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Assurance chômage

Comment Macron compte dézinguer la « Sécu »

A voir les commentaires hostiles que reçoit le programme « social » d’Emmanuel Macron dans la presse, on pourrait presque croire qu’effectivement celui-ci n’est ni de droite, ni de gauche, tant il ne ravit personne. Tandis que les Echos et le Figaro hurle à la gabegie fiscale, la Tribune s’attache à montrer en quoi la mesure de Macron revient à transformer le système de l’assurance chômage, mise en place par le Conseil National de la Résistance en 1944, en minima social, certes plus largement accessible, mais au montant beaucoup plus faible.

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Protéger les uberisés ?

 
Pour convaincre du bienfondé de sa mesure, Emmanuel Macron dont l’enfumage est le modus operandi, a souhaité mettre l’accent sur l’extension du versement de prestations chômage aux indépendants, aux auto-entrepreneurs, à cette flopée de travailleurs ubérisés, dont la situation des plus précaires a été consciemment organisée. Les revenus de ces « petits patrons » sont variables, dépendent de leur activité et le plus souvent du bon vouloir des entreprises-clients qui sont les véritables donneuses d’ordre et se servent de cette soupape d’indépendants comme d’une variable d’ajustement du travail. Pour eux, la maladie et l’absence d’activité signifie l’absence de revenu. D’où l’idée, à priori bonne et qui pourrait séduire à gauche les moins regardants, d’étendre la protection sociale et l’assurance chômage à ces travailleurs.

Sauf que…. Face à « ceux qui bossent », ceux qui « galèrent », Emmanuel Macron opposent les « privilégiés », ces travailleurs salariés qui rentrent dans le système d’assurance. Et plutôt que de faire une simple extension du système à ces travailleurs indépendants, il compte bien profiter de cet argument pour refonder entièrement le système, revoir l’assurance collective mise en place en 1945 à la sortie de la Seconde Guerre Mondiale, et bien entendu, la revoir à la baisse.

D’une assurance collective à un minima social

 
L’assurance chômage repose sur un principe de cotisation. Aujourd’hui, il faut avoir cotisé en tant que salarié au moins deux ans pour pouvoir toucher 80% du revenu antérieur pendant deux ans pour les moins de cinquante ans, trois ans pour les plus de cinquante ans. Macron veut repousser cet âge à 58 ans pour pouvoir toucher pendant trois ans le chômage.

Macron souhaite convertir ce système d’assurance en un « droit universel » qui donnerait donc la possibilité aux indépendants, mais également aux démissionnaires (une fois tous les cinq ans) de profiter des allocations chômage. Mais cette allocation chômage « universelle » ne serait plus conditionnée au salaire perçu antérieurement, ne correspondra plus aux 80% du salaire antérieur (une allocation chômage moyenne aujourd’hui est autour de 1000 euros par mois) mais sera elle aussi « universelle », entendez avec un montant unique très certainement en deçà d’un chômage moyen. Macron dessine les nouveaux contours de la protection sociale française qu’il modèle à l’anglo-saxonne, avec certes un revenu accessible à tous, mais également « universellement » bas.

De plus, ces sont les organismes paritaires – syndicats et organisations patronales – qui sont en charge de la gestion des organismes de sécurité sociale et consultées lors des négociations sur l’assurance chômage. Macron souhaite transférer leur gestion à l’Etat qui aura alors les mains libres pour décider des évolutions du système de protection et donc du niveau de rémunération donné à cette nouvelle « allocation universelle ».

D’un financement par les entreprises à un financement par les salariés et les retraités

 
Autre point particulièrement dangereux de cette mesure : la question de son financement. Emmanuel Macron propose de supprimer les cotisations sociales salariales (prélevées sur le salaire brut) et de compenser ce financement par une hausse de la CSG, la Contribution Sociale Généralisée, un impôt qui est prélevé sur les revenus. Autrement dit, il s’agit d’alléger pour les entreprises le cout du travail et d’alourdir la fiscalité des ménages. La fiscalisation de la protection sociale implique que celle-ci va être prise en charge par les travailleurs eux-mêmes et non plus par les entreprises qui au travers des cotisations sociales payaient une partie différée des salaires.

En prétendant protéger les travailleurs ubérisés et précarisé qu’il a lui-même créé et encouragé, Macron ne fait autre chose que chercher à réduire la part des richesses qui vont aux travailleurs et à augmenter celle qui va au patronat en allégeant purement et simplement le « coût du travail », nos salaires, pour le plus grand plaisir des capitalistes.


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