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Gardez vos vœux, nous avons les nôtres !

Education Nationale. Les vœux de Najat Vallaud-Belkacem ou « La vérité si je mens »

Crédits photos : Pool/Abaca En cette nouvelle année 2017, l'ensemble des politiciens livre leurs vœux. La ministre de l'éducation nationale ne fait pas exception. Elle adresse dans une vidéo de 5 minutes ses vœux à l'ensemble des personnels de l'éducation nationale ainsi qu'aux élèves et étudiants. L'occasion de dresser son bilan en tant que ministre de l'éducation nationale depuis 2013.

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La casse de l’Education nationale

Les vœux de la ministre commencent par évoquer le résultat de la nouvelle étude PISA publiée tous les 3 ans par l’OCDE. Malgré les limites de l’étude, celle-ci révèle que le système scolaire français est de plus en plus inégalitaire. La France se trouvant parmi les pays où les inégalités sociales sont les plus fortes dans le monde.
Hollande déclarait déjà en 2013, lors de la précédente enquête : « l’enseignement de cette enquête, c’est que quand l’éducation fait les frais des ajustements budgétaires, c’est le niveau qui baisse et avec lui la capacité de notre école à réduire les inégalités  ».

Et qu’ont proposé Hollande, Peillon ou Vallaud-Belkacem durant le quinquennat pour réduire les inégalités ? Les gouvernements successifs, de droite comme de gauche, ont mis en œuvre une politique de détérioration des conditions d’études pour les élèves et des conditions de travail pour les enseignants et les personnels. Alors que Sarkozy avait sabré les effectifs, le gouvernement a proposé une série de mesures de « refondation de l’école » accentuant la casse de l’Education nationale : décret sur les rythmes scolaires, démantèlement des statuts des enseignants, éducation prioritaire. Autant de chantiers pour poser les fondations de ce que doit être, pour le patronat et le gouvernement, une réforme structurelle de grande ampleur contre l’Éducation nationale.

Najat Vallaud-Belkacem, succédant à Vincent Peillon, a poursuivi le chantier de ce ministre qui a bâti tout l’édifice pour refonder l’école par la réforme de l’éducation prioritaire et la très contestée réforme du collège.

Concernant les réformes de l’Education prioritaire, dans son discours, la ministre déclare avoir œuvré tout au long de son mandat à « donner plus à ceux qui en ont le moins » et « ne laisser personne sur le bord de la route  ». Lors d’une série de déclarations en grande pompe, Najat Vallaud-Belkacem promettait « de mettre le paquet dans l’éducation prioritaire en attribuant 350 millions d’euros supplémentaires  », et « de prendre en compte les difficultés sociales et donner à ceux qui les cumulent ». Or, la réforme de l’éducation prioritaire s’est faite à moyens constants. On déshabille Paul pour habiller Jacques. Et on s’arrache les maigres vêtements entre « pauvres ». Ainsi, pour prétendument financer sa réforme, de nombreux établissements sont sortis du réseau de l’éducation prioritaire de manière totalement arbitraire. Or, pour ces établissements, les difficultés sont toujours présentes et cela représente en réalité une attaque très forte contre les classes populaires. C’est ce que rendent visible les lycées mobilisés depuis la rentrée autour de « Touche pas à ma ZEP ».

Toutes ces réformes instaurent en réalité ce même principe de casse du cadre national de l’éducation renforçant les inégalités entre les établissements et le renforcement des décisions locales au sein de chaque établissement. Des réformes renforçant la logique de compétences afin de livrer les élèves au marché de l’emploi.

La loi de refondation de l’école (juillet 2013), qui avait inscrit noir sur blanc la réduction des inégalités comme une priorité, n’est guère visible dans les écoles après quatre rentrées du PS. Ce qui est visible au contraire, c’est la ségrégation, l’austérité, et le renforcement des écoles à deux vitesses : celle des riches et celle des pauvres.

La dégradation des conditions de travail

La ministre évoque dans son discours les bienfaits du gouvernement qui viserait à une meilleure reconnaissance du travail enseignant : création de 60000 postes, alignement des indemnités pour les professeurs des écoles avec le secondaire, dégel du point d’indice, réforme de l’évaluation qui serait bénéfique pour l’évolution de carrière. Voici le magnifique tableau « d’enseignants formés aux conditions de travail qui s’améliorent ». Najat Vallaud-Belkacem semble à des années lumières des réalités de terrains.

Prenons les 60000 postes. Un article du Monde résume la répartition de ces postes : la moitié des moyens sont des stagiaires. « Dans sa répartition, le ministère inclut aussi des personnels non enseignants – 600 personnels médico-sociaux et 450 administratifs –, ainsi que des contractuels – 4 250 emplois d’aide aux élèves handicapés et 2 150 assistants d’éducation (AED, principalement des surveillants). Dans les rangs syndicaux, le fait que ces contrats soient intégrés dans le calcul des 60 000 postes agace un peu : « Les AED ne sont jamais comptabilisés dans les emplois de fonctionnaires. Il nous semble un peu opportun de les comptabiliser pour une fois, dans le but d’arriver au compte à l’unité près…  », observe Fabienne Bellin, du SNES-FSU. »
Et les postes d’enseignants créés visent en fait surtout à absorber la hausse démographique. Bref, pas de quoi se réjouir…

Enfin, la dernière réforme du quinquennat est celle de l’évaluation des enseignants instaurant une gestion managériale dans les écoles et l’inversion de la hiérarchie des normes par le renforcement de l’évaluation locale directement par les chefs d’établissement.

Madame la ministre est fière de son bilan et c’est pourquoi un rapport du sénat qui vient d’être publié révèle que le nombre de démissions chez les enseignants stagiaires mais aussi chez les titulaires est en hausse durant cette dernière période.

Enseignement moral et civique (EMC), tournant sécuritaire : leur morale n’est pas la nôtre

Il faut «  Rester fidèle à la mission de l’école de la république c’est-à-dire former des citoyens instruits  ». La ministre revient sur les attentats qui ont frappé la France. Elle déplore un «  contexte actuel pesant  » et se félicite que « nous avons trouvé les mots pour parler aux enfants angoissés et mis en place des mesures de sécurité » alors « qu’il n’était pas facile de commencer la rentrée en évoquant de telles menaces ».
De qui se moque-t-on ? Le gouvernement actuel est parfaitement responsable de l’angoisse des enfants et du climat pesant. Dans les écoles, le gouvernement a livré sa « leçon de morale » : prévention de la radicalisation par un « protocole » permettant de déceler tout futur djihadiste, « commémorations patriotiques » et réaffirmation de la laïcité à travers l’EMC… Toutes sont d’ailleurs issues de la « grande mobilisation de l’école pour la défense des valeurs républicaines » engagée par François Hollande en 2015 suite aux attentats de Charlie Hedbo.

Mais le gouvernement, n’a cessé d’accentuer son tournant sécuritaire notamment par l’annonce d’une rentrée « sous haute sécurité » : renforcement de la présence militaire devant les établissements, surveillance accrue des élèves (fouilles), mise en place d’un exercice alerte-intrusion appelé plan particulier de mise en sûreté (PPMS). En réalité, il s’agit d’imposer un modèle de peur permanente et une culture de la sécurité, justifiant toujours plus les politiques sécuritaires du gouvernement à commercer par faire accepter aux jeunes générations cet état d’urgence permanent qui permet d’agir concrètement contre toutes les formes de révoltes ou de luttes sociales. Un état d’urgence qui permet de justifier toute la surenchère répressive que subissent les jeunes dans les quartiers populaires.
Par ces injonctions à préparer les élèves à de possibles attaques terroristes, on veut nous faire croire que l’école serait ce « sanctuaire » situé en dehors de la société. Comme si les cours de récréation n’étaient pas au milieu des cités ségrégées, au milieu de la misère, comme si tous les élèves étaient égaux dans cette société inégalitaire que les réformes des gouvernements successifs perpétuent voire accentuent dans tous les domaines.

Le gouvernement Hollande a donc fait de l’éducation certes une priorité, une priorité pour briser l’éducation nationale. Ce qui est sûr, c’est que le gouvernement et la ministre sont les seuls à se féliciter de leurs réformes. Ni les enseignants, ni les élèves, ni les étudiants ne sont dupes quant à la politique éducative menée par le gouvernement. Ils s’agit toujours d’une politique qui renforce les inégalités et favorise les classes dominantes.

Nous, nous souhaitons que 2017 soit l’année d’un réveil massif de notre classe, remplie de luttes victorieuses pour faire face aux nouvelles attaques à venir du prochain gouvernement de combat que la droite prépare et œuvrant à l’amélioration des conditions d’étude des élèves et des conditions de travail pour les personnels. Mais plus profondément, nos vœux sont ceux de voir se réaliser une éducation véritablement émancipatrice pour l’humanité qui ne sera le fruit que d’une victoire de notre classe.


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