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Covid-19. Le gouvernement mise tout sur le vaccin : une stratégie risquée et aventurière

Course au vaccin, concurrence entre laboratoires, accélération des phases des différentes recherches et annonce précipitée de l’efficacité des vaccins... Les laboratoires font des pieds et des mains pour sortir leur vaccin, et surtout pour les juteux profits qui vont avec. Et pour cause, ils deviennent la pierre angulaire de la stratégie des différents États pour en finir avec la coûteuse mise sous cloche de l'économie. A tel point que Macron n'a qu'une stratégie en tête : après les masques et les tests, désormais le vaccin...

Lucia Nedme

1er décembre 2020

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Crédits : AFP - JOEL SAGET

Depuis le début de la pandémie du Coronavirus, nombreux sont les laboratoires et chercheurs qui se sont penchés à temps plein sur la recherche du vaccin. Une recherche vite convertie en une course entre les différentes puissances. En ce sens, près de 200 projets de vaccin contre le Covid-19 sont en cours, dispersant les efforts de recherches au service du profit de quelques grandes multinationales qui ont annoncé récemment l’efficacité de leur vaccins.

Si une soi-disant collaboration européenne a vu le jour, la course s’est néanmoins terminée dans le « chacun pour soi ». Les essais cliniques sont différents dans chaque pays. Ainsi, l’Allemagne avait fait le pari de l’entreprise BioNTech, et le Danemark a mené un projet avec les Pays Bas et le Royaume-Uni sur l’Université d’Oxford. Ainsi l’essai européen Discovery est laissé à l’écart. D’autre part, les Etats-Unis privilégient ainsi leurs propres recherches avec Pfizer et des Startups comme Moderna Therapeutics. Puis la Chine avec 4 laboratoires dont Sinavac et Casino avec en parallèle une levée des obstacles bureaucratiques.

Après ces multiples annonces, les gouvernements ont mis le vaccin au cœur de leur stratégie sanitaire pour éviter une troisième vague. Cette édification du vaccin en « sauveur » a plusieurs intérêts. Premièrement, elle vise aussi à redonner « confiance en l’avenir » mais surtout faire oublier tous les morts et les malades qui auraient pu être pour partie évités si des stratégies sanitaires à la hauteur avaient vu le jour. Ensuite, elle vise à donner une stratégie « clé en main » pour éviter la troisième vague, s’évitant ainsi de mettre en œuvre une stratégie sanitaire sérieuse de dépistage préventif.

Plus encore, la mise en place de la stratégie de vaccination se fait encore une fois quelque peu confinée dans le Conseil de Défense de Macron. Un débat qui se refuse à tout voile démocratique même léger, présentant les risques et les limites inhérentes à une telle stratégie. Pourtant, de nombreux médecins évoquent leurs préoccupations quant à l’avenir de ce vaccin qui reste incertain.

Avec le vaccin : la pandémie serait-elle vraiment derrière nous ?

Il y a deux semaines, on a vu les annonces tomber une à une sur les vaccins qui terminent la phase 3 et ont efficacité pour l’instant très prometteuse. Des annonces de vaccins se suivent, à différents degrés d’efficacité, notamment le vaccin russe, Spoutnik V qui affiche une efficacité de 91,4% sur 39 malades ; Moderna avec 94,5 % d’efficacité et Pfitzer et BioNTech avec 95 % sur ses 170 malades. A l’heure actuelle, on compte déjà 11 vaccins avec des caractéristiques différentes qui ont atteint la phase 3, la dernière phase avant de pouvoir les mettre sur le marché. Une phase qui permet normalement de les tester à une plus grande échelle, confirmer leur efficacité et détecter d’éventuels effets secondaires.

Une grande nouvelle pour les gouvernements dans le monde, comme pour la France où Macron a déjà annoncé, lors de son allocution la semaine dernière, que le vaccin sera accessible en décembre 2020 – janvier 2021 avant « une seconde génération de vaccin au printemps ». Il assure qu’elle concernera en premier lieu « les personnes les plus fragiles, les plus âgées ». Mais elle ne sera pas obligatoire, cherchant ainsi à déminer la défiance qui sévit face au gouvernement après le tout répressif. Il ne faut pas non plus se leurrer car le gouvernement compte bien user de tous les artifices pour « une campagne de vaccination rapide et massive ».

Ainsi, le gouvernement devrait annoncer cette semaine les publics à vacciner suite à l’annonce de la Haute Autorité de Santé (HAS) sur la démarche a suivre qui priorise les résidents en Ehpad et au sein des unités hospitalières car « Un tiers des décès en France sont survenus dans des Ehpad. ». Venaient ensuite, pour les phases suivantes de vaccination, les personnes à risque dans l’ensemble de la population, puis les personnels soignants et les secteurs indispensables, avant de s’adresser aux professionnels dont l’environnement favorise l’infection puis à l’ensemble de la population de plus de 18 ans.

En ayant déjà réservé 90 millions de doses auprès de plusieurs laboratoires, le gouvernement mise tout sur le vaccin. Un « espoir » qu’il cherche à transmettre à l’ensemble de la population, afin de faire oublier tout son historique dans la gestion de la crise sanitaire. Mais la réalité est tout autre, tant l’avenir reste incertain.

Le gouvernement cherche l’assentiment de la population à travers la création d’un « collectif de citoyens » associé a la campagne de vaccination. Notamment pour lutter contre le gros mouvement des « anti-vaccins » en France mais également tout les personnes un peu réticentes, en ayant en tête que plusieurs études en cours laisseraient penser que le pourcentage des Français n’ayant pas l’intention de se faire vacciner se situerait entre 40 et 50%.

Le gouvernement mise donc tout sur l’espoir du vaccin comme échappatoire à cette crise sanitaire et moyen de parer toute possibilité d’une troisième vague. Un pari qui n’ouvre a aucun moment la voie aux questionnements valides, car il n’y a pas besoin d’être anti-vaccins pour poser des questions quant au développement express du vaccin qui pose plusieurs questions notamment au regard des possibles effets secondaires qui ne se révèleront que sur le long terme.

Mais plus encore, l’efficacité du vaccin n’est pas encore avérée pour les personnes âgées ce qui rend plutôt aventureux de faire reposer toute la stratégie sur le vaccin. C’est ce qu’explique Gaël Durel, président de l’Association nationale des médecins coordonnateurs en Ehpad et du médico-social au journal Le Figaro : « La HAS annonce une priorisation des Ehpad sans que l’autorisation de mise sur le marché d’un vaccin soit effective. On ne sait pas encore s’il est efficace chez les plus âgés. Et les effets secondaires sont pour l’instant peu connus, encore moins chez les personnes âgées car dans les études américaines sur les vaccins, peu de patients de plus de 75 ou 85 ans ont été inclus. »

Ces vaccins, que l’on verra circuler sur le marché à la fin de décembre avec la confirmation des résultats des essais de la phase 3 - et donc considérés comme « sûrs » inquiètent notamment par rapport aux effets secondaires qu’ils peuvent engendrer. On le voit notamment avec le fait que le laboratoire britannique AstraZeneca annonçait l’efficacité de son vaccin lundi dernier, pour enfin indiquer jeudi que son vaccin avait besoin d’une étude supplémentaire. Et dans ce même temps, des médecins américains alertent déjà sur les effets secondaires de l’ensemble de vaccins contre le Coronavirus : « Nous devons vraiment sensibiliser au fait qu’il ne s’agira pas d’une promenade au parc », déclare le docteur Sandra Fryhofer lors d’une réunion avec les conseillers des Centre pour le contrôle et la prévention des maladies.

D’autre part, l’effectivité à long terme est également questionnée : permettra-t-elle vraiment de construire une immunité afin d’éviter la troisième vague ? Étant mis au cœur de la stratégie sanitaire des Etats pour éviter la troisième, la question se pose. Tout d’abord, rien ne prouve que ce vaccin empêcherait sa propagation : "La maladie Covid touche le poumon, sauf que le virus rentre par les voies aériennes supérieures. Donc un vaccin bloquant la maladie, l’empêchant au niveau du poumon, ne la bloque pas forcément au niveau des voies aériennes supérieures", affirme Daniel Floret de la HAS.

De plus, la question de combien de temps durera-t-elle, doit également se poser car jusqu’à maintenant on a les chiffres communiqués d’une à deux semaines après l’injection. Plusieurs questions restent donc ouvertes : « Combien de temps la protection durera-t-elle ? le virus finira par muter pour échapper au vaccin, ce qui limiterait alors l’efficacité de la vaccination »], comme le souligne l’experte britannique, Dr Penny Ward

Tout semble montrer que s’il y a de l’espoir en le futur vaccin pour lutter contre le Coronavirus, il serait également imprudent et très aventurier de ne se reposer que sur l’efficacité supposée de celle-ci comme font plusieurs gouvernements.

Il faut continuer à exiger une véritable stratégie de prévention et de dépistage

A l’encontre de la stratégie actuelle, il est plus que jamais nécessaire que l’ensemble des moyens visant à produire un vaccin dans de bonnes conditions puisse être mis au service de la résolution de la crise sanitaire. Pour cela, il est plus que nécessaire que les grandes entreprises pharmaceutiques soient nationalisées sous contrôles des salariés mieux à même que quiconque d’établir un vaccin.

En parallèle, et à différence de la stratégie sanitaire proposée par le gouvernement jusqu’à maintenant, qui s’avère catastrophique, il est important de proposer et exiger un programme alternatif pour que ce ne soit pas aux travailleurs de payer la crise.

Il est donc nécessaire d’exiger une stratégie de prévention pour briser les chaînes de contamination et de dépistage massif du virus, tout en poursuivant les recherches pour retrouver un vaccin. Un programme construit par l’ensemble des travailleurs et des professionnels de la santé. Afin de montrer, plus que jamais, que nos vies valent plus que leurs profits.


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