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Urgence à l'hôpital

"Des gens meurent aux urgences faute de moyens !" Les soignants mobilisés à Bordeaux

Alors que la 5ème vague de Covid-19 met l'hôpital public sous tension, les personnels soignants sont descendus dans la rue ce samedi. À Bordeaux, plus de 200 soignants se sont rassemblées Place de la Victoire pour exprimer leur colère contre la casse du système de santé public.

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La cinquième vague met de nouveau l’hôpital public sous tension. Depuis le début de la pandémie, quatre vagues sont passées par là, et face aux conditions de travail déplorables, les défections au sein du personnel hospitalier s’accumulent. Au point que selon le Conseil Scientifique, en octobre dernier 20% des lits étaient fermés par manque de personnel.

Et pour cause, les raisons de la colère sont nombreuses et c’est ce qu’ont exprimé les soignants qui ont à nouveau manifester ce samedi 4 décembre dans toutes la France. A Bordeaux plus de 200 personnes se sont rassemblées Place de la Victoire, avec notamment le collectif des urgences du CHU, composé de travailleurs syndiqués ou non qui dénoncent le sous-effectif chronique à tous les niveaux dans leur service, qui touche à la fois les médecins, les infirmeries, les aides-soignants ou encore les brancardiers.

Alors qu’avant elle n’avait jamais entendu parler de reconversion, Marie*, infirmière aux urgences depuis 18 ans, nous explique que « désormais, il y a des vagues de départ dans tous les corps de métiers ! ». Des défections qui s’expliquent notamment par les horaires décalées, le travail de nuit et le week-end, ainsi que les changements d’emplois du temps à la dernière minute, qui constituent une double-peine pour les parents seuls – souvent des mères célibataires dans ce secteur très féminisé.

Marie dénonce également la précarisation des salariés et l’impact dela casse de leurs conditions de travail sur les patients : « mettre des intérimaires tout le temps fait que les formations en internes sont dégradées. Un autre service, la neuro-vasculaire, doit fermer des lits faute de personnel, ce qui impacte les urgences car les patients doivent attendre sur des brancards vingt-quatre à quarante-huit heures pour avoir un lit ».

Pierre, médecin et représentant du collectif des urgentiste du CHU de Bordeaux, nous livre un témoignage poignant : « C’est très difficile à vivre, il y a des dépressions, des burn-out, il y a même une personne de l’APHP qui s’est immolée. Ils ont réussi à dire qu’il était triste avant, qu’il avait fait une dépression, mais c’est infâme comme manière de traiter les gens. J’ai des amis qui ont formulé des idées suicidaires dans le service mais ils continuent à venir travailler tous les jours parce qu’il faut soigner les gens. Actuellement des gens meurent aux urgences. On les laisse mourir car nous n’avons pas les moyens de les soigner. Aujourd’hui, on soigne des personnes qui font des AVC dans les douches de l’hôpital de Pellegrin ! »

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Cette situation montre que le Ségur de la santé est loin d’avoir répondu aux exigences des soignants face à la casse du système de santé public. C’est contre les conditions d’hospitalisation au rabais et la casse des conditions de travail des soignants, et pour faire cesser les burn-out et les tentatives de suicides chez le personnel hospitalier que Marie, Pierre et ses collègues se battent, aujourd’hui et ont imposé à la direction du groupe hospitalier de les recevoir ce lundi 6 décembre.

Pour Pierre, « ce sont les soignants qui font les soins, donc ce sont les soignants qui doivent reprendre leurs moyens de travail en main ». Comme l’expliquait Marie-Laure Charchar, syndicaliste CGT à la blanchisserie du CHU et militante à Révolution Permanente, elle aussi présente au rassemblement : « c’est parce que nous n’avons aucune confiance dans ceux qui marchandent notre santé, que nous voulons la nationalisation sans rachat de tout le secteur de la santé et de l’industrie pharmaceutique… Et cela sous contrôle des travailleurs et travailleuses qui sont les seuls, avec les usagers, à connaître la réalité des besoins ! »


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