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Confinement autoritaire, manifs interdites... pas de "privation de libertés" dans la crise sanitaire ?

Alors que le gouvernement vient de reculer sur sa volonté d’instaurer un « État d’urgence sanitaire » suite au tollé provoqué, Macron continue de nier le caractère liberticide des mesures appliquées depuis le début de la crise du Covid-19. Entre un confinement répressif et une rentrée sous le signe du « métro-boulot-dodo » privant tout le pays de sa liberté de circulation depuis le mois de mars, le président défend qu’il n’y aurait eu aucune « privation de libertés » pour la population…

Youri Merad

23 décembre 2020

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Alors que le gouvernement vient de reculer temporairement sur son projet de loi intégrant de nouveaux dispositifs d’exception pour gérer « l’urgence sanitaire » suite au tollé provoqué par le projet liberticide, Macron, dans un entretien accordé à L’Express, continue de nier le caractère liberticide des mesures appliquées depuis le début de la crise du Covid-19. Entre un confinement répressif et une rentrée sous le signe du « métro-boulot-dodo » privant tout le pays de sa liberté de circulation au profit des entreprises ouvertes, choyées par la logique pro-patronale du gouvernement, le président défend qu’il n’y aurait eu aucune « privation de libertés » pour la population. Au contraire, il explique que nous aurions tous « librement et collectivement consenti à réduire certaines de nos capacités à faire et à interagir » face à l’épidémie.

Des déclarations qui cadrent mal avec la réalité d’un confinement made in MEDEF imposé par deux fois pour compenser le refus du gouvernement de mettre en place des mesures à même de limiter les contaminations, par le déploiement de moyens adaptés dans les services publics, les écoles, les universités et la contrainte des entreprises à instaurer des mesures sanitaires à la hauteur.

Un confinement pro-patronal et répressif qui s’est dès lors moins appuyé sur le « consentement » que sur un dispositif policier déployé partout dans l’espace public depuis le mois de mars pour contrôler les attestations et réprimer. Une liberté de circuler conditionnée par une attestation papier obligatoire qui est une exclusivité française avec la Grèce et l’Italie. Rien que durant le premier confinement, c’est ainsi plus d’un million d’amendes qui avaient été distribuées lors de contrôles d’attestations pour le motif de « non-nécessité » relevant de l’appréciation des forces de l’ordre, souvent utilisé abusivement.

Des verbalisations encore plus fréquentes depuis l’obligation du port du masque, mais qui n’ont effectivement pas touchées uniformément l’ensemble de la population. À l’image des quartiers populaires, l’ensemble de la Seine-Saint-Denis avait fait l’objet de 3 fois plus de contraventions que la moyenne nationale, avec des contrôles qui ont menés dans ces quartiers à de nombreuses interpellations violentes. Pire, ce sont 12 personnes qui seraient mortes pendant le confinement en lien avec des contrôles de police ou dans des circonstances troubles., dont 5 uniquement sur une semaine en avril.

Une répression si importante qu’Amnesty International expliquait fin juin que le confinement avait servi en France « de prétexte au recours illégal à la force ». « Nous avons authentifié quinze vidéos qui témoignent d’un usage de la force illégal de certains membres des forces de l’ordre pendant le confinement. Insultes racistes ou homophobes, usage illégitime de la force, car ne répondant pas aux critères de nécessité ou proportionnalité : toutes ces vidéos illustrent des cas flagrants de violations du droit international relatif aux droits humains. » notait à l’époque l’ONG sur son site.

Mais la liberté de circuler, sans risquer d’être victime de violences ou de devoir payer une amende de 135€, n’est pas la seule liberté à avoir été largement bafouée par le gouvernement tout au long de cette crise. Dès le mois de mars au sortir de la mobilisation contre la réforme des retraites, l’épidémie avait été utilisée comme prétexte pour interdire les rassemblements de plus de 1 000 personnes, sauf ceux « utiles à la nation ». Une mesure qui avait permis à Lallement d’interdire les rassemblements suite au meurtre de George Floyd, et qui avait été prolongée par Castex pour la rentrée scolaire. Cette privation du droit de manifester s’est aussi révélée être un moyen de faire taire et verbaliser les soignants qui revendiquaient plus de moyens et dénonçaient la gestion sanitaire du gouvernement à l’arrivée de la deuxième vague en novembre. 

Peut-être que la liberté d’expression, le droit de manifester et la liberté de circulation ne sont pas des droits auxquels le gouvernement est particulièrement attaché, au point que le Président ne les a pas vu disparaître, mais le fait est qu’ils ont été largement attaqués par la gestion autoritaire de cette crise et appuyés par une répression policière inédite. Il semblerait d’ailleurs que Darmanin n’ait pas prévu de faire dans l’ « indulgence » et promette un renforcement de cette répression pendant les fêtes.


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