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Démissions du jury du CAPES d’Histoire-Géo : « On veut faire de nous des animateurs ! »

Le ministère de l’Éducation Nationale a décidé que cette année, le recrutement des enseignants se fera sans épreuves orales pour cause de crise sanitaire. Pourtant, deux vices-présidentes du jury du CAPES d'histoire-géo et une dizaine de membres ont décidé de dénoncer ces modalités et ont démissionné. Révolution Permanente a interrogé une de ces membres du jury.

26 juin 2020

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Crédits photo : FRANK PERRY / AFP

Révolution Permanente : Pouvez-vous nous expliquer la situation cette année chez les membres du jury d’Histoire-Géographie ?

Professeure : On est au moins une dizaine à avoir démissionné dont les deux vices-présidentes du jury. On a eu une réunion en avril sur les modalités des oraux, suite à quoi nous avons envoyé une lettre ouverte adressée au ministère de l’Éducation Nationale et de la jeunesse signée par 116 membres du jury – cela représente 75% de la totalité du jury – pour dire que les modalités adoptées pour la session 2020 du CAPES de supprimer purement et simplement les oraux étaient complémentent insatisfaisantes.

Notre proposition à nous c’était plutôt de faire comme en 2014, c’est-à-dire de décaler les oraux à la fin de l’année suivante. Mais au final les évaluations ne se feront que sur la base des écrits.

RP : C’est ça qui vous a poussée à démissionner ?

Professeure : Oui, on est quelques unes – seulement des filles (rires) – à avoir démissionné par soutien aux vices-présidentes d’abord. Et puis parce que ce qui nous inquiète c’est que l’oral du CAPES va être de moins en moins disciplinaire. Ce qu’ils veulent faire ce sont des oraux où il y aura plus de pédagogie que de discipline [ou matière, ndlr]. Pour le recrutement du CAPES nous sommes attachés aux deux aspects – disciplinaire et pédagogique –, mais avec cette la logique appliquée aujourd’hui, on veut faire de nous des animateurs.

Donc la 1ère lettre des vices-présidentes date du 23 avril elle s’intitulait « Le recrutement des enseignants ne peut se faire sans épreuve orale », et leur démission ça a été le 2 juin. Dans la foulée il y a eu une dizaine de démissions de membres du jury. L’exemple qui était pris dans la première lettre était le suivant : en appliquant les règles de la session 2020 à la session de 2019 du CAPES d’histoire-géo, sur le principe 26% des candidats admissibles non admis en 2019 seraient admis, et inversement plus d’un candidat sur quatre admis en 2019 ne le seraient plus. Cela veut dire qu’un quart des profs qui vont être pris cette année n’auraient pas été pris en temps normal parce que pas assez bon à l’oral, alors qu’un quart des profs qui auraient pu être pris grâce à l’oral seront refusés.

Toute la partie visible du travail de prof se fait pourtant à l’oral !

RP : Qu’est ce que vous revendiquez ?

Professeure : On avait proposé au ministère que les épreuves orales se tiennent après la tenue des épreuves écrites comme cela avait été fait pour la session 2013-2014. Les écrits avaient été faits en juin 2013 et les oraux en juin 2014. Donc c’était matériellement possible et ça avait bien fonctionné. Mais ça aurait coûté plus cher puisque du coup on aurait recruté deux fois plus d’enseignant pendant un an avant de faire les oraux.

RP : Pour en arriver au point que le jury démissionne, il y a un sentiment de ne pas être écouté ?

Absolument, on a le sentiment qu’il y a vraiment un mur. Les deux vices-présidentes ont exercé depuis plusieurs années à leur poste, et l’écrivent elles-mêmes dans leur lettre :
« A cette première difficulté s’ajoute une perte de confiance et d’autonomie dans le directoire au sein duquel nous avons pourtant travaillé en bonne intelligence pendant trois et quatre ans respectivement. (…) Les membres du jury sont proposés sans consultation préalable, et cette mise à l’écart est encore plus sensible depuis la lettre ouverte qui a été faite en avril. »


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