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Réforme du rail, loi LOM...

Élisabeth Borne : une fossoyeuse du transport public à Matignon

Fraîchement nommée première ministre, Élisabeth Borne a à son actif un bon nombre de réformes antisociales. Au premier rang desquelles la casse du service public de transports et des attaques contre les travailleurs de la SNCF et de la RATP.

Gabriel Ichen

17 mai 2022

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Crédits photo : BENOÎT TESSIER / AFP

Élisabeth Borne, la « techno de gauche » comme la décrit la presse bourgeoise (qui n’a de « gauche » que le fait d’être passé un temps par les rangs du Parti Socialiste) est bien connue dans les rangs des travailleurs des transports publics. En effet, elle s’est révélée être une fidèle soldate de l’agenda néo-libéral de Macron et du patronat pour le secteur des transports. D’abord PDG de la RATP entre 2015 et 2017, c’est ensuite en tant que ministre des transports de 2017 à 2019 qu’Élisabeth Borne s’est illustrée comme une ennemie farouche des travailleurs des transports avant de s’attaquer aux chômeurs comme ministre du travail et d’arriver à la tête du gouvernement.

C’est sous son administration qu’a été passée la réforme ferroviaire d’ouverture à la concurrence de 2018. Réduction des moyens pour l’entretien des lignes, suppressions de postes, fermeture de lignes, dégradations des conditions de travail… cette réforme a impliqué une série d’attaques d’ampleurs contre les travailleurs du rail dont les conséquences se font durement sentir ces dernières années pour les cheminots et les usagers. En bref, une casse du service public du rail dont l’objectif est d’aller vers la privatisation du secteur. Dernière étape en date : l’attribution de la première ligne de TER à une société privée, celle reliant Nice à Marseille attribuée à la société Transdev. Cette attaque avait provoqué une réponse forte des cheminot-es qui s’étaient mis en grève durant 3 mois au printemps 2018 mais dont la stratégie de la grève perlée mise en place par les directions syndicales avait constitué un échec pour mettre un frein à la contre-réforme.

Après la SNCF, Élisabeth Borne s’est rapidement attaquée à la RATP. Dans le sillage de cette réforme ferroviaire, elle a également été à l’initiative de la loi d’orientation des mobilités, dite loi LOM en plein milieu de la mobilisation des Gilets Jaunes. Cette loi acte l’ouverture à la concurrence et la privatisation progressive de la RATP sur le réseau Île-de-France, avec à la clé une casse du statut et le transfert de salariés vers le privé. Les conséquences de cette loi touchent l’ensemble des travailleurs du secteur du transport à la RATP mais aussi dans le privé. Pour remporter les appels d’offre pour l’attribution de lignes de bus en Ile-de-France, les entreprises se livrent une concurrence acharnée pour baisser leurs prix, ce qui dégrade considérablement les conditions de travail des salariés. En plus d’une casse du statut à la RATP, ce processus de privatisation implique pour les salariés du privé des réductions des temps de pause, des baisses de salaires et une augmentation des cadences. Là encore, les travailleurs du secteur se sont mobilisés avec d’importantes grèves en septembre 2021 dans les dépôts de bus de l’entreprise Transdev qui avait remporté un appel d’offre pour l’exploitation de lots de bus. Cette loi LOM permet également au gouvernement de brader les routes nationales aux sociétés privées d’autoroutes qui lorgnent sur des milliers de kilomètres de réseau routier pas encore privatisés.

Qui dit fossoyeuse des transports publics dit fossoyeuse écologique

Avec cette nomination à la tête du nouveau gouvernement, le greenwashing prévu par Emmanuel Macron démarre mal. Alors qu’Élisabeth Borne a été annoncée par le président comme une première ministre qui devra assurer la « planification écologique », la politique de casse du secteur des transports publics qu’elle a menée constitue bien une catastrophe en matière écologique et environnementale.

Le rail est connu pour être un des transports les moins polluants. Or, les réformes passées par Élisabeth Borne et la macronie entrainent une réduction des lignes ferroviaires et une augmentation des prix, incitant les usagers à prendre davantage leur voiture ou à passer par des réseaux de transports routiers, ce qui favorise la pollution et l’émission de gaz à effets de serre. De plus, cette casse du service public de transport s’accompagne d’une réduction importante du Fret ferroviaire (transport de marchandises par voie ferroviaire), au bénéfice du transport de marchandise par la route. En plus d’avoir été une ennemie des travailleurs du rail et des chômeurs, Élisabeth Borne est bien une ennemie de la cause écologique.

Les retraites : round 2 face aux travailleurs des transports ?

Dans un contexte extrêmement inflammable où l’inflation continue d’augmenter, Élisabeth Borne a également été mandatée pour mener la réforme des retraites après l’échec de 2019 dû à une grève historique. Or ce furent bien les travailleurs des transports, ceux de la SNCF et de la RATP en tête, qui, par leur combativité, ont permis de mettre un coup d’arrêt à la première tentative de Macron de casser le système des retraites. Aujourd’hui, ils devront faire face à une potentielle nouvelle attaque contre les retraites et devront pour ce faire poursuivre l’expérience de coordination à la base qui leur avait permis de freiner Macron jusqu’à l’irruption de la crise sanitaire. Mais ils devront également tirer les bilans des stratégies de la défaite menée par les directions syndicales qui avaient empêché le mouvement de s’étendre.

C’est dans ce contexte que déjà, dans les transports, la colère gronde. La semaine dernière, l’intersyndicale La Base, CGT-RATP, UNSA-RER, et FO Pôle Traction ont appelé les conducteurs de RER du réseau RATP à faire grève 59 minutes les lundi et jeudi contre la casse de leurs conditions de travail et pour l’augmentation des salaires. Le 25 mai prochain, à l’initiative de la Fédération Sud Rail, une grève nationale de tous les métiers de la circulation est également appelée par une intersyndicale Sud Rail, UNSA Ferroviaire et CFDT Cheminots. Les mots d’ordre sont clairs : augmentation générale des salaires, embauches et amélioration des conditions de travail. À la RATP sur le réseau bus et tramway également, une grève est appelée pour les 23, 24 et 25 mai. La réussite de ces journées serait un premier pas vers un nécessaire élargissement de la lutte et la mobilisation à l’ensemble des travailleurs de la SNCF et de la RATP, et qui ferait également écho à l’ensemble des grèves pour les salaires qui existent dans le pays actuellement, dans le contexte d’une inflation qui ne cesse de grimper. En ce sens, il s’agit de massifier le mouvement et de pousser à l’organisation à la base des travailleurs.


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