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Impunité policière

Dissolution de la CSI 93. Racket, racisme, violences : « la hiérachie était au courant »

Ce jeudi, le préfet de police a annoncé la dissolution de la CSI 93, une unité dont les agissements scandaleux étaient connus depuis des années. Entre violences, racisme, racket, menaces de viols et usage de faux, ces policiers agissaient en toute impunité depuis plus de six ans.

Prune Fabre

3 juillet 2020

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Ce lundi six policiers de la compagnie de sécurisation et d’intervention de Seine-Saint-Denis (CSI 93) ont fait l’objet d’une enquête pour transports de stupéfiants et faux en écriture. De fait, depuis plusieurs années, entre violences, propos racistes, interpellations arbitraires, confiscation et racket de stupéfiants ou encore procédures falsifiées, la liste des méthodes effroyables employées par cette brigade est très longue. Cette compagnie fait l’objet de dix-sept enquêtes préliminaires menées par le parquet de Bobigny. La première plainte qui a lancé ces enquêtes date de la fin de l’été 2019 et émane d’un homme accusé à tort de détention de cannabis. Ce dernier a été innocenté par un extrait issu d’une caméra de vidéosurveillance d’un commerce de Seine-Saint-Denis. On y voit l’un d’eux jeter un sachet de résine de cannabis au pied d’un homme lors d’un contrôle de police puis l’interpeller pour détention de ce même cannabis. Le jeune homme, qui a témoigné pour France Inter avait également expliqué les violences qu’il a subies « Il y a deux policiers qui me prennent alors les deux jambes et qui me tirent en arrière pour que je tombe la tête la première sur le sol. Tous les policiers se jettent sur moi, m’écrasent, m’étouffent, m’étranglent, me mettent des coups et à partir de là, je n’ai plus rien compris ». Par la suite, de nombreuses plaintes, concernant notamment six policiers de la CSI 93, ont abouties ce lundi à leur interpellation.

D’après Le Parisien : « dès le mois de décembre 2014, la hiérarchie de la compagnie de sécurisation et d’intervention de Seine-Saint-Denis (CSI 93) signalait le comportement odieux et raciste de certains de ces vingt-et-un fonctionnaires. Elle expliquait avoir entendu sur les ondes ses subordonnés se gargariser « de bosser le 31 », seul jour de l’année pour pouvoir « taper » sur certaines personnes » Seule résolution prise à ce moment-là : le transfert dans d’autres brigades des individus problématiques pour la direction. Cela prouve bel et bien qu’il a fallu que l’affaire devienne publique pour que de réelles mesures soient entreprises.
 
C’est finalement ce jeudi que quatre des six policiers interpellés lundi ont été mis en examen à la fin de leur garde à vue et qu’il a été décidé qu’ils ne pourraient plus exercer leur fonction. Dans le même temps le préfet de police a annoncé la dissolution complète du service de la CSI 93.
 
Cette affaire rappelle le procès de 18 anciens membres d’une BAC des quartiers nord de Marseille en juin 2019 pour des faits remontants à 2011 : vols de drogue ou d’argent lors d’interventions dans des cités. Lors de perquisitions à leur domicile des nombreux stupéfiants ont été trouvé à l’instar d’une planque de drogue récemment découverte à proximité d’un CSI93. Cela montre que les agissements des policiers de la CSI93 ne sont pas des faits exceptionnels mais plutôt le fonctionnement habituel de la police dans les quartiers populaires. D’ailleurs ces agissements étaient cautionnés par leur hiérarchie comme l’affirme un membre du CSI 93 à LCI : « Elle est au courant car ça se passe sous ses yeux. Et elle l’encourage car ça fait plaisir à tout le monde car derrière tout cela, il y a une culture du chiffre. […] Toute la hiérarchie est au courant. Ça part du chef de section au major de compagnie, à l’officier et au chef de service. »

Ces révélations montrent donc bien que c’est tout un système qui est touché et non quelques individus. Et si ces quelques policiers sont aujourd’hui condamnés du fait de l’ampleur prise par l’affaire combiné à la nécessité de montrer patte blanche pour l’institution policière confrontée à une mobilisation historique contre les violences policières, ces condamnations individuelles visent à couvrir des pratiques systématiques, cautionnées et même encouragées, en les faisant passer pour les dérives de quelques policiers problématiques. Pourtant, c’est le système policier raciste qui défend les intérêts des classes dominantes qui continue à perdurer au-delà des individus épisodiquement mis au ban de l’institution. La même institution qui entretient l’impunité dans l’extrême majorité des cas de violences policières dans les quartiers populaires, à l’instar de la mort d’Adama Traoré, qui aujourd’hui soulève les foules pour dire stop aux violences policières et au racisme d’État.


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