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29 septembre

Éducation. Contre la division des statuts, en grève pour l’augmentation de tous les salaires !

Le gouvernement enchaîne les promesses de revalorisation des salaires des enseignants, tandis que le salaire réel de l'ensemble des travailleurs de l'éducation continue de diminuer dans un contexte d'inflation galopante. La grève du 29 septembre doit être un point d'appui pour lutter pour l'augmentation de tous les salaires !

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Promesses d’augmentation en méritocratie

Après la lettre de Macron aux enseignants, l’annonce ce lundi par Pap N’Diaye d’une « revalorisation historique » avec une « enveloppe inédite » réservée aux augmentations de salaires « jusqu’à 25% » des enseignants arrive à point nommé, alors que l’Éducation nationale bouillonne à l’issue d’une rentrée catastrophique sur fond d’inflation record. Dans sa lettre ouverte, Macron annonçait déjà le 16 septembre dernier : « Le ministre entamera prochainement les concertations avec les organisations syndicales afin de poursuivre la revalorisation générale de la rémunération des enseignants initiée il y a deux ans. Il s’agit d’un investissement massif pour la Nation, que nous assumons. Le salaire des enseignants aura ainsi augmenté d’environ 10% et aucun professeur ne débutera sa carrière à moins de 2 000 euros nets à compter de la rentrée 2023. »

Mais, derrière les effets d’annonce, la réalité du salaire des enseignants est bien différente. Premièrement, depuis la fin du dernier quinquennat, les promesses de revalorisation se multiplient … sans résultat. Au contraire, le point d’indice des fonctionnaires, jusqu’alors gelé, a été revalorisé en dessous du niveau de l’inflation et acte donc une perte de revenu réel. Ensuite, le flou persiste quant au calendrier de ladite augmentation : Macron annonce dans la lettre au moins 10 % d’augmentation en janvier 2023, tandis que Pap N’diaye parle de septembre 2023. Pourtant, le flou de ces neuf mois ne peut pas être permis aux vues de la conjoncture. Enfin, Macron parle des nouveaux entrants en annonçant des débuts de carrière à 2000 euros nets, là où des enseignants avec 5 ou 6 ans de carrière aujourd’hui ne touchent même pas cette somme.

Dans le même temps, le gouvernement mène une véritable offensive en introduisant un salaire au mérite : « Difficile de dire qu’on va mieux payer tout le monde, y compris ceux qui ne sont pas prêts à s’engager et à faire plus d’efforts », assenait ainsi Macron dans sa lettre. Dans la continuité, avec sa nouvelle annonce, le ministre promet d’un côté une première enveloppe de 635 millions d’euros réservées à la hausse des rémunérations des enseignants, et de l’autre une seconde enveloppe de 300 millions pour les enseignants qui accepteront de remplir des missions supplémentaires. « Tous les enseignants qui le souhaitent pourront en effet s’engager dans des missions supplémentaires, par exemple du remplacement, du suivi individualisé, de l’accompagnement à l’orientation ou à l’insertion professionnelle ou des tâches de coordination. [...] L’augmentation du salaire des enseignants qui accepteront ce pacte pourra ainsi aller jusqu’à 20%. », précisait la lettre ouverte de Macron.

Un salaire au mérite donc, dans le cadre du pacte méritocratique qui a vocation à diviser un peu plus un secteur déjà morcelé entre contractuels et profs au statut, et multiples professions faisant le quotidien de l’Éducation nationale. Avec cette proposition, Macron reprend le digne flambeau du « travailler plus pour gagner plus » et finit d’alimenter le feu de la colère d’une profession éreintée, qui doit déjà encaisser, depuis les réformes Blanquer, heures supplémentaires, classes surchargées et « devoirs faits », en palliant à tous les manquements. « Ce travail, que beaucoup d’entre vous accomplissent déjà, sera désormais reconnu et rémunéré. L’augmentation du salaire des enseignants qui accepteront ce pacte pourra ainsi aller jusqu’à 20% », ose justifer Macron, en s’appuyant sur la problématique réelle des salaires trop bas des enseignants pour imposer un pas en avant dans la casse du statut. Alors, certainement pas de nouvelles missions et encore moins un pacte avec Macron !

Cette promesse masque donc mal une nouvelle tentative d’enfumage visant à répondre à la colère qui s’exprime chez les enseignants, dans la continuité de la prétendue nouvelle méthode promue par le gouvernement à travers la nomination de Pap N’Diaye à la succession du détesté Blanquer, et des nombreux appels au dialogue social. En effet, les modalités des mesures annoncées restent conditionnées à des négociations avec les organisations syndicales, qui sont appelées à s’assoir à la table du ministère dès le 3 octobre. Pourtant, les travailleurs de l’éducation ne sont pas dupes et aucune négociation ne devra être organisée en leur nom autour de ces fausses promesses de revalorisation !

Des salaires divisés entre personnels de l’éducation

Surtout, cette prétendue « revalorisation historique » est limitée au personnel enseignant. Mais le secteur de l’éducation, comme le reste des services publics d’ailleurs, a déjà subi une série d’offensives néolibérales qui a contribué à précariser le secteur et à créer des divisions en son sein. Face à l’inflation, les personnels les plus précaires de l’Éducation nationale sont en première ligne.

C’est notamment le cas des AESH (Assistante d’Education pour les enfants en Situation de Handicap), qui sont les agent·es les plus mal payé·es de la fonction publique. Et si le nouveau ministre et son prédécesseur ne cessent de revendiquer une bonne inclusion des élèves handicapés dans le système éducatif, les AESH sont les premières témoins d’une inclusion au rabais, se retrouvant aujourd’hui à devoir s’occuper de plusieurs élèves pour pallier les manques, cela pour un contrat précaire et un salaire de misère. Pour ces 130 000 AESH travaillant sous contrat, à temps incomplet et parfois avec des heures supplémentaires non payées, il est urgent de sortir de la précarité.

Pour les AED (Assistant d’Éducation) et les AP (Assistant Pédagogique), la situation n’est guère plus glorieuse. Souvent étudiants, toujours sous des contrats précaires avec des périodes d’essai interminables, tout est fait pour ne pas stabiliser ceux censés assurer encadrement, éducation et pédagogie dans les établissements scolaires. Pour les ATSEM, qui touchent en moyenne entre 1 300 et 1 800 euros nets par mois en fonction de l’ancienneté, la situation n’est pas plus enviable. C’est en ce sens qu’elles se sont d’ailleurs mises en grève très tôt cette année pour réclamer des augmentations. Les agents du second degré ont également vu leurs conditions se dégrader : se levant très tôt pour nettoyer les salles de cours, puis préparant la cantine, la distribution et la plonge, ces métiers polyvalents et difficiles sont bien souvent aussi les laissés pour compte. Enfin, le statut d’enseignant est aujourd’hui plus morcelé que jamais entre les travailleurs au statut et les travailleurs contractuels, la contractualisation se développant à vitesse grand V. Les salaires sont en berne depuis plusieurs années et la course aux heures supplémentaires, mise en place sous Blanquer, à déjà commencé.

La réalité de l’Éducation nationale est donc celle d’un secteur morcelé entre de multiples contrats, degrés, rattachements à la ville, au département, ou à l’académie, avec des des salaires inégaux. En s’adressant uniquement aux enseignants dans sa lettre, la logique du gouvernement est donc définitivement celle de diviser pour mieux régner, pour tirer toujours vers le bas les conditions de travail, créer l’incertitude du lendemain à coup de contrats précaires et ne surtout jamais augmenter les salaires de l’ensemble des travailleurs de l’éducation.

Se battre pour l’augmentation de tous les salaires !

C’est en ce sens que l’urgence de se battre pour l’augmentation de tous doit nous animer. Dans un secteur public qui s’est fait dilapider à coups de réformes, nous devons lutter pour l’unité des travailleurs. Lutter pour l’augmentation des salaires de toutes les professions au sein de l’éducation est notre seule garantie pour ne pas que les revalorisations soient mises en compétition. Indexer les salaires sur le coût de la vie est également la seule garantie pour que la précarité ne s’étende pas et que l’inflation ne rattrape pas nos revenus. Dans l’éducation et ailleurs, se battre pour un même statut, un même salaire, une indexation des salaires tous corps de métier confondus, est le seul moyen d’assurer les mois difficiles à venir. Continuer à réclamer des personnels et des moyens pour l’éducation pour assurer un.e prof face à chaque classe et un. e accompagnateur.rice pour chaque élève handicapé doit également faire partie de nos revendications.

Ce programme ne s’arrête pas à notre secteur, mais doit être porté également pour les familles sur lesquelles le coût de la vie pèse de plus en plus lourd. Avec les fournitures scolaires, les budgets pédagogiques rognés jusqu’à demander aux parents de payer les ramettes de papier, ce sont aussi sur les familles aussi que pèse l’inflation et la dégradation du service public d’éducation. Et ce sont les parents de nos élèves qui seront les premières victimes dans les boîtes, dans les entreprises, de la récession et de la sauvegarde de leurs profits par les grands patrons qui entraîneront licenciements et fermetures d’entreprises. Quant aux élèves, à qui on a annoncé la fermeture de piscines, de musées, de bibliothèques, pour qui le chauffage dans les écoles est loin d’être garanti et dont le budget des parents va se répercuter dans les assiettes : c’est pour eux et leur avenir que nous nous battons aussi.

Ainsi, la question des salaires traverse l’ensemble de la société. Face au gouvernement et au patronat qui font payer la crise aux salariés pour mieux préserver leurs profits, nous devons exiger une augmentation générale des salaires et leur indexation sur l’inflation. La journée de grève du 29 septembre est ainsi un point d’appui pour refuser de payer le coût de la crise. C’est à partir d’un réel plan de bataille qui permette aux travailleurs d’exprimer leur capacité de blocage de l’économie et d’imposer un rapport de force que nous pourront arracher à la bourgeoisie nos revendications.


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