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Crise économique

Crise dans l’aéro. Daher confirme les suppressions de poste : 1 300 CDI et 1400 intérimaires

Ce jeudi, l’entreprise de sous-traitance aéronautique Daher confirme son plan de licenciement : 1300 postes en CDI seront supprimés, ajoutés au non renouvellement de 1400 contrats intérimaires. Une mesure catastrophique qui vient allonger la liste dans la crise du secteur de l’aéronautique.

Tyshka Rostov

26 juin 2020

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Crédit photo : AFP

En avril dernier, pendant le confinement, la CFDT Daher avait annoncé que l’entreprise prévoyait de supprimer 3000 emplois en tout. Cette menace été resté très floue, jusqu’à avant-hier. En effet, ce jeudi 25 juin, se tenait chez Daher un comité social et économique de lancement des négociations sur le plan de sauvegarde de l’emploi (PSE). A l’issue de cette réunion, la direction du groupe a confirmé son intention de supprimer jusqu’à 1.300 postes en CDI et de ne pas renouveler les 1.400 contrats d’intérimaire, ce qui s’apparente clairement à 1 400 licenciements de plus. Une situation catastrophique pour les salariés qui vivent désormais dans la peur de perdre leur emploi d’une seconde à l’autre, sans pouvoir en retrouver derrière au vu de la menace de la crise économique, et des différentes vagues de licenciements dans le secteur. Au total, Daher compte 10 000 salariés, dont la majorité se trouve en France, soit 8 000. Le groupe est également implanté au États-Unis, au Mexique et au Maroc, où l’offensive a déjà été lancé puisque en tout 400 postes y ont été supprimés.

Le directeur général de Daher, Didier Kayat, tente de contenir la colère en restant approximatif. Pour lui, le chiffre de 1300 est « le scénario du pire », et il explique dans une interview pour à La Tribune qu’il « compte bien sauver le maximum d’emplois et passer sous la barre des 1.000 licenciements en France ». Il brandit cet argument avec fierté alors que même si il n’y avait « que » 800 licenciements, ça serait 800 licenciements de trop.

En plus, le carnage ne s’arrête pas là. Lors des annonces du CSE jeudi soir, Daher a aussi annoncé vouloir se « désengager » de l’usine d’aérostructures de Saint-Julien-de-Chédon en Loir-et-Cher. Ils cherchent un repreneur, c’est à dire que l’ensemble des 350 salariés en CDI de l’usine voient leur emplois être directement menacé.

Ces licenciements sont décidés dans un contexte où l’État alloue des « prêts garantis par l’Etat » (PGE), c’est à dire des aides qui se comptent en millions ou milliards d’euros, à destination des grandes entreprises et des grands patrons, pour aider à redresser la barre face à la crise économique. Chez Daher, ce PGE s’est élevé à 170 millions d’euros. Dans un communiqué, Daher explique que cet argent public sera utilisé pour penser des plans de restructuration de l’entreprise : « A l’heure où l’aéronautique fait face à la plus grave crise de son histoire, ce prêt permettra de sécuriser les besoins en trésorerie du Groupe et la mise en œuvre de son plan de transformation pour se positionner comme un acteur de référence sur ses marchés au moment de la reprise » . Au final, ces « plans de transformations » signifient des milliers de licenciements. En somme, les aides injectés par l’état aux entreprises ne servent ni plus ni moins qu’à financer des plans de licenciements.

Crise dans l’aéronautique

Avec l’arrêt du transport aérien dû à la pandémie, le secteur aéronautique subit une crise de « surcapacité de production ». Le nombre de commandes baisse drastiquement depuis le Covid19, et cette cadence ralentie risque de s’ancrer dans le temps. L’activité de Daher étant à 60 % dépendante du géant Airbus, il n’est pas étonnant que l’entreprise subisse de plein fouet les conséquences de cette baisse d’activité. Pour faire subsister les grands groupes, il faut licencier dans les petits groupes de sous-traitance.

On se souviendra de Daher comme la première entreprise aéronautique à annoncer en avril un PSE. Mais entre temps, la crise dans ce secteur a déjà bien avancé, et des milliers d’emplois sont menacés dans plusieurs boites de sous-traitance. Derichebourg Aeronautics à Toulouse a ouvert la voie. Après que la direction ait annoncé vouloir signer un Accord de Performance Collective (APC), les salariés se sont mit en grève et ont lutté en s’organisant de façon exemplaire contre cet APC. Même si au final, l’accord a été signé, la lutte de Derichebourg a montré une combativité qui doit être un exemple pour les prochaines luttes. Parce que depuis ce premier accord signé, des annonces d’APC et de PSE tombent presque tous les jours dans des entreprises de sous-traitance. La liste des salariés menacés de perdre leur emploi ou de perdre un grand nombre d’acquis sociaux ne fait que s’allonger.

Est-ce vraiment aux travailleurs de « faire des efforts » ?

Face à cette attaque, une réponse collective est nécessaire et possible. Comme le revendiquait l’un de nos correspondants travaillant chez Daher, "Si on décide tous collectivement de s’opposer à ces attaques, qui ne vont pas seulement toucher les salariés de Daher, faut voir que ce n’est qu’un début, on peut les empêcher de mettre tous ces salariés au chômage". Cette bataille, contre les licenciements et pour le maintien et l’augmentation du salaire de tous les ouvriers qui travaillent pendant la crise, passe notamment par l’organisation des salariés en syndicats combatifs qui peuvent constituer une arme redoutable pour notre classe dans ces entreprises où le patronat a trop longtemps joué sur la désorganisation des travailleurs. Exigeons le refus de tous les plans de licenciements ainsi que tous les accords de performance collective qui vont se multiplier dans la crise économique à venir, que ça soit dans l’aéronautique ou d’autres secteurs. Pour la dignité de tous les travailleurs, nous devons relever la tête et lutter contre cette situation inacceptable. Exigeons aussi la transparence de tous les bénéfices et de la comptabilité des entreprises du secteur. Où sont passés tous les millions de bénéfices engrangés pendant des années ? Cette crise est celle du capitalisme, et c’est aux patrons de la payer.


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