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Vers une nouvelle escalade ?

Des dirigeants prorusses en Ukraine annoncent l’organisation de référendums d’indépendance

Les dirigeants des territoires ukrainiens occupés par l’armée russe de Louhansk, Donetsk, Kherson et Zaporijia ont annoncé ce mardi l’organisation de référendums d’annexion à la Russie à partir de vendredi. Leur intégration à la Russie représenterait une escalade politique majeure ainsi que la marque de la volonté, côté russe, de durcir le conflit.

Nathan Deas

20 septembre 2022

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Crédit photo : AFP

Les administrations prorusses de la région du Donbass, dans l’est de l’Ukraine, vont organiser des référendums pour intégrer la Russie du 23 au 27 septembre, ont rapporté ce mardi 20 septembre leurs autorités et agences de presse officielles. Ces scrutins auront lieu dans les régions de Donetsk et de Louhansk, dont le président russe Vladimir Poutine a reconnu l’indépendance avant de lancer son offensive contre l’Ukraine le 24 février dernier.

La région de Kherson, largement assiégée depuis le début du mois de septembre par les troupes ukrainiennes est également concernée par le référendum. « Je vous informe que conformément au décret, le référendum se tiendra du 23 au 27 septembre 2022 », a indiqué le chef de l’administration d’occupation, Vladimir Saldo, sur Telegram. Le 5 septembre dernier, l’administration russe d’occupation avait annoncé suspendre les préparatifs d’un référendum d’annexion en raison des mouvements militaires ukrainiens dans la région. L’oblast de Zaporijia a également suivi le mouvement, en annonçant un référendum aux mêmes dates. Deux régions que les troupes du Kremlin ne contrôlent pas entièrement.

Ce mardi, le vice-président du Conseil de sécurité de la Fédération de Russie et ancien président russe, Dmitri Medvedev, en personne a affirmé son soutien, à l’organisation de tels référendums. De son côté, l’Ukraine a promis de « liquider » la « menace » russe après ces annonces.

L’intégration à la Russie de ces régions, représenterait une escalade politique considérable. Du côté occidental on promet d’ores et déjà de nouvelles sanctions et un approfondissement des mesures existantes. Un haut fonctionnaire de l’UE cité par le Financial Times donne le ton : « Il s’agirait d’une mesure illégale et de la poursuite de l’agression contre la souveraineté et l’indépendance de l’Ukraine, en violation du droit international (sic) » a-t-il déclaré. Et d’ajouter : « Les référendums n’auraient aucune légitimité et ne seraient pas reconnus, les territoires annexés seront isolés et exposés à des sanctions au même titre que les personnes impliquées (sic) ».

Sous pression, La Russie tente de reprendre l’initiative

L’appel conjoint des oblasts occupés, ce mardi, apparaît comme le signe d’une nervosité accrue dans ces trois régions, cibles d’une contre-offensive ukrainienne d’ampleur. L’armée de Kiev avait annoncé lundi avoir repris le contrôle d’un village à quelques kilomètres seulement de la ville de Lischansk, fief de l’oblast de Louhansk pris de haute lutte par les Russes en juillet.

Mais cette annonce est aussi la marque de la tentative du Kremlin de reprendre l’initiative après les importantes pertes subies sur le terrain militaire depuis début septembre. D’autant plus que, ces dernières semaines, la pression exercée sur Moscou par les partisans d’une annexion complète et d’une mobilisation totale de la Russie dans la guerre s’est faite plus forte. Pour la première fois, on a même pu observer la multiplication de critiques ouvertement adressées à Poutine, depuis l’aile droite nationaliste du pays.

L’enjeu stratégique de ces référendums est d’importance. Les territoires annexés par la Russie se verraient octroyer la protection toute particulière de Moscou et donc toute attaque, notamment ukrainienne, pourrait être considérée comme une agression contre la Russie elle-même. Ce qui pourrait, éventuellement, déclencher le feu nucléaire, puisque selon sa doctrine, la Russie « se réserve le droit d’utiliser son arsenal nucléaire (...) dans le cas d’une agression contre la Fédération de Russie avec des armes conventionnelles, dès lors que l’existence même de l’État serait menacée ». Une option agitée par Dmitri Medvedev en personne ce mardi. Sur Telegram l’ex président russe a déclaré : « Les référendums dans le Donbass sont d’une grande importance non seulement pour la protection systémique des habitants (…), mais aussi pour le rétablissement de la justice historique (…). Empiéter sur le territoire de la Russie est un crime et s’il est commis, cela vous permet d’utiliser toutes les forces de légitime défense. C’est pourquoi ces référendums sont tant redoutés par Kiev et l’Occident, et c’est pourquoi ils doivent être réalisés ». ».

Autre conséquence -ou avantage- de cette stratégie, la reconnaissance par Moscou des référendums de septembre, ouvre potentiellement la voie à une mobilisation générale. Ce mardi, les députés de la Douma russe ont voté en catastrophe une loi qui alourdit les peines pour désertion en cas de mobilisation militaire dans le cas très vague d’un « conflit armé », et cela bien que, la Russie se refuse toujours officiellement à qualifier son « opération militaire spéciale » de guerre pure et simple. Le texte interdit également aux soldats contractuels de démissionner, possibilité qui existait, au moins en théorie, jusqu’à présent.

Pour l’heure cependant, les provinces séparatistes de Louhansk et Donetsk ne sont pas entièrement contrôlées par les troupes du Kremlin. Ces manœuvres de la part de la Russie semblent exprimer avant tout une situation compliquée pour Poutine, sur un plan militaire et politique. Il s’agit pour la Russie de tenter de dissuader ses ennemis extérieurs en agitant la menace nucléaire, tout en faisant retomber la pression interne à travers l’annexion des territoires occupés. Pareillement, la question de l’annonce d’une possible mobilisation générale dans les prochains jours pose des défis logistiques immenses pour l’armée russe mais pourrait aussi ouvrir une brèche de contestation et de résistance de la part de la population russe dont une partie serait envoyée mourir dans une guerre qui n’est pas la sienne.

Pour la classe ouvrière et les classes populaires de Russie et d’Ukraine, mais aussi de tout le continent, le tournant qu’ est en train de prendre la guerre est très grave. Les menaces d’utilisations de l’arme nucléaire, même si tactiques, sont un danger mortel. Plus que jamais le mouvement ouvrier dans doit adopter une position de classe, indépendante de la Russie et de la politique réactionnaires de Zelensky/OTAN.


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