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De la « bifle » à l’opposition à la PMA

Edouard Philippe ou le sexisme ordinaire à Matignon

On savait déjà qu’Edouard Philippe ne serait pas l’ami des travailleurs. Mais à en croire son penchant pour les remarques sexistes et son opposition à toute avancée pour l’égalité de genre en tant que parlementaire, il y a fort à parier qu’il ne saura pas non plus celui des femmes.

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Edouard Philippe a une aversion pour l’égalité hommes-femmes. Que l’on se penche du côté de ses écrits littéraires, de son activité sur les réseaux sociaux ou de ses votes en tant que député à l’Assemblée Nationale : tout indique que le nouveau premier ministre a une considération très basse du genre féminin. Un sexisme ordinaire compatible avec le programme de son nouveau gouvernement.

Le sexisme comme source d’inspiration

Homme politique, ancien avocat d’affaires et ex-directeur des relations publiques chez Areva, Edouard Philippe est aussi l’auteur de deux fictions politiques inspirées de la réalité. Dans son dernier roman, Dans l’ombre (JCLattès, 2011), co-écrit avec son collègue Gilles Boyer, les considérations misogynes sont omniprésentes.

A propos d’une opposante politique, il écrit :

« Elle avait en elle cette imperceptible sécheresse des femmes qui ne seraient jamais mères, ce qui en faisait, assurément, une redoutable politique : un cœur d’homme dans un corps de femme. »

Ou encore plus loinà propos d’une femme, Marilyn, que le narrateur tente de séduire :

« Tout le monde se demandait quel serait le premier député à pouvoir faire état de ce trophée »

« Marilyn a des petits seins. Normalement, je n’aime pas ça. Mon truc, je l’avoue, ce sont plutôt les poitrines un peu rondes. […] Une vraie poitrine, c’est rond, c’est confortable, c’est accueillant et on doit pouvoir mettre son nez au milieu avec jubilation. »

« Fiction ! », se sont empressés de rétorquer certains, à l’image de Libération, comme si ses détracteurs ne comprenaient rien au style littéraire. Sauf que beaucoup de critiques voient dans le héros de ce roman la figure du nouveau premier ministre. Lui-même confiait d’ailleurs à propos de ses écrits : « Rien n’est vrai mais tout n’est pas faux ».

Un penchant pour le sexisme graveleux qui semble confirmer par son activité sur les réseaux sociaux, à l’image de ses « likes » sur Twitter passés à la moulinette par Buzzfeed.

Première petite perle, ce « like » d’un jeu de mot avec la maison d’édition Flammarion - somme toute pas très recherché - sur la « bifle ». Contraction de « gifle » et de « bite », la « bifle » signifie l’acte de frapper quelqu’un avec son pénis sur la joue.

Un attrait pour l’humour viriliste de bas-étage confirmé par d’autres publications que le nouveau premier ministre a aimé. A l’image de cette autre (mauvaise) blague sur les « suce-pets » :

On l’aura compris, Edouard Philippe est un « mâle », un vrai, adepte des blagues bien lourdes, et sa considération pour les femmes semble se limiter à leur grosse poitrine et aux parties de jambes en l’air. Rien d’étonnant dès lors que celui-ci se soit abstenu sur toute avancée du droit des femmes et des personnes LGBTI lorsqu’il était parlementaire.{{}}

Un député opposé à toute avancée du droit des femmes et personnes LGBTI

Députe de la 7è circonscription de Seine-Maritime, Edouard Philippe siège à l’Assemblée Nationale depuis 2012. En bon cumulard, celui-ci n’assiste pas souvent aux séances parlementaires mais on peut en revanche compter sur lui pour s’abstenir sur toute avancée du droit des femmes et des personnes LGBTI.

D’abord, il s’est abstenu sur la loi du 4 août 2014 sur l’égalité hommes-femmes. Bien que très minimale, cette loi prévoyait néanmoins quelques améliorations pour les droits des femmes, comme l’incitation pour les pères à prendre des congés parentaux, à conditionner l’accès des marchés publics au respect de l’égalité professionnelle par les entreprises, à instaurer des protections (très minimales) pour les mères isolées des impayés de pension alimentaire, ou encore à étendre à tous les champs de responsabilité le principe de parité. Mais aussi de renforcer la protection des femmes victimes des violences conjugales. Des questions qui ne semblent pas du goût de M. Philippe.

En ce qui concerne les personnes LGBTI, Edouard Philippe ne fait pas beaucoup mieux. D’une part, celui-ci s’est abstenu sur la loi prévoyant l’extension du mariage sans considération de genre, dit « Mariage pour tous ». Puis, il s’est fendu d’une tribune, cosignée avec Nathalie Kosciusko-Morizet, dans laquelle ils expriment leur opposition à la PMA (Procréation Médicalement Assistée) et à la GPA (Gestation Pour Autrui) : « Nous nous opposerons résolument à la PMA pour les couples homosexuels féminins, et à la GPA qui, au nom de l’égalité, ne manquera pas d’être réclamée par la suite. »

Un gouvernement ennemi des opprimés

La nomination de ce personnage au poste de premier ministre vient dans tous les cas confirmer que le nouveau président de la République, Emmanuel Macron, est loin d’être l’ami des femmes et des personnes LGBTI qu’il prétendait incarner. On pouvait le savoir, car Emmanuel Macron qui se disait défendre la PMA estimait également que les gens de la Manif Pour Tous avaient été « humiliés ». De plus, à part des déclarations alambiquées, aucun engagement clair en faveur des personnes LGBTI ne figure dans son programme.

La nomination d’Edouard Philippe vient donc clarifier ce flou artistique soigneusement entretenu : le gouvernement de Macron ne sera pas l’ami des opprimés, il risque même d’être son ennemi. N’oublions pas à ce titre que ce sont les opprimés (femmes et personnes LGBTI en tête) qui souffrent le plus de la précarité au quotidien, des petits boulots précaires, à mi-temps, mal payés. En ce sens, elles seront les premières victimes de la casse du droit du travail et du projet de la précarité généralisée que prévoit Macron. De quoi inspirer de nouveaux « romans » à Edouard Philippe pour 5 ans supplémentaires.


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