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Nous ne paierons par leur crise !

EDF prépare un vaste plan d’économies : nouvelle attaque contre les travailleurs ?

Le groupe devrait, selon une information du Monde, lancer un plan d’économies à la hauteur de 2 ou 3 milliards d’euros. EDF explorerait plusieurs alternatives : des cessations d’actifs, un gel des embauches ainsi que des restrictions budgétaires à tous les étages.

Nathan Deas

7 juillet 2020

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Dans l’industrie, la cure d’austérité semble devoir continuer. Après l’aéronautique et Boeing, Daher, General Electric, Bombardier ou encore Airbus, l’automobile et Renault, Volkswagen, Ford ou encore Honda, c’est au tour du premier producteur d’électricité d’Europe de se préparer à une restructuration importante.

Ainsi, selon Le Monde,un vaste plan d’économies, baptisé « Mimosa », serait à l’étude en interne. La direction aurait demandé aux différentes branches et filiales de présenter des budgets revus à la baisse. Le Monde, qui a pu observer ces documents,révèle la volonté du groupe de réduire ses dépenses d’exploitation et ses investissements. Une source explique : « Pour atteindre 2,5 milliards d’euros d’économies, il n’y pas beaucoup de choix, il faudra faire une grosse cession ». « On nous a demandé de faire remonter toutes les possibilités d’économies », confirme le responsable d’une filiale interviewé par Le Monde. Une information confirmée par la direction d’EDF, interrogée par Le Monde : elle corrobore cette information, sans néanmoins en dévoiler les détails, qui devraient être présentés le 30 juillet au conseil d’administration.

Deux sources sollicitées par Reuters ont estimé que le plan « Mimosa » devrait se situer entre deux et trois milliards d’euros, sans pour autant expliquer quels seraient les leviers d’économies, non officiellement identifiés pour l’heure : « C’est plutôt pour l’instant un appel à serrer les boulons de la part de la direction financière dans les différentes entités »

Le PDG d’EDF, Jean-Bernard Lévy, dans le journal interne d’EDF daté du 3 juillet, donnait une teneur officielle à ce plan et l’expliquait sous le prisme des difficultés connues par le groupe au regard de la crise sanitaire et économique : « Certains ont entendu parler d’un plan d’économie baptisé « Mimosa ». Ces économies sont nécessaires pour répondre aux conséquences de la crise sur notre capacité à produire et sur la baisse de la consommation qui nous ont obligés à revoir notre objectif d’excédent brut pour 2020 comme pour 2021 ».

Une dette de 50 milliards d’euros accentuée par la crise sanitaire

EDF n’en est pas à son coup d’essai quant aux cures d’austérité.En 2016, au moment de sa recapitalisation par l’État, l’entreprise s’était déjà engagée à faire des économies d’un milliard par an et à la cessation de 10 milliards d’actifs.

Pendant le confinement, la fermeture d’un large panel de l’économie française a provoqué une chute de la consommation de 20% et une baisse du chiffre d’affaire de 250 millions d’euros sur le premier semestre. Dans le même temps, l’ensemble des opérations de maintenance sur les calendriers nucléaires ont du être décalées. L’entreprise estime que sa production énergétique nucléaire sera en conséquence en forte baisse en 2020, autour de 315 terrawattheures (TWh), contre 393 TWh en 2018.

Déjà en situation critique avant la crise sanitaire, puisqu’en 2019 le groupe était déjà endetté de 41 milliards d’euros, le groupe estime que d’ici 2022 la dette pourrait atteindre les 50 milliards d’euros et ce alors que depuis deux ans EDF perd 100 000 clients par mois.

Divers scénarios à l’étude : les travailleurs doivent se préparer à des attaques

Selon le Monde, le groupe : « étudie plusieurs possibilités : des cessions d’actifs importants, un gel des embauches et des investissements, tout en cherchant des réductions budgétaires à tous les étages ». Les contours de ce futur plan d’économies restent pour l’heure extrêmement flous et les travailleurs du groupe doivent se préparer à des possibles attaques.

De nouvelles cessions d’actifs seraient à l’étude selon Le Monde. Une décision qui poursuivrait le processus de privatisation d’EDF et qui se ferait alors dans la continuité du plan Hercule, piloté par l’Elysée en 2016, qui visait à diviser l’entreprise en deux entités. Une partie« bleue » renationalisée réunirait « le nucléaire, les actifs hydrauliques et le transport d’électricité (RTE) » tandis qu’une partie « verte » avancerait dans la privatisation avec une ouverture plus grande de son capital et regrouperait « les énergies renouvelables (éolien et solaire), le commerce, le réseau de distribution Enedis et les services à l’énergie Dalkia ». Pour mémoire, EDF est passée en 2004 du statut d’entreprise publique à celui de société anonyme dont l’État est actionnaire majoritaire à 83,7%. Depuis, ce sont 5 000 postes qui ont été supprimés, tandis que les tarifs de l’électricité ont augmenté de 35% et alors même que le service s’est dégradé et que les inégalités face à l’énergie se sont accentuées. De plus, derrière la privatisation se cache une logique de destruction des conquêtes ouvrières, telles que le statut des électriciens et gaziers au profit d’une dégradation de l’emploi.

Mais alors que le groupe a déjà engagé entre 2015 et 2019 plus d’1,2 milliards d’économies et achevé un plan de cession d’actifs d’environ 10 milliards d’euros, un nouvel effort de 3 milliards serait très inquiétant selon un syndicaliste : « D’autant qu’on n’a plus grand-chose à vendre qui ne soit pas stratégique ». Les travailleurs doivent donc se préparer à de potentielles attaques, cette fois plus directes, et à de potentielles suppressions de postes.

Face à ces potentielles attaques il s’agira de lutte, le cas échéant, pour l’interdiction des licenciements et/ou des baisses de salaire, car les travailleurs n’ont pas à être une variable d’ajustement. L’électricité, le gaz, le chauffage, etc, doivent plus que jamais retourner dans le domaine public et sortir des règles de concurrence et d’endettement, qui font à chaque fois un peu plus pénétrer la logique de rentabilité au détriment des besoins effectifs en terme de service public. Pour les travailleurs, il conviendra une nouvelle fois de lutter contre ces probables nouvelles attaques, afin d’enfin mettre un stop aux politiques néo-libérales de destruction du service public.


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