×

Salaires

Contre l’inflation et pour une vie digne : pourquoi les féministes et les militant.e.s LGBTI doivent soutenir les grèves en cours ?

Alors que le gouvernement et le patronat veulent faire payer la crise aux classes populaires, les femmes et les personnes LGBTI sont d’autant plus impactées par l’inflation, la crise énergétique et la précarité croissante. La grève qu’ont engagée les raffineurs et que rejoignent d’autres secteurs comme les cheminots dès lundi, doit être soutenue par tou·te·s celles et ceux qui veulent se battre contre l’inflation et pour une vie digne.

Camille Lupo


et Du Pain et des Roses

14 octobre 2022

Facebook Twitter

Cortège de Du Pain et des Roses le 8 mars 2020. Crédits photo : O Phil des Contrastes

Les raffineurs de Total et ExxonMobil sont entrés en grève il y a plusieurs semaines contre des multinationales dont les profits exorbitants se chiffrent en milliards et qui refusent de laisser la moindre miette à leurs salarié·es demandant des revalorisations de salaires face à l’inflation. Dès les premiers jours, elle s’est annoncée comme une grève éminemment politique et elle a dépassé les confins de ces deux entreprises pour devenir le symbole de tou·te·s celles et ceux qui veulent lutter contre la vie chère, comme le montrent les cheminots qui rejoignent la bataille. C’est dans ce sens qu’une journée de grève interprofessionnelle a été appelée par les principales organisations syndicales CGT, FO, FSU et Solidaires, et que l’appel à la grève s’est propagé dans plusieurs secteurs, dans la fonction publique comme dans le privé, à la SNCF et à la RATP ou dans l’éducation nationale, par exemple.

Un symbole dans la lutte contre la vie chère et la crise énergétique

Dès le début de l’année, Macron annonçait le ton : celui de la « fin de l’abondance ». S’en sont suivies une série de postures très dures vis à vis des salarié·es de la part du gouvernement et du patronat, refusant toute augmentation de salaire supérieure ou égale à l’inflation, malgré les nombreuses luttes sur ce terrain, chez Leroy Merlin, IKEA, sous-traitants aéronautiques ou encore Roissy Charles de Gaulle avant l’été… Le tout sur un fond de crise énergétique et d’inflation qui impacte d’autant plus fort les plus précaires, dont font partie les femmes et les personnes LGBTI.

Cependant, les grands groupes pétroliers continuent à enchaîner les semestres records en termes de bénéfices : 18,8 milliards de bénéfices pour le premier semestre chez Total, et 17,9 milliards de dollars pour le second trimestre chez Exxon. Ces entreprises, qui détruisent au quotidien l’environnement aux quatre coins de la planète, et dont les priorités économiques dictent la politique impérialiste des États comme la France ou les États Unis, prospèrent quand les travailleur·euses et les classes populaires ont du mal à payer leurs factures d’énergie.

Une attaque contre ces deux géants boursiers concerne tou·te·s celles et ceux qui sont touché·es par des baisses de revenus réels à cause de l’inflation et par la crise énergétique. C’est d’ailleurs pour cette raison que leur lutte a ouvert une brèche importante dans la situation, avec l’annonce de la date du 18 octobre comme journée de grève interprofessionnelle et des secteurs qui pourraient s’en servir de point d’appui pour partir en grève reconductible, à l’image des cheminots. Dans ce sens, une défaite pour les patrons de Total et ExxonMobil sonnerait comme une défaite pour tout le patronat français.

Solidarité face aux attaques du gouvernement

Depuis des années, et plus encore depuis la crise Covid, des secteurs particulièrement féminisés comme les travailleurs.es de la santé ou les personnels de l’éducation s’insurgent contre le point d’indice qui, jusqu’alors gelé, a été revalorisé en dessous du niveau de l’inflation. L’ensemble des salaires sont à peine au-dessus du Smic pour tout un ensemble de personnels de l’éducation et de la santé. Ce à quoi s’ajoute des primes ponctuelles qui ne permettent pas de résoudre durablement le problème des salaires. C’est pourquoi la grève des raffineurs, qui a ouvert une crise pour le gouvernement et le patronat, est l’occasion pour ces secteurs plus en difficulté pour frapper aussi fort et rapidement l’économie, de rejoindre le mouvement et d’exiger des augmentations de salaires de 400 euros pour toutes et tous, et l’indexation des salaires sur l’inflation.

Par ailleurs, les femmes et les personnes LGBTI sont sur-représentées dans les emplois précaires, à temps partiel… Voir pour certain·es, notamment des personnes trans, exclu·es du marché du travail à cause de discriminations. Pour entrainer ces secteurs de la population et pour l’unité de notre classe, il est urgent de revendiquer une augmentation des salaires mais aussi des pensions et des minimas sociaux de 400€ pour toutes et tous, indexés également sur l’inflation.

Nous savons que nous n’avons rien à attendre d’un gouvernement qui cherche uniquement à faire payer la crise aux plus précaires. Quand le gouvernement décide de réquisitionner les grévistes d’ExxonMobil pour tenter de briser la grève, nous savons que derrière les grands discours, ce n’est pas l’intérêt des travailleur·euses et des classes populaires qu’il essaie de sauvegarder, mais bien celui des patrons du CAC40.

La grève des raffineurs est une réponse explosive à la crise que le gouvernement et le patronat essayent de faire payer aux classes populaires. Face à l’offensive de Macron contre l’assurance chômage et les retraites, ainsi qu’aux attaques de l’inflation contre nos salaires, il est indispensable que nous nous tournions vers les grèves en cours, qui sont le fer de lance de la lutte de classes.

Cela implique non seulement de se solidariser avec les grèves existantes comme la pétrochimie, en diffusant les caisses de grève, en popularisant leur combat et leurs revendications, en envoyant du soutien depuis nos entreprises et lieux d’études, mais aussi d’en faire un point d’appui pour généraliser la grève. C’est comme cela que nous pouvons construire un plan de bataille capable d’entrainer l’ensemble des travailleurs.es des différents secteurs, pour arracher des augmentations de salaires, des minimas sociaux et leur indexation sur l’inflation, mais aussi pour passer à Macron l’envie de s’en prendre à l’assurance-chômage et aux retraites.


Facebook Twitter
Bordeaux Montaigne : la mobilisation proche de la victoire sur la gestion des VSS après 7 mois ?

Bordeaux Montaigne : la mobilisation proche de la victoire sur la gestion des VSS après 7 mois ?

Education sexuelle à l'école : le nouveau terrain de jeu de l'extrême-droite

Education sexuelle à l’école : le nouveau terrain de jeu de l’extrême-droite


MeToo Hôpital. Des travailleuses de la santé dénoncent les violences sexistes et sexuelles au travail

MeToo Hôpital. Des travailleuses de la santé dénoncent les violences sexistes et sexuelles au travail

« Chicken for KFC » : Israël et ses soutiens veulent opposer les femmes et les LGBT aux Palestiniens

« Chicken for KFC » : Israël et ses soutiens veulent opposer les femmes et les LGBT aux Palestiniens


Tribune. Les soutiens d'un État génocidaire n'ont pas leur place dans nos luttes féministes !

Tribune. Les soutiens d’un État génocidaire n’ont pas leur place dans nos luttes féministes !

Acharnement : l'État porte plainte contre une lycéenne qui avait dénoncé une agression islamophobe

Acharnement : l’État porte plainte contre une lycéenne qui avait dénoncé une agression islamophobe

Affection de longue durée : l'offensive du gouvernement menace les personnes trans et séropositives

Affection de longue durée : l’offensive du gouvernement menace les personnes trans et séropositives

Une victime de VSS et le syndicaliste qui la défend réprimés par la SNCF : 200 personnes réunies en soutien

Une victime de VSS et le syndicaliste qui la défend réprimés par la SNCF : 200 personnes réunies en soutien