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Edito

Des Gilets jaunes à la marche pour le climat : près de 500 000 manifestants pour faire plier Macron

Samedi 16 mars, au lendemain de la fin du Grand débat, l’exécutif s’apprêtait à gérer un acte 18 dont il pensait ne redouter politiquement plus grand-chose. Pour scénariser le tout, Macron avait prévu de passer cet acte 18 au ski à La Mongie. Le problème, c’est qu’une fois encore le film ne s’est pas déroulé tout à fait comme prévu…

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Les Gilets jaunes et manifestants pour le climat à Lyon.
Crédits photos : Tweeter

D’un côté, le rebond de radicalité des Gilets jaunes, toujours déterminés à faire plier Macron, de l’autre l’irruption d’une vague massive de plusieurs centaines de milliers de manifestants dans la « Marche du siècle » pour le climat démontrent, en définitive, que pour eux aussi, le Grand débat n’est que du « blabla » ; la question écologique, elle aussi, se gagnera dans la rue.

Les médias jouent aux magiciens pour faire disparaître la réalité

Si l’on se fie aux médias et au faramineux temps d’antenne consacré toute la journée aux « exactions », voire aux « crimes » des 1 500 casseurs dénombrés aujourd’hui et désignés à la vindicte de l’opinion par Castaner, ce serait l’évènement majeur de la journée. Fait politique d’une ampleur tellement extraordinaire qu’il justifie de faire redescendre Macron de la montagne où il savourait « le repos du guerrier. » pour tenir une « réunion de crise » place Beauvau.

Les magiciens pratiquent une technique bien connue qui consiste à focaliser l’attention des spectateurs sur un point précis tandis que l’essentiel de la scène leur échappe. C’est exactement ce qu’ont fait aujourd’hui les professionnels de la désinformation.

Si Castaner a affirmé que le mouvement des Gilets jaunes « n’existe plus dans la réalité » pour relativiser les quelques « 8 000 manifestants » qu’il dénombrait à Paris, la donne politique n’est plus la même lorsque plusieurs centaines de milliers de personnes inondent les rues de Paris, solidaires des Gilets jaunes, comme en témoignent les convergences entre les différents cortèges. Après avoir pris acte de la mobilisation pour le Climat, les grands médias tentent de jouer désormais la manif contre le climat "pacificiste" contre la manifestation Gilet jaune infiltrée de milliers de casseurs.

La « Marche du siècle » en défense du climat qui a, selon ses organisateurs, rassemblé plus de 350 000 personnes dans 220 villes et qui faisait suite à la mobilisation, la veille, de près de 170 000 étudiants en France ; à ses côtés, une mobilisation des gilets jaunes qui, selon les chiffres officiels, étaient quelques milliers de plus que la semaine dernière et démontraient leur résistance après 4 mois de mobilisation ; et enfin, une « marche des solidarités contre le racisme et les violences policières » qui, à l’appel des familles de victimes des violences policières, comportait aussi bien des collectifs de sans-papiers, que des résident.e.s des foyers, ou des collectifs et associations de l’immigration et des quartiers, au total, plus de 5 000 personnes.

La réalité que les médias ont soigneusement passée sous silence et masquée sous les fumées des lacrymos et les flammes de l’incendie, c’est qu’au total, ce sont plusieurs centaines de milliers de manifestants qui ont défilé dans les rues pour exprimer leur hostilité à Macron, à son monde et à la politique néolibérale qui mènent les individus et la planète à leur perte.

C’est cette situation, combinée à un rebond de radicalité des Gilets jaunes remettant une nouvelle fois en cause la question de la capacité de Macron au « maintien de l’ordre », qui a probablement contraint Macron à déchausser ses skis.

Quand écologistes et Gilets Jaunes partagent leurs revendications

Les manifestants de la « Marche du Siècle ont dénoncé « l’inaction » du gouvernement contre le changement climatique. Plusieurs cortèges s’étaient tout d’abord formés dans différents endroits de Paris, avec des mots d’ordre distincts : pour la « biodiversité », « l’urgence sociale et climatique » ou le transport « vert ».

Depuis plusieurs mois, se multiplient des pétitions, actions et campagnes en ligne qui prennent appui sur les avertissements lancés par les scientifiques pour demander des actions plus radicales notamment en faveur du climat. l’Etat est poursuivi par quatre ONG (Fondation Nicolas Hulot, Greenpeace France, Notre Affaire à Tous et Oxfam France) pour « manquements » à son obligation d’action contre le réchauffement. Elles sont, à l’origine, d’une pétition qui a récolté plus de deux millions de signatures en moins d’un mois.

Dans plusieurs villes ils se sont rejoints et ont également marqué leur convergence avec les Gilets Jaunes en appuyant leurs revendications sociales. L’heure de la convergence a clairement été sonnée aussi bien par le réalisateur connu, Cyril Dion qui a appelé à une convergence avec les Gilets Jaunes que par Priscilla Ludosky, figure des Gilets Jaunes elle-même, qui a appelé à « sortir tous dans la rue ensemble. »

Parallèlement, la marche des solidarités s’est élevée contre les violences policières et le racisme d’Etat. Tandis que les violences policières continuaient à s’exercer dans les manifestations des Gilets Jaunes avec leur lot de blessés d’interpellations et de gardes à vue.

Les manifestants de la marche des solidarités ont rappelé qu’on se trouvait « Dans un contexte d’état d’urgence constitutionnalisé où nos libertés reculent et les violences d’Etat gagnent du terrain contre l’ensemble de la population, avec notamment depuis le 17 novembre plus de 1 000 condamnations, près de 3 000 blessé.e-s, dont une centaine gravement, et plus de 20 mutilé.e-s et 1 morte Mme Zineb Redouane. »

Les Gilets jaunes, avaient annoncé que si, à l’issue du grand débat, leurs revendications n’étaient pas satisfaites, ils continueraient jusqu’au bout. Ils ont fait la démonstration qu’après 4 mois, ils sont toujours prêts à le faire.
Mais plus généralement, ce qui vise à être occulté par les médias, c’est que si ce « Grand débat » visait à être un sas de décompression des Gilets jaunes, il avait aussi pour objectif de mettre en œuvre une méthode, celle de la « discussion » plutôt que celle de l’opposition extra-parlementaire dans la rue. En ce sens, en occupant la rue et en suivant la voie des Gilets jaunes, ces plusieurs centaines de milliers de manifestants pour la justice climatique démontrent que pour faire plier Macron, ce sera là aussi par les manifestations de masses qu’ils créeront le rapport de force.

Après le 16 Mars, le 19 sera-t-il aussi une journée surprise pour Macron ?

Si dans les rues s’accumulent les clameurs et la colère, jusqu’à ce jour, au moins une variable est restée stable dans le jeu stratégique de Macron : le rôle de contention joué par les directions des centrales syndicales ouvrières et, en premier lieu, par Martinez, Secrétaire Général de la CGT. Rappelons que, depuis l’apparition du mouvement des Gilets Jaunes, toute jonction avec le mouvement ouvrier organisé a été soigneusement empêchée, y compris au moment du 5 février où Martinez a dû concéder un appel d’une journée à la « grève générale » sans qu’il ait été suivi d’aucune grève reconductible.

Depuis 4 mois, à l’exception de ce moment où les choses auraient eu quelque chance de basculer, l’atonie des organisations du mouvement ouvrier a été extraordinaire ; comme si on attendait que l’épisode « Gilets Jaunes » soit terminé pour reprendre le bon vieux train-train des journées « saute-mouton » et des mouvements à la mort annoncée. Mais l’amplitude que prennent les mouvements dans les rues, la présence de la jeunesse qui fait à nouveau irruption autour de la question climatique, les convergences qui s’annoncent sur le terrain social et politique tendent à changer la donne. Elles ouvrent autant de raisons pour que l’appel de principe au 19 mars soit l’occasion d’une réelle poussée dans les rangs des militants syndicaux et des travailleurs qui aspirent à mettre un coup d’arrêt à Macron, au Medef et à leur monde.

Peut-être est-ce pour ne pas se laisser prendre par surprise par un scénario de ce genre qui organiserait la convergence de toutes les aspirations sociales qui se bousculent actuellement que Macron est redescendu précipitamment de sa montagne.


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