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Rien à attendre des États !

Contre la loi anti-LGBT de Orbán, la riposte s’organise dans la rue, pas dans les salons de l’UE

Face à une loi homophobe et transphobe votée par le gouvernement d’Orbán, les Etats européens se sont livrés à un exercice hypocrite en s’affirmant comme les défenseurs des droits des personnes LGBTI+. Alors qu’ils restent les principaux artisans des violences homophobes et transphobes et de l’exploitation capitaliste, il n’y a rien à attendre des États dans la lutte contre les oppressions. La riposte s’organise dans la rue comme l’ont montré les récentes mobilisations.

Seb Nanzhel

28 juin 2021

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Le gouvernement Hongrois de Orbán a adopté le 15 juin une loi homophobe et transphobe, entrainant une réaction outrée hypocrite des différents États européens, mais également des soutiens de la part des secteurs politiques les plus réactionnaires, notamment du côté du RN. Devant entrer en application le 1er juillet, cette loi prévoyant à la base des dispositions de lutte contre la pédophilie a été amendée de manière à rendre inaccessibles aux mineurs tous les « contenus qui montrent ou encouragent la sexualité en elle-même, le changement de genre ou l’homosexualité » d’après Le Monde. En plus d’associer homosexualité et transidentité, et pédophilie et pornographie, cette loi s’inscrit dans la lignée de la politique de répression des personnes LGBTI+ du gouvernement d’Orbán, après la fin de la reconnaissance légale du changement de sexe à l’état civil et l’interdiction de l’adoption pour les couples homoparentaux.

La loi permet d’interdire d’exposer les mineurs à des contenus tels que des œuvres de fictions présentant des personnages homosexuels ou trans, des drapeaux multicolores ou encore des expressions d’amour entre personnes du même sexe dans les espaces publics. Elle a donc pour effet direct d’imposer aux personnes homosexuelles de vivre cachées et de réprimer leurs luttes.

Contre cette discrimination, plusieurs milliers de personnes ont protesté dans la rue, notamment à Budapest.

Plusieurs États membres de l’UE ont affiché leur indignation de façade contre cette loi à travers des lettres et des déclarations, avec par exemple un texte signé par 14 États membres dénonçant une atteinte à « l’inclusion, la dignité humaine et l’égalité, des valeurs fondamentales de notre Union ». Macron a également sorti les violons en évoquant « le respect de la dignité de chacun, et donc la lutte contre les discriminations. »

Le traitement inhumain réservé aux migrants par l’UE montre la conception singulière de la « dignité humaine » déployée ici et l’hypocrisie de ces arguments. De plus, les États sont les premiers artisans des violences faites aux personnes LGBTI+, comme le montre par exemple l’emprisonnement de femmes transgenres dans des prisons d’hommes en France, l’interpellation par la police de Sasha, cofondatrice du média trans-féministe XY média, lors de la Pride de Paris du samedi 26 juin, alors qu’elle tentait de retirer les pancartes réactionnaires et transphobe d’un groupe de TERFs, ou encore la complaisance du gouvernement avec la Manif pour tous et la répression des contre-manifs s’y opposant. ainsi que le manque flagrant de moyens accordés aux associations d’accueil des personnes LGBTI+.

Leur indignation apparaît donc comme une vaste opération de pinkwashing inoffensive pour la politique de Orbán. Une posture qui permet aux différents gouvernements de faire valoir leur soi-disant progressisme. Cette position a déjà pu être constatée lors de la mise en place de « zones sans idéologie LGBT » en Pologne avec une indignation des États membres et le vote sans impact au parlement européen d’un texte demandant au gouvernement polonais de supprimer ces zones.

Les acquis des personnes LGBTI+ sont le fruit des luttes. Alors que les États tentent de s’afficher comme des modèles de progressisme, il est nécessaire de réaffirmer qu’il n’y a rien à attendre d’eux. L’oppression des personnes LGBTI+, articulée avec l’exploitation capitaliste et le racisme, se combattent dans la rue, comme l’a montré la marche antiraciste et anticapitaliste du 20 juin, rassemblant plusieurs milliers de personnes LGBTI+ et racisées, ou encore la Pride du 26 juin, clairement positionnée contre le climat réactionnaire et sécuritaire actuel. Face à l’hypocrisie des gouvernements, affirmons notre soutien aux personnes LGBTI+ de Hongrie et du monde entier, en affirmant que nos fiertés sont internationales !


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