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Aucune négociation, retrait total !

Du retrait de l’âge pivot au maintien d’un âge d’équilibre : l’enfumage d’Edouard Philippe

Si le retrait de l’âge-pivot est présenté comme une concession faite par le gouvernement, son frère jumeau, le principe d’âge d’équilibre financier, demeure dans le projet de loi et s’impose comme une condition non-négociable dans le cadre de la conférence de financement voulue par Laurent Berger.

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Dans sa lettre du samedi 11 janvier à l’adresse des organisations syndicales et patronales, Edouard Philippe a annoncé le retrait de “l’âge-pivot” du projet de loi, tout en reprenant à son compte la proposition de la CFDT d’organiser une “conférence de financement” du système de retraite. Si cet “âge-pivot” constituait pour la CFDT une “ligne rouge”, le premier ministre ne cède en rien sur le principe de ce paramètre de la réforme : fixer un “âge d’équilibre” financier. En effet, cette conférence de financement, aura la charge de résoudre une équation impossible - celle de trouver un moyen de financement sans "baisse des pensions" ni "hausse du coût du travail” - si ce n’est en rétablissant, sous une autre appellation, l’âge-pivot cher à Edouard Philippe. Il faut dire que, comme nous l’expliquions dans notre article Retraites par points. Comment une crise économique influera sur l’âge de départ et la valeur du point, la question de l’âge de départ à la retraite est l’une des deux variables d’ajustement, avec la valeur du point, pour maintenir le sacro-saint équilibre de financement du système voulu par le gouvernement. Ainsi, hors de question de toucher à la part du produit intérieur brut consacré au retraites et fixé de manière immuable à hauteur 14% : Pour assurer cet équilibre, il s’agira plutôt de faire payer le prix fort des aléas économiques, aux travailleurs et aux classes populaires.

Et dans l’hypothèse où cette conférence ne serait pas en mesure de formuler une alternative, l’exécutif se donne la possibilité de recourir à des ordonnances : « Dans l’hypothèse où un accord ne pourrait intervenir, ajoute le Premier ministre, le gouvernement […] prendra par ordonnances les mesures nécessaires pour atteindre l’équilibre d’ici 2027 et financer les nouvelles mesures de progrès social. » De fait, le gouvernement s’efforce d’imposer, par différents chemins de traverse (l’âge-pivot, l’âge d’équilibre) un recul de l’âge de départ effectif à la retraite.

Alors que le gouvernement s’est efforcé de faire apparaître ce “retrait” temporaire de l’âge-pivot comme une concession à-même de raccrocher à son projet de réforme la CFDT et l’UNSA, cette annonce n’est pas sans rappeler la récente manoeuvre de l’exécutif pour faire passer la réforme de l’assurance chômage. En effet, le gouvernement, après avoir permis aux directions syndicales de discuter de la réforme, mais dans le cadre d’objectifs et de conditions fixés par avance, s’était empressé d’y mettre un terme, dans les circonstances que rappel Viktor Frédéric, journaliste à France TV : « Rappelez-vous Emmanuel Macron ouvre des négociations sur l’assurance chômage et fixe deux objectifs aux partenaires sociaux, dégager entre 1 et 1,3 milliard d’euros d’économies par an et encadrer les contrats courts [...] Après des mois de négociations, c’est l’impasse, les discussions sont rompues. Résultat, le gouvernement reprend la main sur le dossier et impose ses choix, l’accès aux indemnités est durci et le système de bonus-malus va encadrer l’abus des contrats courts. Les partenaires sociaux sont tous perdants ». Avec la réforme des retraites, le scénario semble se répéter.

Entre l’âge-pivot initial, et le principe d’âge d’équilibre maintenu dans le projet de loi, seul pourrait subsister une différence dans le temps de sa mise en application. Si l’âge-pivot devait commencer à être opérationnel dès 2020, son frère jumeau, l’âge-d’équilibre, pourrait être effectif au plus tard en 2037, mais comme le relève une journaliste de France Info, « cette mesure peut aussi intervenir plus tôt. Car la Caisse nationale de retraite universelle, qui doit être créée en décembre 2020, aura un rôle de veille et d’alerte sur l’équilibre financier du système. En cas de risque, le gouvernement peut parfaitement décider, avant 2037, de réimposer l’âge pivot, au nom de la règle d’or exigeant l’équilibre du système de retraite sur cinq ans ».

Mais si cette opération de la part de l’exécutif vise à pouvoir s’appuyer de nouveau sur la CFDT et l’UNSA pour faire passer la réforme, ce “retrait” de l’âge-pivot ne répond pas au motivations d’une grève contre le projet de réforme dans son ensemble, qui constitue une véritable offensive néolibérale contre les tous les travailleurs et les travailleuses. En ce sens, selon le dernier baromètre Harris Interactive, “au 41e jour de grève, 60% des Français indiquent soutenir le mouvement de contestation contre la réforme des retraites" et ce alors même que la “concession” d’Edouard Philippe envers la CFDT avait été annoncée samedi. Ce jeudi, de nombreux cortèges défileront dans les rues pour faire masse aux côtés des grévistes de la RATP et de la SNCF et entraîner l’ensemble des secteurs du privé comme du public contre la réforme des retraites, mais aussi pour de nouveau mettre en avant la question déjà posée par les gilets jaunes : quel projet de société opposer au monde de précarité que nous impose Macron ?

Crédits photo : AFP - Lionel Bonaventure


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