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Double peine

Continuité pédagogique : les profs-stagiaires en bavent

Depuis le confinement, les enseignants du secondaire et du supérieur sont sommés d'assurer la désormais fameuse « continuité pédagogique ». Et pour les profs-stagiaires, qui sont au carrefour des deux, c'est la double peine.

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Je suis professeur-stagiaire en lettres modernes. Cela signifie que mon temps de travail est partagé entre un mi-temps d’enseignement dans un lycée, et un mi-temps en tant qu’étudiante à l’INSPE (Institut National Supérieur du Professorat et de l’Education)

Côté lycée, j’enseigne auprès d’une classe de seconde et une de BTS. Depuis le début du confinement, je dois donc assurer la continuité pédagogique de mes deux classes. Ce qui signifie que je dois travailler plus que de coutume : entre l’ENT (Espace Numérique de Travail) qui ne fonctionne pas correctement, Pronote (logiciel interne aux établissements scolaires qui permet aux professeurs de diffuser aux élèves et à leur famille les cours et le travail à faire) qui est lent et la boîte mail professionnelle vite saturée, c’est vite compliqué.

En tant que professeur, la continuité pédagogique est très prenante. Il faut se connecter régulièrement, relancer les élèves décrocheurs (on nous demande même d’en appeler certains…), ramasser et corriger les travaux et donc faire un retour aux élèves afin qu’ils sachent où ils en sont. Cela prend plusieurs heures par jour. Pour ma part, je vis à deux dans un 30 m², ce qui n’est absolument pas propice à cette continuité car je ne peux pas faire de cours en vocal voire en visio avec mes élèves, afin de ne pas déranger mon conjoint ni être « parasitée » par les bruits ambiants. Durant cette continuité pédagogique, nous sommes toujours les interlocuteurs privilégiés de nos élèves qui nous envoient des messages afin d’être rassurés quant à leurs notes, leur fin d’année, leur orientation.

A côté de tout cela, nous devons également communiquer avec les collègues de notre équipe pédagogique afin de « dénoncer » les décrocheurs, faire le point, se concerter sur les devoirs donnés afin de ne pas surcharger les élèves qui sont en situation de stress.

Etant professeur-stagiaire, je dois également suivre des cours à l’INSPE (Institut National Supérieur du Professorat et de l’Education). Certains de nos professeurs-formateurs ont un peu allégé leur programme, mais d’autres non. Nous avons récemment reçu un Power-point de 38 pages d’un de nos formateurs à lire, accompagné d’activités à faire - activités optionnelles mais qui peuvent ajouter un stress supplémentaire.
Nous avons récemment reçu un mail de la direction afin de recenser les outils informatiques dont nous disposons (connexion internet et ordinateur), dans l’objectif de mettre en place des partiels à distance sur des matières qui sont en outre peu pertinentes pour notre cursus.
Enfin, il y a le mémoire de fin d’année, que nous devons toujours rendre. En Master MEEF, le mémoire repose en grande partie sur un protocole de recherche réalisé en classe avec nos élèves. Un grand nombre de collègues n’a pas pu le faire, et ne pourra certainement pas le faire. La réalication de l’état de l’art (revue de littérature sur notre sujet) peut également renforcer les inégalités car nous n’avons pas tous ni les mêmes accès à internet, ni le même matériel informatique : les bibliothèques universitaires étant fermées, il est compliqué d’avoir accès à toutes les ressources. Mes collègues et moi-même avons fait une pétition, qui a tourné sur l’antenne de l’INSPE de Chambéry et celle de Grenoble. Nous avons récolté plus de 130 signatures. Un mail a été envoyé à la direction de l’INSPE avec la pétition, mail qui est resté sans réponse.

Tout ceci ajouté engendre un maximum de stress en cette période déjà angoissante.
Cela joue sur le moral, car j’ai peur de ne pas terminer mon mémoire, peur que mes élèves soient perdus.
Le temps passé devant les écrans est énorme (5h à 6h par jour pour ma part). L’INSPE n’a pas l’air de comprendre que nous ne sommes pas en vacances et que nous travaillons plus qu’en temps normal.

C’est pourquoi beaucoup de professeurs-stagiaires et moi-même demandons l’annulation du mémoire, et surtout des partiels des UE des disciplines du “tronc commun” (disciplines que tous les élèves en Master MEEF doivent passer) afin de pouvoir entièrement nous consacrer à nos élèves qui sont les premières victimes de cette continuité pédagogique !


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