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En Catalogne, les travailleurs de Nissan continuent la grève illimitée

La grève à durée indéterminée lancée le 4 mai par les travailleurs de Nissan en Catalogne continue. En effet, le licenciement possible de près de 3000 travailleurs pourrait n'être que la pointe de l'iceberg de la crise de l'industrie automobile qui secoue le pays et l'ensemble des chaînes de production globalisée.

Julien Anchaing

26 mai 2020

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Une grève centrale dans la crise du secteur automobile.

Les travailleurs de Nissan en Catalogne ont appelé à une grève illimitée depuis le 4 mai, et ce face à l’absence de perspective réelle de futur devant la possible vague de licenciement qui risque de toucher le géant automobile mais aussi devant l’incertitude et l’absence de réponse de la part de l’entreprise. “Si la direction pense que c’est parce qu’on est confinés qu’ils vont pouvoir faire ce qu’ils veulent, ils se trompent vraiment” affirmaient-ils déjà dans l’un de leurs communiqué qui annonçait la volonté de se battre pour refuser toute stratégie de fermeture.

Ce n’est pourtant pas un conflit qui date de la pandémie. On voyait déjà à Barcelone en février dernier s’organiser les salariés de l’entreprise et manifester devant la menace de recul de la part de l’entreprise nippone de l’Etat Espagnol et de mise en place de plans de licenciements massifs voire de fermeture d’usines. Mais la crise sanitaire n’a fait qu’accélerer la crise, notamment en entravant les chaînes de production internationalisées, une situation dans laquelle l’entreprise souhaite précipiter son plan social pour faire payer à ses 3000 salariés catalans cette crise.

Le secteur automobile, ou 10% du PIB Espagnol.

Déjà l’entreprise avait essayé une stratégie de la division, notamment en proposant la remise en service de 30 % de l’usine pour subvenir à des commandes faites par Mercedes de fourgonnettes. Un plan refusé, car il ne promettait ni un avenir après cette commande, ni la réincorporation de l’ensemble des travailleurs à l’usine. Ils affirmaient alors “ Nous ne somme pas disposés à accepter qu’ils nous utilisent pour produire ce qui les intéresse et honorer leurs contrats pour ensuite nous jeter. On ne peut pas permettre qu’une grande multinationale comme celle ci, qui avec Renaud représentent la firme la plus puissante du secteur automobile, puisse utiliser la catastrophe d’une pandémie pour laisser des milliers de famille au chômage.”

De son côté, l’entreprise continue à faire la sourde oreille et promet aux travailleurs qu’ils n’obtiendront pas de réponse quant à leur avenir avant septembre, alors que le géant automobile représenterait seulement en Catalogne, Ávila et Cantabria plus de 4200 emplois directs, mais aussi plus de 25 000 emplois parmi toutes les entreprises dépendantes au secteur, et ce même sans compter les autres emplois dans le reste du pays. La pointe d’un iceberg gigantesque, alors que les emplois automobiles au sein du pays concerneraient plus de 300 000 travailleurs directs et près de 2 millions d’emplois indirects, une véritable catastrophe pour des millions de personnes dans la perspective d’un chômage de masse en cas de crise pour ce secteur stratégique au sein du deuxième pays producteur automobile d’Europe.

Une industrie réellement en crise ?

Difficile de nier que la crise sanitaire a abouti à une très importante crise économique pour de nombreuses multinationales comme Nissan. Mais difficile aussi de ne pas affirmer que ces entreprises sortent d’années de bénéfices qui se comptent en milliards.Licencier les salariés pour une perte sur le bénéfice de plus de 451 833 euros depuis le début de la crise sanitaire pour le secteur, c’est oublier que celui ci engendrait en 2018 seulement près de 10.6 milliards d’excédent commercial. Ils ne cherchent qu’à faire payer, dans cette situation, leur crise aux milliers de travailleurs de Nissan et du secteur automobile alors qu’ils n’ont fait que s’enrichir ces dernières années à coup de bénéfices milliardaires. Devant cette situation, le secteur automobile présent en Espagne va jusqu’à exiger à l’Union Européenne un plan extraordinaire d’aides publiques pour se relancer, soutenu par Unidas-Podemos qui va jusqu’à demander que près de 10% des fonds européens censés résoudre la situation qui suivra la crise sanitaire soient versés à l’automobile en Espagne.

Les patrons de leur côté n’ont pas d’autre plan que de défendre leurs profits, que ce soit par le biais de la relocalisation, le rapatriement ou par le fait de continuer la production à bas coût dans le pays où ils délocalisent. Les plans d’urgence des gouvernements centraux et autonomes de l’Etat Espagnol ne vont que dans le sens de les soutenir dans cette perspective, ils travaillent ensemble pour faire payer la crise aux travailleurs, avec la totale collaboration des Coordinations Ouvrières (CCOO, principal syndicat industriel du pays).

Cette crise est une démonstration de plus que travailleurs et patrons ne partagent pas d’intérêts. Une fois de plus, il convient de lutter aux côtés de toutes les organisations révolutionnaires, anticapitalistes, syndicales combatives et secteurs de travailleurs pour soutenir cette grève, non seulement pour nous défendre contre les licenciements mais aussi pour proposer une alternative à cette crise, par exemple en luttant pour la nationalisation sous contrôle des travailleurs de l’entreprise de toute usine qui fermerait et laisserait des milliers de personnes au chômage et dans la misère pour sauver leurs bénéfices.


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