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Chasse aux migrants

En pleine tempête hivernale, la police évacue et détruit un camp de migrant à Paris

Ce mardi matin, 300 personnes ont été évacuées d’un campement situé à la porte de La Chapelle, au nord de Paris. Des demandeurs d’asile, déboutés et réfugiés vivaient depuis plusieurs semaines dans des conditions insalubres, ce qui illustre les énormes limites et difficultés concernant l’accueil des migrants dans la capitale.

Homa de la Bahía

29 janvier 2019

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Après les évacuations menées à Saint-Denis, où 300 personnes ont été évacuées, et de Clignancourt avec près de 200 migrants évacués, une troisième évacuation a eu lieu au nord de Paris. Un premier autobus est arrivé vers 08h30 pour évacuer des migrants encadrés par des associations, dans leur majorité soudanais et afghans, alors que la police tentait de les faire asseoir sur le trottoir pour faciliter l’opération. La police a revendiqué que cette dernière n’était pas une évacuation classique mais plutôt une maraude de mise à l’abri, comme l’a indiqué Bruno André, directeur de cabinet de la préfecture de région, en précisant que “certaines personnes ont choisi de ne pas monter dans le bus”. Le bus s’est dirigé vers plusieurs gymnases de la ville où on a examiné leur situation sanitaire et administrative. Ceci a suscité l’opposition des élus LR du XVIe arrondissement où une partie des évacués ont été relocalisés.

Dans l’Express, on peut lire plusieurs témoignages de migrants. Philippe, un Erythréen, explique qu’il n’a pas voulut monter car ses empreintes étaient en Italie et qu’il ne voulait pas y être expulsé. Dar, Afghan enregistré en Suède affirme la même chose, il “préfère dormir dehors même s’il fait froid” plutôt que de risquer un transfert à Stockholm, ce qui pour lui veut dire “renvoi en Afghanistan”.

Adam, un migrant soudanais, affirme : “Je ne sais pas où je vais être emmené mais ce sera mieux qu’ici”, où il dormait “parce que le 115 n’a jamais de place”. Ahmad, demandeur d’asile afghan de 29 ans, dort tous les soirs sous la bretelle de l’autoroute A1 “depuis 45 jours” et ne voit pas le moment de partir : “Ce n’est pas sûr ici, les gens sont ivres, ils se battent pour de l’argent”, raconte ce père de famille qui a fuit l’Afghanistan “parce que ce n’est pas une vie là bas” ; “J’ai vu des gens mourir, je veux autre chose pour mes enfants”. Moussa, 30 ans, titulaire d’un titre de séjour, deux ans après avoir obtenu l’asile en France continue à dormir à la rue : “J’ai demandé pour une formation, un appartement, on me dit qu’il n’y a rien pour moi” affirme-t-il. Sans rancœur, il décrit un campement “où on a froid, où tout est sale”

Avant le début de l’évacuation, les forces de l’ordre ont éteint le feu de camp allumé à l’entrée du campement. Plusieurs centaines de migrants attendaient debout dans le calme au milieu des tentes. L’opération s’est terminée peu après 9h00 et vers 10h00, une soixantaine de personnes demeuraient sur le campement, examinant les tentes toujours en place ou se réchauffant autour d’un feu de bois. Selon Philippe Caro, du collectif Solidarités migrants Wilson, les forces de l’ordre sont revenues sur place en fin de matinée pour disperser les migrants restants : “Tous ces gens vont dormir dehors alors qu’il neige ce soir”. Il avance une autre explication au fait que certains migrants ont décidé de ne pas bouger : “Certains ont déjà été évacués et ils ne veulent pas recommencer. C’est un cycle infernal”. Cette évacuation n’est pas la première. En juin 2015, 350 personnes qui vivaient alors place de La Chapelle avaient été évacuées pour la première fois vers ce campement. Omar, 26 ans, a déjà vécu plusieurs mises à l’abri : “Après quelques nuits dans le gymnase on m’a mis dehors”, témoigne ce réfugié soudanais qui a déjà été évacué du campement de Saint-Denis.

L’État a expliqué sa volonté de faire davantage d’opérations de ce type dans les semaines à venir afin de résorber les campements dans lesquels plus de 2 000 personnes vivent dans des conditions insalubres au nord de la capitale.

Mais derrière ces opérations présentées comme humanistes, l’État français fait la chasse aux migrants. Une fois transférés des contrôles sont faits, et si les migrants ont le malheur d’être fichés dans leurs pays d’arrivée en Europe, ils y seront transférés et de là seront expulsés vers leurs pays d’origine. Si ce n’est pas le cas, ils seront tout simplement remis dans la nature sans endroit pour être logés, d’autant plus que la police détruit les camps après les opérations. C’est une politique criminelle de la part de l’État, d’autant plus en plein hiver alors que la tempête Gabriel frappe l’Hexagone et que la capitale est sous la neige. Il est toujours aussi important de réclamer l’ouverture des frontières et la libre circulation des personnes surtout à quelques mois des élections européennes où les débats tourneront autour de la crise migratoire.


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