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Grève dans l’Éducation

Contre le virus Blanquer, le 13 janvier, tou.te.s en grève et dans la rue !

« On ne fait pas grève contre un virus »… la dernière sortie du ministre de l’Education nationale, à deux jours de la grève annoncée pour le 13 janvier, remet de l’huile sur le feu d’une rentrée scolaire qui a tourné au chaos sanitaire. Alors que les enseignants, soutenus par les parents d’élèves, refusent de continuer à faire tourner l’école dans les conditions imposées par le gouvernement l'ensemble des directions syndicales ont été poussées à appeller à la grève ce jeudi. A nous de nous saisir de cette journée pour créer la mobilisation la plus large possible, que ce soit dans la rue, mais aussi en organisant nos AGs en lien avec les autres secteurs mobilisés. Construisons ensemble un plan de bataille qui nous permettent d’imposer une alternative aux plans du gouvernement, car, pour nous, le virus, c’est Blanquer !

Tristane Chalaise


et Hélène Angelou

12 janvier 2022

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Une rentrée chaotique sous le sceau du variant Omicron

Cette semaine de rentrée a été marquée par un niveau de crise inédit dans l’Éducation avec des niveaux de contamination records. Quatre jours après la rentrée, au 6 janvier, plus de 9000 classes étaient fermées, 47 000 élèves et près de 6000 personnels malades du Covid-19. Une situation catastrophique amenée à s’empirer devant la contagiosité d’Omicron et surtout en l’absence de protocole sanitaire à la hauteur.

Après deux ans de crise sanitaire, aucun moyen supplémentaire n’a en effet été alloué pour équiper les établissements scolaires de capteurs de CO2 et de purificateurs d’air, ni même doter les personnels de masques FFP2. Au contraire, « malgré la dégradation de la situation sanitaire, le ministre a régulièrement allégé le protocole sanitaire, exposant sciemment les personnels, élèves et familles au virus : retrait des masques dans certains départements, dégradation des conditions menant à la fermeture de classe, diminution des règles d’isolement… La vague actuelle signe l’échec d’une prévention insuffisante », dénonçaient 2700 acteurs de l’Education dans une tribune tirant le bilan du quinquennat Macron et Blanquer. Et la crise sanitaire révèle de manière brutale les conséquences des politiques d’austérité de destruction des services publics, et de précarisation croissante des travailleuses et travailleurs, pour lesquels se combinent manque de moyens et de personnels, rendant notamment bien plus difficile de mettre en œuvre une stratégie sanitaire à même de préserver la santé dans les écoles.

Pire encore, le tout nouveau protocole du ministre Blanquer, publié la veille de la rentrée par voie de presse, consistait en un allègement du protocole sanitaire. Une mesure visant à maintenir « quoiqu’il en coute » l’école ouverte, et à faire reposer sur les parents d’élèves la charge de tester leurs enfants cas-contacts... vite devenue ingérable non seulement pour les parents d’élèves, mais aussi pour les pharmacies, dépassées par la demande de tests alors que les contaminations se multiplient.

Et cette politique de « l’école ouverte », loin de répondre à des préoccupations pédagogiques, constitue un volet central de la stratégie du gouvernement visant à maintenir l’économie à tout prix, en ouvrant la voie à la circulation du virus à tout va. A ce titre l’école se doit de rester « ouverte » - quand bien même les classes sont parfois largement vides - pour permettre aux parents d’aller travailler et joue ainsi à plein son rôle de garderie du Medef. Cette situation catastrophique à l’école constitue ainsi un facteur d’accélération de la crise sanitaire et de la propagation du variant Omicron.

Une colère générale à la base, des phénomènes de mobilisation spontanée

Face à un tel niveau de crise, des phénomènes de mobilisations spontanées ont eu lieu depuis la rentrée, notamment en Île-de-France, dans le 93 principalement à l’image du collège Delaune ou du lycée Blanqui, fers de lance du mouvement, et où des assemblées générales inter-établissements se sont tenues, mais aussi dans le 95 et le 77.

Blocages des établissements par les parents d’élèves, droits de retrait et grèves locales : ces mobilisations multiformes ont été marquées par l’alliance entre parents d’élèves et travailleurs de l’éducation, cristallisée dans des revendications offensives du point de vue sanitaire et exigeant l’investissement massif de moyens dans l’Éducation.

Une mobilisation locale offensive qui pousse à une mobilisation plus générale et à converger notamment avec les soignants et travailleurs du social, en grève ce mardi 11 janvier. L’intersyndicale du 93 et du 95 (à l’exception de la FSU), ou encore la CGT Education Toulouse, ont appelée en ce sens à la grève et à des actions dès le 11 janvier.

Cette jonction est d’autant plus importante que le gouvernement cherche à mettre sous le tapis la situation dans les hôpitaux, se refusant à tout moyens supplémentaires malgré la crise sanitaire aigüe, avec une importante saturation des lits. L’hôpital public et l’Education nationale ont en commun d’avoir été en première ligne face aux politiques néo-libérales qui ont démantelé toujours plus le service public.

Un appel à la grève d’une ampleur inédite pour le 13 janvier

Face à la colère généralisée et à cette situation chaotique, l’ensemble des syndicats enseignants appellent les personnels de l’Éducation à la grève ce jeudi 13 janvier. Une convergence jusque-là inédite sous le ministère Blanquer, résultat de la forte pression qui s’exerce sur les directions syndicales dans le secteur de l’Education, où les personnels sont à bout. Et la crise est telle les syndicats des inspecteurs et chefs d’établissement se sont finalement joint à la mobilisation. Des secteurs qu’on n’a pas forcément l’habitude de voir se mobiliser, dans la mesure où ils se contentent habituellement d’être la courroie de transmission des politiques gouvernementales.

« Depuis de très nombreuses années, nous n’avons pas vu un ensemble aussi compact et unitaire de syndicats, à la fois du premier, du second degré, mais aussi de l’encadrement. C’est tout à fait exceptionnel. », insistait Claude Lelièvre, historien de l’Éducation, et accessoirement militant indéfectible du PS, parti qui a privatisé davantage sous Jospin que sous Sarkozy, auprès de Libération.
La mobilisation reçoit par ailleurs le soutien des parents d’élèves par le biais de leur principale fédération, la FCPE, qui appelle à une journée blanche et à ne pas envoyer les enfants à l’école le 13 janvier, voire à prolonger la mobilisation sur le 14 janvier. La politique désastreuse de Blanquer pendant – et avant – la crise sanitaire réussit ainsi le tour de force de faire converger personnels et usagers de l’école dans un même rejet de la politique du gouvernement.

En effet, la crise sanitaire montre de manière plus brutale encore que nous ne pouvons avoir aucune illusion dans ce gouvernement et ce système pour protéger notre santé. Seules nos luttes et l’auto-organisation des travailleurs, à l’image de celles qui ont eu lieu dès la rentrée, et qui ont ouvert la voie à une massification du mouvement, sont à même d’exercer une pression suffisante pour imposer par le rapport de force un véritable protocole sanitaire et un véritable programme pour l’éducation.

Pour cela, il est nécessaire que nous ne nous contentions pas d’une journée de grève, mais que s’organisent et se multiplient, dans les jours qui viennent, les Assemblées Générales à toutes les échelles, depuis nos établissements jusqu’à faire le lien avec les autres secteurs mobilisés, comme celui de la santé et du social, en grève le 11 janvier. Cette journée de grève est en effet un point d’appui crucial pour que nous puissions obtenir un protocole sanitaire à la hauteur, mais elle ne suffira pas. Il est nécessaire que nous nous donnions les moyens pour décider, dans nos établissements, en lien avec nos élèves et leurs familles, des mesures à la hauteur de la crise sanitaire.

Plus généralement, et alors que le chaos dans l’éducation nationale pourrait ouvrir une dynamique à la crise politique – comme en témoigne l’allocution surprise de Castex au 20h lundi soir ¬– il est indispensable que les directions syndicales, celles de l’Education nationale notamment, proposent un plan de bataille pour opposer face au gouvernement une riposte générale. En effet, en cette rentrée, l’école s’avère être le talon d’Achille de Macron et de son gouvernement, qui cherchent à maintenir en "état de marche" coute que coute sa garde du MEDEF, tout en accentuant son offensive autoritaire contre les "non-vaccinées", devenus les boucs-émissaires de la crise.

C’est dans ce contexte que les directions syndicales qui, jusqu’alors sont largement passives au regard de la crise sanitaire en cours, se doivent d’opposer un plan de bataille qui cherche à converger avec l’ensemble des secteurs mobilisés, en soutien aux soignants à la première ligne, mais aussi en soutien aux AED qui sont appelés à se mobiliser le 20 janvier, avant que n’arrive la journée de grève interprofessionnel du 27 janvier. Contre toute tendance à s’enfermer dans une lutte corporatiste, nous avons tout à gagner à construire la jonction avec d’autres secteurs du monde du travail.

Plus largement, nos revendications doivent aller au-delà de la simple gestion de la crise. Nous devons exiger que l’école, ainsi que tous les services publics, ne soient plus sacrifiés au bénéfice des profits des capitalistes. Pour l’école, comme pour tous les services publics, nous devons par exemple lutter pour l’attribution de moyens massifs, avec l’embauche de personnels sous un véritable statut, et des augmentations de salaire pour tous les métiers de la « première ligne », aujourd’hui précarisés, dévalorisés, alors que ce sont eux qui font véritablement tourner la société. A nous de faire payer au gouvernement sa politique criminelle, pour refuser que nos vies passent après leurs profits !


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