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Justice à deux vitesses

Deux militants menacés de prison pour avoir envahi les locaux de BlackRock

Amil et Mickael militent depuis de nombreuses années. Le 10 février, en pleine bataille contre la réforme des retraites, ils participent à l’envahissement des locaux du géant BlackRock. Leur procès, éminemment politique, est prévu pour novembre prochain : ils risquent jusqu’à 5 ans de prison.

Enora Lorita

29 juin 2020

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Amil le dit haut et fort, pour lui, « BlackRock c’est l’ennemi numéro 1 ». Un mois plus tôt, c’était les cheminots et les machinistes de la RATP en grève qui envahissaient les locaux du plus important gestionnaire d’actifs au monde, en réponse à la nomination officier de la Légion d’Honneur du président de BlackRock par Emmanuel Macron. Le 10 février, c’est au tour de Youth For Climate d’envahir les locaux. Une opération d’invasion et de « redécoration » qui mène aujourd’hui Amil et Mickael devant la justice.

Le plus fort chef d’accusation pesant sur Amil est la complicité de dégradation en réunion, pour lequel la peine maximale est de 5 ans de prison et de 75 000 euros d’amende.

Mais au-delà de l’envahissement de BlackRock, c’est un véritable acharnement judiciaire qui s’abat contre lui puisque la justice voudrait également lui faire porter le chapeau pour l’organisation d’une action de blocage des Champs Elysées en mai dernier. Amil l’explique lui-même : « C’est bizarre qu’un organisateur reçoive par SMS le matin même un point de rendez-vous pour une action dont il serait à la tête, non ? ».

Pour Amil, l’objectif est très clair, criminaliser un militant pour décourager les autres : « Ils veulent me massacrer pour prévenir les autres. Le message envoyé est le suivant : qui fera la même action subira la même sentence. C’est une manière de démotiver tout militant, tuer dans l’œuf le mouvement par une action judiciaire et policière forte. » Afficher au tableau ces deux militants, et mettre une croix dessus : les deux hommes, l’un figure des Gilets Jaunes et l’autre d’Extinction Rebellion, expliquent par exemple que les renseignements territoriaux les appellent par leur prénom ou par l’appellation « Monsieur XR ». C’est d’ailleurs Mickael qui fut le premier interpellé, et ce sont les deux seuls qui auront un procès.

Un de leur avocat, Maître Alexis BAUDELIN, dénonce l’escalade répressive qui évoque notamment les sanctions judiciaires qui tombaient pendant le mouvement des Gilets jaunes : « Est-ce que pour de la peinture sur les murs on doit encourir 5 ans de prison ? ». Ce dernier constate également une interdiction de plus en plus fréquente des manifestations, une technique répressive policière et du parquet qui leur laisse la porte ouverte pour traîner n’importe quel militant en justice.

Selon Amil, la crise sanitaire et l’Etat d’urgence sanitaire sont aujourd’hui utilisés pour restreindre de plus en plus nos droits : « Aujourd’hui, c’est l’Etat d’urgence pour le coronavirus et demain ce sera l’Etat d’urgence pour autre chose, en fin de compte pour plus nous fliquer, pour plus nous limiter dans nos droits, dans la Constitution. Ils changent tout, ils vont diminuer nos salaires de 20%, nous retirer nos vacances. »

A la demande des avocats des militants, qui estiment que le dossier qu’on leur a communiqué est totalement incomplet, le procès des deux hommes initialement prévu le 24 juin est reporté au 4 novembre 2020. Une chose est sure, ce procès sera éminemment politique. Alors que des policiers qui tuent des jeunes de quartiers populaires exercent toujours et que Balkany peut se permettre de danser à la fête de la musique, le cas de ces deux militants nous rappelle une nouvelle fois le caractère de classe de cette justice à deux vitesses.


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