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Droit de retrait à la SNCF : Edouard Philippe passe sous silence l’accident et intimide les cheminots

Hier les cheminots ont exercé massivement leur droit de retrait, après l’accident d’un train transportant 70 passagers dans les Ardennes, qui a fait 11 blessés. Edouard Philippe a affirmé ce matin que les perturbations d’hier sur le trafic ferroviaire seraient dûes à « la volonté de ne pas respecter la loi sur la grève dans les services publics ». Le chef du gouvernement élude ici complétement la vraie raison de l’exercice du droit de retrait par les cheminots, à savoir les risques que les suppressions de poste à la SNCF font peser sur les salariés et les usagers du rail, et menace les cheminots de représailles.

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Hier déjà, la direction de la SNCF adressait des mises en demeure aux cheminots qui exerçaient leur droit de retrait, leur enjoignant de reprendre le travail sous peine de « poursuites disciplinaires ». Le ministre des Transports Jean-Baptiste Djebbari accusait les cheminots « d’instrumentaliser » l’accident de train qui a eu lieu mercredi dans les Ardennes, tandis que le directeur de SNCF TER Franck Lacroix le banalisait en expliquant qu’aucun usager n’a été mis en « situation de danger », alors même qu’il s’agit d’un train qui a déraillé et d’un accident qui a fait des blessés !

Aujourd’hui le gouvernement persiste et signe puisque c’est Edouard Philippe qui a dénoncé une situation « inacceptable », en accusant les cheminots « d’empêcher » des « dizaines de milliers de français » de partir en vacances, par le « détournement du droit de retrait », et déclarait : « j’ai demandé à la SNCF d’examiner toutes les suites, y compris judiciaires, qui pouvaient être données lorsque des gens ne respectent pas la loi ». Pourtant, l’article L.4131-3 du Code du Travail est clair : « aucune sanction, aucune retenue de salaire ne peut être prise à l’encontre d’un travailleur ou d’un groupe de travailleurs qui se sont retirés d’une situation de travail dont ils avaient un motif raisonnable de penser qu’elle présentait un danger grave et imminent pour la vie ou la santé de chacun d’eux ». Ce sont donc ces mises en demeure et ces menaces de poursuites judiciaires à l’encontre des cheminots qui sont dans l’illégalité la plus totale. Dans plusieurs régions, cela a déjà été pointé par les inspections du travail, qui ont validé le droit des cheminots à exercer leur droit de retrait.

Cela fait 10 ans que la SNCF fait rouler des trains voyageurs en Equipement Agent Seul (EAS), c’est-à-dire avec seulement un agent à bord pour conduire le train, faire les annonces, et assurer la sécurité des passagers. Et cela fait 10 ans que les cheminots protestent contre cette mesure que la direction de la SNCF entend aujourd’hui généraliser malgré la dangerosité que l’accident en Champagne Ardennes n’a fait que dévoiler au grand jour. En effet, l’accident qui a eu lieu mercredi pose question, puisque c’est le conducteur blessé à la jambe par le choc provoqué par l’accident, qui a vu sa radio endommagée, et a dû sortir du train, marcher un 1.5km pour déclencher la procédure d’arrêt du trafic et éviter qu’un autre train ne vienne percuter les rames accidentées à l’arrêt, avant de revenir à bord du train pour assurer la sécurité des 70 voyageurs. En ne laissant qu’un seul agent à bord, la SNCF prend ainsi d’énormes risques. Que se serait-il passé si le conducteur n’avait pas été en état de faire les 1.5km assez rapidement pour éviter un drame ?

Ainsi le gouvernement nie la gravité de l’accident qui a eu lieu mercredi. Il faut dire que le Pacte ferroviaire mis en place par le duo Macron-Philippe en 2018 pour privatiser la SNCF a aggravé la situation en détériorant encore un peu plus les conditions de travail des cheminots. Pour cela il tente d’imputer aux salariés la responsabilité de l’interruption du trafic hier, et l’impact sur les voyageurs. Mais si les cheminots ont exercé leur droit de grève c’est justement pour exiger la garantie de sécurité pour eux et les usagers des transports ferroviaires.

En réalité, ces tentatives d’intimidations contre les cheminots cachent mal la fébrilité d’un gouvernement, qui craint de devoir affronter la colère des cheminots au moment où la CGT, SUD, et FO appellent à la grève le 5 décembre contre la réforme des retraites et que de nombreux secteurs se préparent à la reconductible impulsée par les salariés de la RATP.


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