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500 signatures contre le débat démocratique

Echos de campagne #2. A la recherche de parrainages en pays d’Othe et autour de Meaux

La Cinquième République et son élection présidentielle : pas démocratique...et pas écolo non plus. C'est ce dont on fait l'expérience quand, militant pour la révolution et le socialisme, on se trouve obligé de se jeter sur les routes du pays pour regrouper 500 parrainages de maires et permettre ainsi la candidature du seul ouvrier qui se présente en 2017 : Philippe Poutou, avec le NPA. Cette mesure inique pèse fortement sur la possibilité pour nous d'exprimer nos idées, et de porter les intérêts des exploités et des opprimés au moins aussi fidèlement que les grands partis ne le font avec ceux des exploiteurs. Cela six mois à peine après un printemps où le dogme d'un capitalisme-seul-monde-possible a pourtant été battu en brèche. Mais contre cette injustice comme contre les autres, on lutte ! Et, ce faisant, on rencontre des dizaines de maires de villages et petits bourgs, qui nous parlent de la vie qui est réservée aux petits, à ceux d’en-bas, dans les zones rurales. Guillaume Vadot

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En pays d’Othe, la désertification et l’effondrement du pouvoir d’achat


Le pays d’Othe, connu pour son cidre, est situé entre les départements de l’Aube et de l’Yonne, au Sud-Est de Troyes. En une journée, le camarade avec qui je faisais équipe et moi avons pu nous rendre dans une dizaines communes, et rencontrer leur maire dans la majorité des cas. L’occasion, à plusieurs reprises, de longues discussions sur la situation des villages et de leurs habitants. Avec des constantes : la fermeture progressive de la majorité des petits commerces, ou leur regroupement autour de la nationale, devant la hausse du crédit, la baisse des marges et de la clientèle qui va avec celle de la population. Dans le plus gros des bourgs par lesquels nous passons, 1 000 habitants tout de même, le bureau de poste a fermé, et il n’y a plus de distributeur automatique de billets. Les très nombreuses personnes âgées, dont plusieurs n’ont pas les moyens de posséder une voiture – les retraites des agriculteurs sont honteusement basses, sous le seuil de pauvreté pour la plupart – ou ne peuvent plus conduire pour des raisons de santé, doivent prendre les rares bus pour aller retirer ou faire leurs courses, quand elles ne sont pas carrément obligées de faire des kilomètres à vélo. Elles souffrent aussi de ce que la mairie n’a pas les moyens de mettre en place un système de distribution de repas chauds. Il faut dire que le budget communal est grévé par la mise en place de l’intercommunalité, qui concentre les moyens existants, et déjà trop limités, à un échelon supérieur. Ailleurs, sur les trente-six exploitations agricoles en activité en 1980, il n’en reste plus que six, et le maire nous annonce déjà que cinq mettront bientôt la clé sous la porte.

Le pays d’Othe attire bien quelques touristes, mais sans commune mesure avec ces villages de Bourgogne, par exemple, où s’est créé un marché de l’immobilier qui, par ailleurs, pénalise les habitants avec la hausse des prix. C’est un territoire populaire, et cela se voit jusque dans la composition des équipes municipales : un ancien ouvrier de l’automobile, un coiffeur, des agriculteurs à la retraite. Nombre de ces élus locaux sont clairs sur leur dégoût du système actuel qui confine à la marginalité et à la surexploitation les populations qu’ils et elles représentent, des politiciens professionnels et de leurs affaires. C’est ce qui les rend sensibles à la figure de l’ouvrier anticapitaliste de chez Ford à Blanquefort. Même si, en l’occurrence, tous sont restés sur la réserve, gardant pour eux leur parrainage, de peur qu’un positionnement de leur part leur soit reproché par les habitants. Le piège des présidentielles sous la Cinquième République est bien ficelé.

Sale journée autour de Meaux : l’ombre de Jean-François Copé ?


Douze heures sur les routes, dix communes et dix refus, presque sans discussion. C’est aussi cela la recherche de parrainages. En pays fertais, autour de la Marne, juste après Meaux en venant de Paris, la quasi totalité des maires que l’on a rencontré sont aux Républicains, ou « divers droite ». L’un d’eux, en nous éconduisant en quelques secondes, nous lance : « c’est tout vu. Je ne vais pas aider un type qui, s’il est élu, me passera une corde autour du cou ». La région est en effet plus aisée que la précédente, et le maire fait partie de ces gros exploitants agricoles qui jouent un rôle dominant à l’échelle locale. Pour les autres, quand ils sont là (les fêtes arrivent et cela joue, aussi), ils affirment nettement dès le premier abord qu’ils n’ont jamais donné leur signature – sauf un qui l’a déjà fait, à droite – et ne le feront pas plus cette année. Pas moyen de discuter. A deux reprises, des secrétaires de Mairie évoquent le Maire de Meaux, Jean-François Copé, l’homme au pain au chocolat : est-ce pour nous faire entendre que son influence pèse trop lourd ici pour qu’un édile fasse un pas de côté et permette au débat démocratique d’exister en l’ouvrant à un candidat comme Philippe Poutou ? On peut le supposer.

Quoi qu’il en soit, c’est avec ces employées municipales (en l’occurrence, il n’y avait que des femmes) que les conversations ont été les plus enrichissantes aujourd’hui, et de loin. L’une d’elles assure seule le poste d’accueil à la mairie, et celui du bureau de poste, qui sont mitoyens, et nous exprimait son agacement devant les programmes des grands candidats, qui partent tous du principe que l’on aurait du temps à revendre quand on est fonctionnaire. Une autre nous raconte comment les effectifs ont fondu jusqu’à ce qu’elle se retrouve seule en mairie, et écope en plus de services autrefois assurés par le Trésor public, dont l’antenne a fermé. La proximité avec Paris et le 93, et les moindres coûts de logement, font aussi de ces villages des lieux d’habitations de nombreux travailleurs, dont beaucoup sont issus des diasporas africaines. Voilà donc sur quelles réalités cette droite copéiste qui domine parmi les maires et les notabilités locales vient servir de couvercle.


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