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Un exécutif de plus en plus isolé

Division au sein de la majorité : travailler plus vieux ou beaucoup plus vieux ?

Alors que l’exécutif est embourbé dans une crise politique profonde dont il peine à sortir, et que Macron se retrouve de plus en plus isolé, les tensions et divisions au sein de la majorité s’approfondissent. Après la loi Asile et Immigration, la loi anti-casseur, c’est maintenant sur l’âge de départ à la retraite et son possible allongement que la majorité se retrouve divisée.

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Peu de temps après le début du quinquennat, des divisions au sein de la majorité s’étaient déjà faites ressentir, notamment autour de la très répressive loi Asile et Immigration portée par Gérard Collomb, qui entérine et approfondit la traque aux migrants menée par l’État français, et dont certaines mesures étaient critiquées au sein même de la majorité.

Aujourd’hui, ces tensions et divisions en internes ne se sont pas évaporées et tendent au contraire à s’approfondir en même temps que les éléments de crise que traverse Macron et l’exécutif.

Dans le contexte actuel de crise politique et sociale, avec le mouvement des Gilets jaunes qui dure depuis plus de 4 mois et que l’exécutif n’arrive toujours pas à éteindre, les tensions se ravivent. Après les divergences exprimées autour de la loi anti casseur – réaction ultra répressive face aux évènements semi insurrectionnels des 1er et 8 décembre, à coup d’attaque liberticides à l’encontre de nos droits démocratiques– et notamment autour de l’article 3 et l’interdiction administrative de manifester, qui vient par ailleurs d’être jugé inconstitutionnel par le Conseil constitutionnel, représentant un réel camouflet pour Macron, ainsi que les récents départs de Benjamin Griveaux et de Mounir Majhoubi qui sont les 9ème et 10ème ministres à quitter le navire, c’est autour de la question de l’allongement de l’âge de départ à la retraite que la majorité s’est fracturée.

Alors que le gouvernement saigne les retraités depuis le début du quinquennat, la mesure de l’allongement du départ à la retraite est présentée par le gouvernement, dans le contexte du grand débat national, comme une des mesures permettant de sortir de la crise des Gilets jaunes. Étant présentée comme l’une des conditions pour permettre le « financement de la dépendance », et permettre possiblement une ré-indexation des pensions de retraites que le gouvernement actuel a lui-même gelé : «  on peut se poser la question de savoir si un jour, pour dégager ces moyens financiers, l’équilibre sera de dire travaillons un peu plus longtemps pour faire en sorte que la dépendance soit totalement prise en charge », a déclaré Édouard Philippe. Une belle manœuvre et pirouette pour légitimer et faire passer la pilule de cette énième attaque antisociale, qui vise à exploiter et précariser toujours plus longtemps.

Depuis ces déclarations, qui ont été appuyées par le président Macron et par Agnès Buzyn, cette mesure, qui s’inscrit dans le cadre de la réforme hautement explosive des retraites, fait couler beaucoup d’encre au sein de la République en Marche.

Ces prises de positions ont en effet provoqué une levée de boucliers au sein même de plusieurs députés en Marche. Les lignes de fractures s’étant exprimées de manière explicites et publiques. Ainsi, un texte de Corinne Vignon, députée LaREM de Haute-Garonne, visant à rappeler son attachement au maintien de l’âge légal de départ à la retraite, 62 ans, signé par 35 députés, devait être publié dans les colonnes du Parisien le weekend. Il n’est cependant finalement pas sorti.

Dans ce contexte, et afin de donner des gages et de rassurer les troupes dissidentes - qui voient probablement le potentiel explosif d’ajouter cette mesure à une réforme déjà profondément antisociale en pleine crise des Gilets jaunes - le patron du groupe La République en marche, Stanislas Guerini, et le chef de file de la majorité à l’Assemblée nationale, Gilles Le Gendre, sont montés au créneau :
« L’âge pivot de 62 ans ne bougera pas (...) considérons la polémique refermée  », a déclaré Gilles Le Gendre sur Europe 1.

Des déclarations qui n’ont pas été bien reçues du côté de l’exécutif… D’après les informations du Parisien ,Édouard Philippe était « furieux » en découvrant la sortie de Gilles Le Gendre sur le sujet. Un proche de ce dernier a en effet déclaré ceci : « Édouard Philippe est furieux. Le Gendre ne tient plus rien dans son groupe. Il la joue comme ça parce qu’il flippe comme un malade pour sa réélection, il essaie de fédérer les parlementaires, en particulier l’aile gauche de la majorité ». Jeudi, Bruno Le Maire et Gérald Darmanin sont montés au créneau pour défendre cette mesure et assurer que les discussions étaient en cours.

Tout ceci dévoile des dissidences et fractures profondes qui existent au sein de la République en marche et qui tendent à s’approfondir dans le contexte de crise actuelle et structurelle du macronisme. Témoignant dés lors de l’échec du projet rassembleur de Macron, au travers de sa rhétorique ni de droite ni de gauche, à l’heure où ce dernier se retrouve de plus en plus isolé et où les divergences à l’égard de sa politique s’expriment de plus en plus.

De plus, les positions dissidentes des députés en marche pourraient avoir plus de poids dans la séquence à venir du fait de la position de Jean-Paul Delevoye, haut commissaire en charge de la réforme des retraites, qui a menacé de démissionner. Un nouveau revers pour le gouvernement si ce dernier était amené à démissionner de sa mission.

crédit photo : CHARLES PLATIAU / POOL / AFP


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