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Tribune libre

Elèves « perturbateurs » : le candidat Fillon recycle le Premier ministre Fillon

Avec le projet "d'établissements particuliers pour les élèves perturbateurs", le candidat Fillon reprend l'une des dispositions du quinquennat Sarkozy dont il fut personnellement le maître d'oeuvre. Une initiative qui porte la marque d'un projet de société brutalement réactionnaire. Par B. Girard Blog : Histoire, Ecole et Cie

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Une des dispositions du programme « éducatif » du candidat Fillon – la création d’ « établissements particuliers pour élèves perturbateurs » - retient tout spécialement l’attention : non seulement par ce qu’elle est très représentative des conceptions de son auteur mais aussi parce qu’elle reprend mots pour mots l’une des initiatives les plus loufoques du quinquennat précédent – les ERS (établissements de réinsertion scolaire) – qui n’en a pourtant pas manqué et dont Fillon, quoiqu’il s’en défende aujourd’hui, fut le maître d’œuvre.

Organisés par une circulaire du 29/06/2010, les ERS avaient pour but de « sortir les élèves particulièrement perturbateurs […] de leur établissement et [de les] placer dans des structures adaptées, aussi longtemps que nécessaire. » Une dizaine de structures de ce type avait initialement été prévue, chacune regroupant 20 ou 30 élèves. Ainsi, dans la logique schématique des décideurs de l’époque (et peut-être de demain), la mise à l’écart de 2 à 300 élèves pour toute la France suffisait-elle à elle seule pour garantir de meilleures conditions de travail aux 13 millions d’autres élèves. Cette initiative, dont Sarkozy était d’ailleurs très fier (« les ERS, c’est un peu mon bébé… »), n’avait pas tardé à tourner au fiasco : de fait, transplanter des élèves d’une banlieue du 93 dans le bocage du 53 ou les envoyer en stage dans le régiment voisin, pouvait difficilement déboucher sur autre chose qu’un échec retentissant. Comme ce fut le cas pour l’ensemble de la politique éducative de l’époque, où le souci de communication l’emportait de façon récurrente sur toute autre considération, avec cette idée force : à tout problème complexe correspond toujours une solution simple… Dans le cas présent, l’exclusion, la mise à l’écart suffiraient bien à masquer la question autrement plus délicate de l’échec scolaire.

Sous cet angle, si, indéniablement, le candidat Fillon aux présidentielles de 2017 s’inscrit dans la continuité du chef de gouvernement de 2007 à 2012, le contexte du moment - qui porte à toutes les outrances – et la personnalité de l’individu ouvrent sur d’autres perspectives : à l’inverse de Sarkozy, surtout préoccupé par sa carrière personnelle, Fillon est un politicien dogmatique, un véritable doctrinaire dont le programme éducatif porte la marque d’un projet de société ouvertement réactionnaire, organisé autour d’une sélection des élites et d’une ségrégation sociale clairement assumées. Pour arriver à ses fins, Fillon n’a pas fait mystère de ses intentions : en légiférant par ordonnances, en agitant la menace d’une répression policière, en faisant un sort au principe du débat démocratique, il entend dissuader par avance toute forme d’opposition. Le traitement qu’il prévoit alors de réserver aux élèves perturbateurs est alors plus que symbolique : avec la mise à l’écart des gêneurs, des contestataires, ce sont les rouages habituels et légitimes de la société civile qu’il entend court-circuiter.
Si on le laisse faire, bien sûr.


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