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Le rouleau compresseur patronal à pleine puissance

EDF. Mouvement de grève face à l’annonce de 3350 suppressions de postes

Fredéric Apoyo La rumeur se faisait insistante ces dernières semaines, elle a été confirmée ce jeudi. EDF prévoit la suppression de 3350 postes sur l'ensemble des branches de l’entreprisse, avec un impact plus important concernant les services commerces, et ce malgré la solidité financière affichée par le groupe.

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« Pour s’adapter à son environnement et mettre en œuvre les choix stratégiques de son projet CAP 2030, EDF SA optimise ses ressources en diminuant le nombre de recrutements et en réduisant toutes ses dépenses d’exploitation. Cela devrait se traduire par une baisse des effectifs de 5% sur le périmètre d’EDF SA, sans aucun licenciement, sur la période 2016-2018 » a déclaré le groupe à la sortie du comité d’entreprise de ce jeudi. Ces suppressions d’emplois concernent les 67 000 salariés d’EDF, et touchent donc à toutes les branches de l’entreprise, avec un impact supérieur sur le secteur du commerce.

Pour arriver à cet objectif de réduction de 5%, EDF base sa stratégie sur le non renouvellement de postes vacant lors de départs en retraite. Pour justifier cette politique, EDF a mis en avant le fait d’avoir massivement recruté lors de la période 2010-2014, avec 6 000 emplois créés, et qu’il convient de réduire ces effectifs afin d’optimiser ses ressources actuelles pour faire face à la concurrence. « Cette gestion des ressources s’inscrit dans un environnement marqué par une concurrence accrue et des conditions de marché défavorables en France et en Europe qui nécessite une adaptation de l’entreprise », résume ainsi l’entreprise. Une pilule qui a du mal à passer tant le géant énergétique génère de bénéfices, et se retrouve dans une situation financière solide.

En effet, fin 2015, EDF disposait de 33,1 milliards d’euros de liquidités brutes, dont 22,2 milliards de trésorerie, alors que le groupe ne devra rembourser que 1,4 milliard d’euros de dette obligataire dans les 12 prochains mois. Un bilan encore meilleur que celui de 2014, avec 28,4 milliards d’euros de liquidités brutes, dont 17,7 milliards de trésorerie. Des chiffres astronomiques qui, corrélé à l’annonce de la suppression de 3350 postes en 2 ans, ont considérablement tendu le climat au sein de l’entreprise.

Grève ce jeudi. Le climat social se tend à EDF

Les syndicats avaient en effet appelé à la grève ce jeudi, contre les suppressions de postes, contre la fermeture envisagée de la centrale nucléaire de Fessenheim, contre le démantèlement de l’entreprise et contre la gestion du temps de travail. Un éventail de revendications qui englobait également les questions salariales. A Lyon, un millier de salariés ont manifesté dans le centre-ville ; rassemblements à Cergy, Crenais, dans l’Orne et sur d’autres sites du groupe, menace de coupure de la ligne de la Zone industrielle à Limoges, les salariés ont montré leur volonté de réagir. La presse patronale craint d’ailleurs « une grève plus longue que les précédentes » du fait de la tension qui règne parmi les salariés. D’après la direction, cette première journée aurait touché 21% des salariés, obligeant la France à importer 2.000 mégawatts (MW) d’électricité jeudi à 16h.

L’appétit vorace de la direction d’EDF ne semble pouvoir se contenter de ces quelques dizaines de milliards de bénéfices. En supprimant 3350 postes, le géant de l’énergie française souhaite avant tout maximiser les profits en réduisant les coûts salariaux, dans l’application stricte de la recherche de plus-value ad vitam aeternam. Une belle démonstration qui fait s’effondrer tel un château de carte le modéle capitaliste vertueux que Macron a ardemment défendu sur les ondes de RMC face à Mickaël Wamen. L’impact direct sur les salariés sera une détérioration des conditions de travail - qui s’exprime parfois de la manière la plus violente qui soit- par le biais d’un maintien (et un accroissement) du rendement tout en réduisant les effectifs. En ce sens, la grève de ce jeudi constitue un premier acte de résistance face au rouleau compresseur patronal. Une première bataille qui en appelle d’autres pour opposer à la politique de la direction d’EDF un rapport de force suffisant pour la faire reculer.


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