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En pleine épidémie, Total verse 1,8 milliards à ses actionnaires

Alors qu'on assiste au triste spectacle d'une gestion de crise sanitaire aberrante, la classe dominante étant elle-même dominée par le maintien à tout prix du profit capitaliste et restant au service des bénéfices des entreprises, c'est le tour désormais des grandes entreprises : Total s'apprête à verser 1,8 milliards d'euros à ses actionnaires. Comme une célébration du parasitisme en pleine pandémie.

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Depuis plusieurs jours, de l’aveu même du gouvernement, il est devenu nécessaire de défendre un "capitalisme plus respectueux", un capitalisme viable. Manière de dire que le problème, encore une fois, est ailleurs : ni dans l’exploitation du travail humain pour le profit de quelques uns, ni dans l’exploitation des ressources naturelles et ses effets délétères sur l’écosystème, ni encore dans la structure sociale qui pousse des gestionnaires et des fondés-de-pouvoir du profit à gouverner le regard rivé sur la colonne des bénéfices mais qui se révèlent incompétents dans un moment de crise. Non, le problème, c’est le manque de "respect des personnes" comme le dit généreusement Bruno Lemaire, manifestement entré en pleine crise personnelle. Et pour adoucir ce "monstre", il faut désormais une cage : la production nationale, comme Macron s’est mis à le réciter partout où on lui tend un micro (jusque dans une usine canadienne à Saint Barthélémy d’Anjou, c’est pour dire).

Il faut dire que la classe dominante connaît bien la célèbre douceur du capitalisme, elle qui en profite tous les jours sans avoir d’efforts à fournir. Et les actionnaires eux aussi trouvent sans doute étonnamment doux les dividendes que leur reversent les grandes entreprises : 1,8 milliards d’euros chez Total pour 450 000 porteurs. Une douceur de 4000 € en moyenne, donc, qui récompense l’effort des parasites des places financières pour leur soutien au parasitisme de l’économie capitaliste. C’est que dans cette économie à plusieurs étages, on sait être solidaires.

D’ailleurs, malgré l’altitude, Total se tient au courant de la situation grave que traverse la société française et notamment des difficultés des personnels hospitaliers : ils pourront recevoir des bons d’essence. Pour se déplacer en vacances, sans doute, quand le confinement sera fini, ou pour aller travailler à l’hôpital. Une "action charitable" comme le capitalisme en a le secret et qui ne coûtera à l’entreprise que 50 millions d’euros, c’est-à-dire près de 40 fois moins que la manne qu’elle distribue à ses actionnaires. Et si, à force d’une telle "hauteur de vue", le PDG de Total finissait par manquer d’oxygène, gageons que le personnel hospitalier lui rendra hommage en klaxonnant tous les jours à l’heure de l’ouverture des places boursières.

En tout cas, entre l’urgence sanitaire et l’urgence du profit et de la fidélité de ses actionnaires, Total a choisi.


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