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Ralliement tardif

De Villiers, l’ami d’extrême-droite de Macron et Bolloré, rejoint la campagne de Zemmour

Le ralliement de Philippe de Villiers à la campagne d'Eric Zemmour se faisait attendre. À l'occasion d'un déplacement de Zemmour en Arménie pour y porter la rhétorique de la « guerre des civilisations », le vendéen catholique traditionaliste s'est officiellement affiché avec le candidat d'extrême droite et lui a apporté un soutien appuyé. Zemmour gagne là son premier soutien de poids, mais ne sort pas pour autant de l'enclave identitaire dans laquelle sa campagne est prise.

Boris Lefebvre

13 décembre 2021

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Crédit photo : KAREN MINASYAN/AFP

Zemmour et de Villiers : deux « amis » racistes en Arménie pour défendre la « civilisation »

« Ceux qui ont cru qu’il y avait, de ma part, un retrait, se sont trompés » a déclaré Philippe de Villiers lors de son ralliement à la campagne d’Eric Zemmour samedi dernier à l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle juste avant de partir vers l’Arménie. La figure de la droite conservatrice, patron du Puy du Fou, absent lors du meeting de Villepinte, est finalement sorti de sa réserve et affiche désormais son soutien au polémiste d’extrême droite.

Jusqu’alors, ce dernier invoquait ses réticences qu’un « soutien trop affiché ne nuise à la réputation du parc du Puy du Fou » ainsi que l’inexpérience des équipes de campagne autour de Zemmour selon le journal Le Point. Mais pour la presse, ce samedi, les deux « amis » réactionnaires n’ont pas tari d’éloge l’un pour l’autre à l’occasion d’un voyage en Arménie.

Un voyage sous le signe de la « défense de la civilisation » et des chrétiens d’Orient, cause traditionnelle de l’extrême droite catholique et conservatrice à laquelle Zemmour cherche à envoyer des signaux. Sur place, Zemmour a dépeint une nation « chrétienne » isolée au milieu d’un « océan islamique » et n’a pas hésité à mettre en parallèle le prétendu sort des chrétiens en Orient et en Occident : « D’Erevan à Nanterre, de Karakoch à Saint-Étienne-du-Rouvray, chrétiens d’Orient et d’Occident sont en grave danger », instrumentalisant au passage le récent conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan dans le Haut Karabakh qui en dit plus long sur l’enjeu stratégique qu’est le Caucase que sur la prétendue « guerre de civilisation » que de Villiers et Zemmour vont y chercher pour servir leurs intérêts identitaires et racistes.

À l’aéroport d’Erevan, la capitale de l’Arménie, des manifestants ont d’ailleurs dénoncé l’opération, protestant contre la venue d’Eric Zemmour avec des pancartes « Pas bienvenu, Éric Zemmour » et en criant « raciste » !

De Villiers : un grand bourgeois vendéen, catholique traditionaliste, ami de Bolloré… et de Macron !

Alors que Zemmour peine à rassembler des soutiens de poids autour de lui, le ralliement de Philippe de Villiers vient s’ajouter à celui de Jean-Frédéric Poisson ou Laurence Trochu (ex-Sens commun), déjà aux côtés du polémiste d’extrême droite dans cette campagne. Un ralliement logique et qui peut apparaître à Zemmour comme une conquête - de Villiers s’est fait connaître nationalement dans les années 1990 et conserve une aura à l’extrême-droite - mais qui s’inscrit dans la stricte continuité des soutiens recueillis par Zemmour jusqu’ici : des politiciens réactionnaires et (très) bourgeois.

Philippe de Villiers incarne, en effet, une droite catholique traditionaliste et souverainiste. Ses positions conservatrices et d’arrière-garde l’ont mené de la droite du RPR dans les années 1980 à adopter de plus en plus des positions ouvertement d’extrême droite. Ses campagnes présidentielles en 1995 et 2007 défendaient des thèmes réactionnaires contre le PACS ou le « communautarisme islamiste ». Il est naturellement un soutien fervent de La Manif pour tous et défend les racines chrétiennes de la France. Plus ou moins en retrait de la vie politique, il continue son œuvre à travers le Puy du Fou, un parc d’attraction qui délivre une vision très traditionaliste de l’histoire.

Philippe de Villiers est aussi un grand patron. Son parc d’attraction est l’un des plus visités en France, et l’homme est proche de Vincent Bolloré, le patron de Vivendi, Canal+ et CNews, lui-même fervent catholique et ultra-réactionnaire. Un « ami commun » avec Zemmour, qui vient confirme le profil imprimé par Zemmour à sa campagne : celle d’une droite bourgeoise qui se radicalise. Un projet qui semble difficilement compatible avec l’espoir de Zemmour d’unir « classes populaires » et « bourgeoisie patriote »…

Mais, de Villiers a plus récemment été évoqué pour ses liens avec Macron. La réouverture du Puy du Fou juste après le premier confinement, en dépit des règles sanitaires de limitations des rassemblements, avait été perçu comme un cadeau de Macron à la droite conservatrice, et les deux hommes avaient poursuivi leurs échanges, Macron n’hésitant pas à témoigner son « amitié » à son « cher Philippe ». Si la relation entre les deux hommes se seraient depuis refroidie, elle rappelle la farce des récentes déclarations de Macron sur sa volonté d’être un « rempart contre l’extrême-droite. »


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