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Greenwashing

Décret sur l’interdiction des vols courts : nouveaux mensonges macronistes sur l’écologie

Mardi, Macron et ses ministres annonçaient triomphalement l'interdiction des vols intérieurs de moins de 2h30. Mais en réalité seules des lignes déjà supprimées sont concernées par la mesure … Une nouvelle escroquerie macroniste sur le terrain de l'ecologie, alors que dans le même temps le gouvernement détruit le fret ferroviaire

Youri Andre

27 mai 2023

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Décret sur l'interdiction des vols courts : nouveaux mensonges macronistes sur l'écologie

Ce mardi 23 mai, Emmanuel Macron et ses ministres de la Transition écologique et des Transports se félicitaient de la publication d’un décret sur la fin des « vols intérieurs en cas d’alternative en train de moins de 2h30 ». Un décret censé permettre l’application de la Loi Climat et résilience votée à l’assemblée nationale en août 2021.

Le ministre des transports a s’est ainsi congratulé sur twitter : « Ce matin, l’interdiction des lignes aériennes en cas d’alternative de moins de 2h30 en train devient réalité. C’est un signal majeur et une 1ère mondiale ! On continue ! » Quand Macron expliquait sobrement « Je m’y suis engagé. Nous sommes les premiers à le faire. »

Sauf que derrière les annonces et les superlatifs, la vérité est tout autre. La Grande Conversation analyse ainsi que les termes du décret « vident méthodiquement la mesure de toute portée réelle ». En effet, le décret d’application pose une multitude de critères qui préservent de l’interdiction l’écrasante majorité des lignes aériennes en théorie concernées.

Ainsi, les conditions d’interdictions ne concernent effectivement que trois lignes aériennes (Paris-Orly/Bordeaux, Paris-Orly/Nantes et Paris-Orly/Lyon), et s’appliquent selon des critères flous tel que le prix « abordable », de l’alternative ferroviaire, ou la gare rattachée à l’aéroport. Grâce à ces tours de passe-passe, les vols Paris/Bordeaux et Paris/Nantes restent autorisés, s’ils sont au départ de l’aéroport Charles de Gaulles et non d’Orly. Pire, les lignes effectivement interdites par le décret … ont déjà été supprimées par Air France depuis 2020 !

Autant d’éléments qui font dire au Monde que « la mesure aura un effet homéopathique sur les émissions de gaz à effet de serre de la France », et qui raviront le patronat du secteur aérien, qui s’était dressé contre la mesure dès 2021.

Ce décret est un énième piétinement des mesures proposées par la Convention Citoyenne pour le Climat, que Macron avait promis d’adopter « sans filtre » avant de les neutraliser une à une. La Convention avait en effet proposé d’interdire tous les vols intérieurs pour lesquels une alternative ferroviaire de moins de 4 heures existait. Une durée réduite à 2h30 par Macron, avant qu’il ne transforme la mesure en une suppression de lignes déjà supprimées …

De fait, les objectifs poursuivis par Macron au travers de la Convention Citoyenne pour le Climat et le décret d’application publié mardi sont les mêmes. À savoir surfer sur l’écologie pour tenter de retrouver un peu de popularité après des épisodes de colère massifs qui ont fait trembler le gouvernement. La Convention Citoyenne avait en effet servi de soupape démocratique à l’issue de la crise des Gilets Jaunes quand les effets d’annonce sur l’interdiction des vols courts s’ancrent dans le volet écolo de la stratégie de reprise en main du gouvernement pour clore la séquence des retraites. Une utilisation purement marketing de l’écologie, qu’illustraient par ailleurs les vidéo youtube de Macron à l’intention de la jeunesse, dans lesquelles l’interdiction des vols courts était évoquée comme une « mesure très concrète » du gouvernement Macron.

Les mensonges du gouvernement sont d’autant plus scandaleux qu’il s’agit d’une mesure sommes toutes très minimale. Même si elle avait été adoptée dans son intégralité et avec la condition des 4 heures posées par la Convention Citoyenne pour le Climat, elle représenterait en réalité de bien modestes baisses d’émissions de CO2. Le Monde rappelle ainsi que les vols intérieurs (dont seuls une fraction sont concernés par la mesure) représentent 2,1 millions de tonnes de CO2 en 2019 sur les 23,4 millions de tonnes du secteur aérien français.

La mesure ne vise par ailleurs aucunement les jets que les grands patrons utilisent selon leur fantaisie, alors qu’un vol sur 10 en partance de la France est un vol de jet privé et que 1% des voyageurs représentent 50% des émissions du secteur aérien.

Tandis que la crise climatique s’accentue d’années en années, il est urgent de construire une alternative aux cotés des travailleurs. L’hypocrisie du gouvernement ressort d’autant plus que le mensonge sur l’interdiction des vols intérieurs arrive au même moment que la liquidation - bien réelle - du fret ferroviaire par ce même gouvernement, sous les directives de la commission européennes.

Alors que ces nouveaux mensonges de Macron viennent rappeler qu’il n’y a aucune illusion à se faire dans son écologie pro-patronale et marketing, il est nécessaire de se solidariser avec les travailleurs, qui portent un projet véritablement écologique et social pour lutter concrètement contre la destruction de la planète, à l’instar des travailleurs du fret ferroviaire actuellement en lutte.


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