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Débat présidentiel

Débat Macron-Le Pen : Que nous réserve le tête à tête entre les deux candidats ?

Macron, le candidat de la recomposition politique du social-libéralisme, rencontrera ce soir Le Pen, la candidate nationaliste et ultra-réactionnaire du Front National. Ecarté d’un revers de la main par Jacques Chirac en 2002, le débat est aujourd’hui inévitable pour le candidat favori des sondages.

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Confrontation des deux variantes pro-patronales du moment, européiste d’un côté, nationaliste de l’autre

Tout porte à croire que le débat de ce soir sera polarisé, aux antipodes des querelles tatillonnes et de façade entre les candidats de feu les partis de gouvernement, aujourd’hui en déroute comme le PS ou en crise comme LR.

Macron ou le jeu de la rediabolisation du FN

Macron, le candidat du bloc bourgeois, l’ultra-libéral et champion revendiqué du CAC 40 fera tout pour ne pas apparaître pour ce qu’il est, c’est-à-dire le candidat de la continuité des politiques pro-patronales agressives qui plongent toujours plus les travailleurs dans la ruine et le chômage tout en aggravant l’exploitation des autres. Le candidat d’En Marche entend la jouer aussi fine que possible sur ce créneau. Il lui faudra esquisser une critique de la mondialisation sauvage et de l’Europe anti-démocratique qui impose le CETA, pour espérer endiguer la vague d’abstention qui se profile à gauche, notamment chez les insoumis, comme l’illustrent les résultats de leur consultation interne : 65% ne voteront ni Le Pen, ni Macron. La quadrature du cercle pour Macron qui compte aussi maintenir fermement sa droite en se montrant inflexible sur la loi Travail 2. Pour cela, Macron compte bien réactiver le Front Républicain pour renvoyer le FN à ses racines, comme l’ont illustré ses dernières sorties ainsi que son instrumentalisation de l’hommage à Brahim Bouarram, assassiné par des militants d’extrême droite le 1er mai 1995, ou encore ses attaques sur les liens historiques du FN et de l’OAS.

Le Pen ou le jeu de la dénonciation du candidat de l’oligarchie

L’enjeu pour Le Pen, de l’autre côté, est de convaincre les indécis, de rallier l’électorat de la gauche ou de prévenir dans la mesure du possible son ralliement à Macron. La candidate frontiste jouera son va-tout et tentera autant qu’elle pourra de pilonner les positions libérales de Macron en dénonçant le candidat de « l’oligarchie », en forme de clin d’œil aux insoumis, et en usant entre autre de la rhétorique de « l’argent-roi », cette habile formule chère à ceux qui tentent d’instrumentaliser la colère des exploités sans nommer le véritable ennemi, le patronat. Mais ce que l’Europe fait en grand, l’Etat national le fait en petit et le projet est très clair. Comme le déclare sans fard Bernard Monot, économiste du FN : « à l’intérieur nous sommes libéraux, (…) nous sommes pour le profit ». Le projet du FN n’est en effet rien d’autre que la promesse d’une exploitation aussi outrancière dans les bornes plus étroites de l’Etat-nation. La crise économique, sociale et politique actuelle a polarisé les débats, mis en berne les grands partis de gouvernement, jusque là solides garants d’une alternance sans accroc pour le patronat. Cependant, sous ses dehors d’opposition radicale, le duel Macron-Le Pen reste une variante du marteau et de l’enclume, et est à ce titre plus un tandem qu’un duel.

Derrière les tirs et les invectives se jouera une bataille démagogique d’ampleur

Loin est le temps où le candidat insider de la bourgeoisie pouvait se payer le luxe de refuser et d’écarter la perspective d’un débat avec le front national. Jacques Chirac en 2002, fort d’un front républicain hégémonique et vent debout avait refusé de débattre avec Le Pen. Macron, en passe de devenir le président le plus illégitime de la Vème République, ne peut s’accorder cela. Celui qui plastronne en annonçant qu’il pourrait quitter le plateau si Le Pen se montrait trop agressive, fait tous les efforts du monde pour laisser croire que le débat n’est pas un réel enjeu et que comme son homologue de 2002, il est au-dessus de ça. Mais la réalité est bien différente car la formation politique de sauvetage, dont il est le patron depuis une petite année, repose sur des fondements très instables. L’enjeu pour Macron est de gagner avec un score de dictateur pour légitimer autant que possible le pouvoir qui naitra de son élection. Le Pen, elle, multiplie les voltes-faces et entretient le flou à propos de son programme économique, plus du tout aussi maximaliste maintenant qu’elle se trouve proche de l’Elysée, notamment sur la question de l’euro et de la sortie de l’UE, un moindre mal pour le FN qui vient de briser le cordon sanitaire qui l’entourait en affichant sa première alliance nationale avec la droite Républicaine, et Dupont-Aignan. Tandis qu’un Le Pen père aurait assurément, en 2002, joué avant la lettre une partition à la Trump, Le Pen fille qui jouera sûrement les incendiaires, n’oubliera pas cependant d’instrumentaliser la misère et le chômage pour apparaître comme la candidate sociale et draguer la gauche qui n’a pas mordu au piège du Front Républicain.

L’abstention, loin d’une posture attentiste, est la seule véritable boussole et stratégie politique dans cette perspective

Face au Front Républicain et à ses injonctions à voter pour la peste dont les politiques font le lit du choléra, s’abstenir activement ce 7 mai, se mobiliser et soutenir les cortèges Ni Macron Ni Le Pen qui ont trusté ce 1er mai est la seule option politique. L’enjeu est de bâtir un pôle d’indépendance de classe qui affronte radicalement tous les candidats des appareils centraux et qui n’abandonne pas un centimètre au FN sur le terrain de la représentation populaire et ouvrière.

Rappelons un fait que la spectaculaire dégringolade de Fillon a légèrement occulté : Le FN, qui s’enorgueillissait d’être le « premier parti de France », arrive en deuxième position et perd pratiquement 6 points par rapport aux sondages de décembre. Cette baisse importante est en partie lié à la dynamique négative que Philippe Poutou a accentuée lors du débat à onze avec l’argument de « l’immunité ouvrière », premier KO de Marine Le Pen. A cela s’est ajouté bien entendu l’impressionnante percée de Jean-Luc Mélenchon dans la dernière ligne droite de la campagne, sur fond de mort du PS.

Le Front Républicain est une manœuvre qui permet seulement de légitimer l’existence des partis centraux de gouvernement et le levier de l’essor électoral du FN. Comment faire plus belle offrande au Front National qu’en lui présentant sur un plateau une alliance « républicaine » qui s’étend du PCF à la droite ultra-réactionnaire et raciste de François Fillon qui aligne derrière lui des personnalités comme Henri de Lesquen ? Nous devons porter au contraire, loin de l’abîme catastrophique des Fronts républicains de la gauche, de la droite et de la diagonale qui font le jeu de la rhétorique anti-système du FN, un front d’indépendance de classe et de combat qui, construit sur les bases solides de la lutte acharnée et sans compromis, balayera le FN des urnes en battant Macron dans la rue !

Crédits photo : AFP/Joël SAGET, Eric Feferberg


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