pas dans quelle filière et dans quelle ville ils allaient étudier – ni même s’ils allaient pouvoir s’inscrire quelque part, et ce alors que les cours commençaient quelques semaines plus tard. C’est une énorme source de stress pour les lycéens qui, en plus du choix de leur filière, se retrouvent confrontés à une plateforme qui ne leur garantit aucune place dans l’enseignement supérieur.

Alors que le nombre d’étudiants à augmenté de 20% depuis 2008 et que le budget alloués à l’enseignement supérieur n’augmente pas, Parcoursup est la « solution » du gouvernement, qui cherche à pallier le manque de moyens à l’université en fermant ses portes aux classes populaires et en la rendant plus sélective, plus adaptée aux besoins du patronat.

En effet, Parcoursup tout comme la hausse des frais d’inscriptions pour les étudiants étrangers hors-UE, qui a vocation à être généralisés à l’ensemble des étudiants, dessinent les contours d’une université à deux vitesses qui laisse sur le banc de touche les jeunes issus des classes populaires et non-ressortissants de l’Union européenne.


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