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Cap sur 2017

Conférence du « Plan B » ? Mélenchon lance sa campagne présidentielle

A Paris, ce dimanche, la conférence du « Plan B » s’est clôturée sur un discours de Jean-Luc Mélenchon digne d’un lancement de candidature pour 2017. Si deux lignes politiques sont apparues au cours du week-end, avec, d’un côté, la « gauche du Plan B » et, de l’autre, les plus européistes qui ont trouvé un nouveau rebond avec le possible accord de gouvernement PSOE-Podemos, de l’autre côté des Pyrénées, Mélenchon, adepte, lui aussi, de la synthèse, essaye de tenir les deux bouts. Son objectif, en effet, n’est pas de trancher le débat, mais bien de faire de cette première rencontre du « Plan B » son premier meeting d’investiture pour les présidentielles.

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Damien Bernard

Les politiques « austéritaires » du gouvernement : la faute à l’euro, à la BCE et aux marchés financiers

Dans un discours des plus solennels, Jean-Luc Mélenchon a commencé par la question de la « crise » migrants. Sans pour autant s’engager sur un seul élément de programme, il a fustigé l’impasse de la politique européenne, prenant exemple du petit Aylan, fuyant la guerre et mort en Méditerranée aux portes de l’Europe, tout en dénonçant les amalgames entre réfugiés et violeurs après les agressions sexuelles de Cologne. Bien évidemment, la liberté de circulation et d’installation pour tous les migrants n’était pas au programme.

Mélenchon a ensuite abordé la question de la crise écologique. Heureux que la COP21 se soit tenue, le président du Parti de gauche n’a pas fustigé la mascarade d’une conférence qui a réuni les plus puissants pays pollueurs de ce monde, qui n’ont pour seul objectif que de maintenir les profits de leurs multinationales respectives. Le seul problème aurait été des résultats bien en dessous des expectatives, la faute à la financiarisation de la question.

C’est ensuite la déroute économique du continent que le leader du Parti de gauche a mis en cause, la faute aux profits de la finance et à ces traités à l’instar du TAFTA, « incompatible avec n’importe quel type d’activité humaine raisonnable ». Les marchés financiers et les organes de direction de l’Union européenne seraient mus par « l’ordo-libéralisme » de l’Allemagne et de la BCE. Au lieu d’injecter « des fonds publics pour faire redémarrer l’économie du vieux continent », l’argent nourrirait une « énorme bulle financière » et maintiendrait le « désordre ». C’est le néolibéralisme et la finance promue par l’Union européenne et les marchés financiers qui sont mis en cause par Mélenchon, bien plus que les gouvernements respectifs, qui sont pourtant les premiers acteurs du désastre du chômage de masse, avec leurs politiques pro-patronales.

A l’échelle nationale, ce serait la suppression des communes et des départements, ainsi que la fusion des régions, qui réduiraient les « échelons de la démocratie ». Pour Mélenchon, la « commune », c’est la « structure de base et de la citoyenneté en Europe ». Pourtant, la soi-disant démocratie exercée dans ces communes, avant leur « démantèlement », n’avait aucunement remis en cause les politiques austéritaires dans les dépenses publiques. La « structure de base », pour reprendre Mélenchon, peut être le relais, en dernière instance, des politiques de coupes budgétaires des gouvernements successifs de gauche comme de droite.

Mélenchon ne tranchera pas, il y aura bien plusieurs « Plans B »

En ce qui concerne la monnaie unique, Mélenchon a insisté sur le fait que « l’euro n’est pas égal à l’Europe » puisqu’au sein de l’UE, « neuf pays n’ont pas l’euro ». « L’euro est un bout de la chaîne » qu’il faut briser, dans la mesure où le leader du Parti de gauche veut « tout démolir » avec la marchandisation poussée à l’extrême allant jusqu’au « droit à polluer ». Il y aura, pour Mélenchon, « plusieurs Plans B ». En fonction de l’importance du pays, le rapport de force ne sera pas le même et le « Plan B » pourrait être plus ou moins « audacieux ». Avec cette tirade sur la sortie de la zone euro, c’est bien la « gauche du Plan B » qu’il a brossée dans le sens du poil.

Dans la foulée, Mélenchon a donné un coup de barre dans le sens des « européistes » en citant les exemples « progressistes » de la gauche de la gauche au Portugal et dans l’Etat espagnol, le Bloc de Gauche ayant conclu un accord gouvernemental « anti-austérité » avec le Parti socialiste portugais. Quant à l’État espagnol, Podemos a lui évoqué l’idée d’un « gouvernement anti-austérité » derrière le Parti socialiste. Au désespoir de Frédéric Lordon, ce sont évidemment « plusieurs Plans B » que Mélenchon a mis en avant, pour être ouvert au plus grand nombre sans « a priori politique ». Son Plan B serait ainsi même ouvert aux « membres du PS », la seule condition étant de s’inscrire dans la « rupture avec les actuels traités » de l’UE.

Un premier meeting de campagne pour Mélenchon

Le mouvement du « Plan B » ne doit être approprié par personne, a souligné Mélenchon. En l’absence de Yanis Varoufakis, qui a décliné l’invitation au dernier moment, c’est Zoé Konstantopoúlou qui a émergé en tant que personnalité lors de ce meeting du « Plan B ». Ancienne membre de Syriza, puis de l’Unité populaire, l’ancienne présidente du Parlement hellénique est aujourd’hui sans parti et s’apprête à devenir l’une des porte-paroles de cette initiative politique. Une façon pour Mélenchon de commencer à prendre de la distance. Lui-même a ajouté qu’il n’aurait que peu de temps à consacrer du fait de sa campagne présidentielle.

En effet, en marge des débats entre l’aile gauche et droite du Plan B, pour Mélenchon cela se joue sur un autre plan. N’en déplaise à Frédéric Lordon, il ne s’agit pas de trancher les débats, mais bien de rassembler et d’être à l’initiative de ces multiples « Plans B » à l’échelle européenne. Pour Mélenchon, à l’image de Podemos, qui avec ses « 20% » a émis l’idée d’une possible alliance avec la « caste », l’objectif est de commencer à « créer le rapport de force » à l’échelle nationale, pour imposer au PS et à Hollande un « gouvernement anti-austérité » à la française.

Pour Mélenchon et le Parti de gauche profondément en crise, l’enjeu est de s’imposer comme candidat incontournable de la gauche de la gauche. Il faut pour cela s’imposer par les faits comme le seul candidat « naturel » face à un PCF (et d’autres…) enclin à des primaires (y compris avec le PS) pour désigner le futur candidat. Pour cela, mieux vaut être œcuménique, accepter toutes les déclinaisons possibles de « Plan B », tant que cela se fait derrière sa candidature.


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