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Le secteur jeune du NPA à l’offensive après les attentats

Comprendre et agir : deux mots d’ordre pour nos facs

Le 13/11 dernier, une vague d’effroi s’abattait sur Paris. Nos bars, nos terrasses, nos salles de concert, nos quartiers, nos amis, nos connaissances, nous-mêmes. D’une manière ou d’une autre, nous étions tous touchés. Leurs guerres, mais nos morts. Sur nos facs, l’ambiance était lourde. Les fouilles et contrôles de sacs étaient revenus, les minutes de silences et discours de présidences d’université relayaient les mots du gouvernement. Les coups de massues dans les médias, les morts et les blessés qui augmentaient sans cesse, les appels à rester chez soi, les menaces d’attaque à l’arme chimique. Et les réponses toutes faites par les dirigeants nationaux, l’injonction de filer droit derrière le gouvernement, d'accepter l’état d’urgence et la militarisation de nos lieux de vie soit-disant pour notre sécurité, et surtout, un « nous sommes en guerre » qui sonnait étrangement faux. Mais quel espace pour discuter, pour se forger sa propre opinion, pour aller au-delà des apparences et de ce que laissent entrevoir le gouvernement et ses médias, faire entendre une autre réponse ? Pour les militants du secteur jeune du NPA, l’enjeu était là. Comprendre, expliquer, apporter des réponses, réagir. C’est ce qui a été fait avec succès dans plusieurs de nos facs, à Grenoble, à Lyon, à Paris 1, à Paris 8, à Nanterre… Les bases pour avancer dans une situation difficile.

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Comprendre…


1er enjeu : comprendre. Comprendre ce qui amène à une telle boucherie organisée, s’abattant sur nos bars, nos salles de concert, nos stades. Comprendre ce qui a créé le monstre qu’est Daech, qui tue, qui pille, qui viole, qui massacre. Comprendre pourquoi un tel chaos au Moyen-Orient. Comprendre les rivalités entre bourgeoisies locales et les interventions des puissances occidentales qui jouent avec ces tensions pour asseoir leurs propres intérêts. Comprendre que « nous sommes en guerre » impérialiste depuis des années. Comprendre la guerre en Irak du début des années 2000, la destruction profonde du régime de Saddam Hussein, ses dizaines de fonctionnaires et membres de l’armée laissés sans emploi. Comprendre les 250 000 morts et les millions de déportés et réfugiés après 4 ans de guerre en Syrie. Comprendre les défaites des révolutions arabes et la montée des courants religieux comme nouvelle forme de pouvoir. Comprendre l’intérêt de certains, l’Arabie Saoudite, le Qatar, la Turquie, à financer ou laisser-faire Daech. Comprendre aussi l’oppression raciste, islamophobe qui accable les personnes racisées en Europe. Comprendre la pauvreté, le chômage, les contrôles au faciès. Comprendre que c’est la misère, au Moyen-orient comme ici, qui fait le terreau de l’État Islamique.

Et comprendre ainsi que la guerre ne fera qu’empirer les choses.

Mais comprendre également l’union nationale comme un bâillon sur toute forme de contestation. Comprendre l’état d’urgence comme une permission de tout faire aux gouvernements et ses soldats. Comprendre les enjeux de pouvoir d’un Hollande en perte de vitesse, préoccupé par les régionales mais aussi les présidentielles qui approchent. Comprendre les enjeux économiques et politiques d’une France qui doit faire passer toujours plus de réformes pour se mettre au niveau de ses concurrents européens. Comprendre la trêve sociale à l’unilatérale. Comprendre que l’interdiction des manifestations ne signifie pas l’arrêt des plans de licenciements, la casse de nos droits ou encore la destruction de notre planète. Comprendre les perquisitions multiples qui attaquent des personnes sans-papiers, celles qui ne sont « pas assez françaises », ou encore des militants politiques. Comprendre que la déchéance de nationalité, que la fermeture des frontières, que les prêches en français, sont autant de manières d’assimiler « étrangers » et « musulmans » à terroristes. Comprendre que la peur n’a pour vocation que de nous faire rester chez nous en haïssant un ennemi construit de toute pièce. Comprendre que le racisme ne permet que de cacher les vrais responsables. Comprendre que le tricolore est d’abord rouge sang.

Et comprendre ainsi que la guerre, l’union nationale, l’état d’urgence, le racisme ne feront qu’alimenter Daech et permettre à la bourgeoisie française, au visage Hollande-Valls, de nous exploiter toujours davantage.

et agir.

Une question centrale : que faire ? Car le pouvoir de décider de la guerre ou de la paix nous a été confisqué depuis toujours. Et l’on veut nous faire croire que celui de contester est en train de l’être également. Car nos frères et nos sœurs, nos camarades, sont perquisitionnés, assignés à résidence, expulsés. Car nos statuts Facebook sont supprimés, nos adresses IP fichées. Car nous, manifestants, sommes identifiés par vidéo après même être rentrés chez nous. Car certains ont peur, parfois autant des terroristes que des mitraillettes qui nous effleurent à la gare. Car on voudrait nous faire croire qu’il ne peut y avoir que deux voies : avec la France (derrière ses dirigeants) ou du côté des terroristes.

Pourtant, nous étions 500 rassemblés dimanche 22/11 dernier à la Bastille, pour revendiquer notre solidarité aux migrants en même temps que refuser cet état d’urgence liberticide. 100 personnes également à Marseille. Ce jeudi 26/11 au soir, 400 personnes encore.

Dimanche prochain, 29/11, étaient prévues de longue date des manifestations pour dénoncer la mascarade qu’est la COP21, ce rendez-vous des plus grands pollueurs du monde, pour discuter de la sauvegarde du climat. Bien sûr, Hollande n’aurait pas pu trouver plus belle excuse que l’état d’urgence pour supprimer la grosse épine que représentait ce rendez-vous international des militants écologistes, et qui lui chatouillait le pied depuis des mois. Mais interdit ou non, nous serons nombreux à descendre dans les rues dénoncer ceux qui détruisent notre environnement, mais aussi refuser cet état d’urgence liberticide. C’est en tout cas ce qu’ont signifié 32 personnalités intellectuelles dans une tribune parue le 24/11 dans Libération intitulée« Bravons l’état d’urgence, manifestons le 29 novembre ».

Nous avons été nombreux à nous réunir ainsi pour discuter et apporter des réponses ensemble, et ces premières discussions peuvent jeter les bases de réponses plus grandes du mouvement étudiant. Car nos facs ne peuvent être le relais des réponses sanglantes et répressives du gouvernement. Nous ne pouvons accepter que nos enseignements servent à justifier les guerres aux Moyen-Orient, les lois liberticides, que nos réunions soient menacées d’être interdites comme l’état d’urgence le permet, que les entrées soient restreintes pour ceux qui n’ont pas la bonne carte, la bonne tête. Il nous faudra refuser les fausses réponses apportées par Hollande. Car nous ne sommes pas dupes, nous ne voulons et ne ferons pas une guerre pour les intérêts de nos exploitants, nous ne marcherons pas au pas derrière ceux qui nous gouvernent d’une main de fer, nous ne céderons pas aux intimidations des « forces de l’ordre » policier, et nous ne cracherons pas sur celui qui n’est pas assez blanc ou celle qui est trop voilée pour cette France discriminante.


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