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Victime de son mari, victime de la justice

Demande de libération conditionnelle de Jacqueline Sauvage en cour d’appel : le mépris de justice se poursuit

Manon Véret Après le rejet de sa demande de libération conditionnelle le 12 août dernier, Jacqueline Sauvage pensait renoncer à la lutte avant de faire appel de cette décision fin août. Ce jeudi 27 octobre, la cour d’appel de Paris examine sa demande et décidera de manière ultime si Jacqueline Sauvage sera libérée.

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La préparation de cette audience s’est effectuée dans le silence. Et pour cause, les soutiens ont subi une forte pression à se taire de la part de la justice, qui reprochait déjà à Jacqueline Sauvage le 12 août « l’importante médiatisation de son affaire [rendant] difficile une authentique démarche de réflexion pour Mme Sauvage, qui est encouragée à se cantonner dans un positionnement exclusif de victime ». Face à la potentielle liberté conditionnelle, les soutiens plient et se tairont jusqu’au 24 novembre, date à laquelle la décision sera rendue.

Au-delà du cas de Jacqueline Sauvage, l’enjeu de la lutte du symbole

Le comité de soutien a d’abord annulé le rassemblement qui devait initialement se tenir le 6 octobre, puis n’a plus sorti de communiqué. Il restera silencieux jusqu’à ce que la décision de la cour d’appel soit connue, afin de « laisser les magistrats prendre leur décision en toute sérénité ». De même, les avocates sont restées en retrait. C’est la conséquence directe de la pression exercée par la justice à ce que Jacqueline Sauvage ne devient pas le symbole de la lutte contre les violences de genre.

Le tribunal d’application des peines le formulait lui-même très clairement dès le mois d’août : « Elle ne souhaite pas s’inscrire dans une association de femmes victimes de violence et ne semble pas vouloir être un symbole de la lutte des violences faites aux femmes ». Derrière cette « observation du comportement » de Jacqueline Sauvage, c’est l’invisibilisation de la lutte contre les violences faites aux femmes que veut instituer la justice, en faisant parler Jacqueline Sauvage à travers sa voix d’une part, et en maintenant le comité de soutien sous pression d’autre part. Et quand bien même Jacqueline Sauvage ne voudrait pas incarner ce symbole, elle l’incarne de fait à cause même de cette parodie de justice.

Le bracelet électronique, le concept juridique de la liberté

Jacqueline Sauvage a déjà reçu une permission de sortie de cinq jours, un retour avec sa famille qui s’est très bien déroulé. Ajoutés aux soutiens maintenus sous pression, des éléments positifs améliorent son dossier au vu de la justice, ce qui pourrait faire pencher la balance du côté de la remise en liberté. Mais si Jacqueline Sauvage arrive à obtenir de la justice sa libération conditionnelle, portant fortement bien son nom, elle devra porter un bracelet électronique au quotidien.

Le tribunal avait rejeté sa demande : une décision peu attendue, car allant à l’encontre même du parquet qui a fait appel lui aussi. Aujourd’hui, que peut-on attendre de la cour d’appel ? Si on souhaite le retour de Jacqueline Sauvage auprès de sa famille, il faut dans tous les cas dénoncer la violence de cette justice, qu’elle rejette au pire des cas la demande de libération conditionnelle ou bien au moins pire, qu’elle puisse retrouver sa famille mais ce dans des conditions aberrantes. Parce qu’elle sert un même ordre capitaliste et patriarcal, maintenant muselées les revendications féministes pour obtenir des miettes. Pour Jacqueline Sauvage et toutes les femmes victimes de violences de genre, luttons toutes et tous ensemble contre cette justice de classe.


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