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Coronavirus

Débrayage à Téléperformance Belfort : « La direction a demandé qu’on nous mette 135€ d’amende »

Ce mercredi, une vingtaine de travailleurs de Téléperformance à Belfort ont débrayé pour dénoncer leurs conditions de travail et le manque de formation concernant le COVID-19. La direction a appelé la police et demandée à ce que des amendes de 135€ soient infligées aux travailleurs. Ce 19 mars, l'établissement a été fermée pour être désinfecté, suite à une forte suspicion de COVID-19 pour une des employées.

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Ce 18 mars, une vingtaine de travailleurs ont effectué un débrayage, à l’appel de Sud PTT-Téléperformance et de la CFDT, devant le site de Téléperformance à Belfort. En cause, les conditions de travail, déjà difficiles, et le manque de mesures concernant l’épidémie de Coronavirus. Un débrayage qui a également été marqué par la venue de la police.

Françoise Calmar, déléguée syndicale centrale de la CFDT, nous a expliqué que ce « débrayage était tout à fait légitime » et que « les consignes de distances ont été suivies, ce qui a été constaté sur place ». Par ailleurs, toujours selon Françoise Calmar, « la police est venue à la demande de la directrice ».

Une information confirmée par le délégué syndical central adjoint pour Sud PTT-Téléperformance, contacté par Révolution Permanente et présent sur place : « La direction a envoyé la police et lui a demandé de nous mettre des amendes de 135€ », invoquant comme raison l’interdiction de rassemblement de plus de 10 personnes. Une hérésie totale, puisque les employés de Téléperformance se retrouvent entassés à plus de 50 par étages, en endroit clos. Pire, les employés auraient demandé à minima à pouvoir ouvrir les fenêtres et les portes, afin de faire circuler l’air. Une demande refusée par la direction, en invoquant d’obscures raisons de sécurité.

« A Belfort, une trentaine de personne doivent informer sr le coronavirus et ne sont pas formées »

Actuellement, les employés de Téléperformance sont au front pour informer la population. Or, toujours selon le délégué syndical « à Belfort, une trentaine de personne doivent informer sur le Coronavirus et ne sont pas formées ». La formation des opérateurs téléphoniques sur le Coronavirus est de « 5 minutes, top chrono », ce qui amène fatalement à des difficultés pour offrir des informations de qualité. « Tous les gens qui appellent vers ce numéro n’ont pas forcément les bonnes informations » dénonce le délégué syndical. En ce sens, les syndicats réclament une formation continue pour pouvoir répondre aux inquiétudes légitimes de la population. Une formation en continue que revendiquent les salariés eux-mêmes.

Mais il y a pire. Les conditions dans lesquelles exercent les salariés mettent leur vie en danger. « Nous sommes à ¾ d’heure de Mulhouse. Nous n’avons pas de mesures barrières. Les gels viennent tout juste d’arriver, nous n’avons toujours pas de masques » nous explique le délégué syndical SUD, avant de poursuivre : « Les débriefs se font toujours côte à côte comme s’il n’y avait pas de Coronavirus ». Dans ce contexte, les arrêts maladie ont explosé. De 20 à 25% en temps normal, ce qui témoigne, soit dit en passant, des conditions de travail dégradées tout au long de l’année, le taux d’arrêt maladie était de 54% ce 18 mars.

Une suspicion de COVID-19 entraîne la fermeture du site ce 19 mars

Il fait peu dire que les salariés ont eu raison de s’inquiéter de leurs conditions de travail, entassés à 50 dans des lieux confinés. Ce 19 mars, il y a eu « un cas de COVID-19 sur le centre, entraînant la fermeture pour une désinfection » nous indique Françoise Calmar. Le délégué syndical SUD précise : « Le cas de Coronavirus, c’est une personne qui lundi était partie, car elle ne se sentait pas bien. C’est la salariée elle-même qui nous a avertis aujourd’hui ». La direction aurait refusé de recevoir les organisations syndicales, en physique comme par vidéoconférence. Par ailleurs, les employés sont aujourd’hui dans le flou et ne savent pas jusqu’à quand le site sera fermé, la direction indiquant au délégué syndical que les travailleurs seraient informés par SMS.

Dans ce contexte, les syndicats demandent à faire du télétravail. Un scénario qui serait tout à fait possible de mettre en place sur le plan logistique, mais qui est jusqu’ici totalement écarté par la direction. Une situation plus que paradoxale pour le délégué syndical : « L’État est le premier à prôner le télétravail. Nous ne sommes pas en télétravail sur cette activité alors que l’État nous paye ». L’autre proposition des syndicats est celle d’un chômage technique ou activité partielle à 100 %, c’est-à-dire ne pas venir travailler pour bénéficier de cette disposition préconisée par le gouvernement pour toutes les entreprises qui ne peuvent plus assurer leurs activités. Sans surprise, la direction est dans une position de refus systématique, malgré les risques réels qui pèsent sur la santé des salariés.

Signez la pétition : « Devant le KO sanitaire, fermeture de tous les centres d’appels non essentiels »

Dans ce contexte général de mise en danger des salariés des centres d’appels, nous vous invitions à signer la pétition Devant le KO sanitaire, fermeture de tous les centres d’appels non essentiels. Nous joignons ci-dessous le texte de la pétition :

SUD-Solidaires dénonce le manque de protection qui subsiste dans les centres d’appels, et ce, après avoir proposé et utilisé des dizaines et des dizaines de droit d’alerte et même des droits de retrait. Nos patrons vont même maintenant jusqu’à demander l’intervention des forces de l’ordre ou de la préfecture pour nous obliger à travailler...

La nécessité absolue pour le pays de faire continuer et déplacer des milliers de salarié-es pour ce type d’activités reste une énigme pour notre syndicat. On notera que tout cela est en contradiction complète avec le maximum de cinq interactions humaines préconisées par le gouvernement... Quelques entreprises proposent le télétravail, mais cela reste très peu développé malgré l’urgence. Des grands donneurs d’ordres, pourtant à capitaux publics comme EDF, refusent sa mise en place pour des raisons de sécurité... La sécurité commerciale passe évidemment avant la sûreté publique !
Depuis plusieurs jours, des milliers de travailleur-ses en France, mais aussi dans les autres pays où les appels de la relation client française sont délocalisés (Tunisie, Maroc, Portugal...), continuent de prendre des appels voire d’en émettre pour vendre des abonnements téléphoniques ou des assurances... D’autres traitent des appels pour La Redoute, Ikea, Air B n’B... Notre question est simple : en quoi, au vu de l’urgence sanitaire que nous vivons, nos métiers sont-ils essentiels ? Oui en quoi ?
Toutes et tous ensemble exigeons l’arrêt de la production !

  •  Les salarié-es sous-traitants, féminisés et fortement précaires du secteur ne veulent pas et n’accepteront pas d’être la chair à canon du système capitaliste. Nous réaffirmons que, plus que jamais, nos vies valent plus que leurs profits !
  •  Nous exigeons donc la fermeture de l’ensemble des centres de contact non-essentiels des activités en langue française, que ce soit ici ou ailleurs. Nous ne laisserons pas nos camarades en Afrique ou ailleurs mourir pour nous...
  •  Nous exigeons le paiement intégral de notre rémunération moyenne depuis douze mois, ici et ailleurs. Les multinationales françaises (ou pas) du secteur ne doivent pas profiter de la crise pour faire des économies dans des pays ou la législation est moins protectrice. Clairement, ils le font suffisamment toute l’année. Aujourd’hui, dans cette crise ils doivent assumer en se retournant vers les donneurs d’ordres (Orange, SFR, Engie...).
  •  Nous exigeons l’arrêt des sanctions pour les droits de retrait, les absences et l’arrêt des licenciements, comme chez VistaPrint en Tunisie, permettant de réduire le nombre de salarié-es pour faire face à la crise.
  •  Enfin, parce que nous autres les invisibles des médias, les invisibles économiques que l’on nomme les sous-traitants, nous exigeons la même prise en considération du danger pour tous les métiers non-essentiels et que l’on peut réduire au maximum en fermant le maximum de sites : Hôtesses d’accueil, Animateur-rices commerciales....

    En clair, nous exigeons la fermeture de l’ensemble des centres non essentiels à l’activité du pays, et ce, que ce soit pour les appels traités en France mais aussi ailleurs à travers le monde.

    Photo DR


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