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Le capitalisme ravage tout

En route pour la sixième extinction de masse des animaux

Une nouvelle étude alarmante témoigne de « l’anéantissement biologique » en cours. Le nombre d’animaux sur Terre est en chute libre, menaçant ainsi tout l’écosystème. Ce serait donc la sixième fois qu’une telle crise se produit, la dernière datant de l’extinction des dinosaures. Aujourd’hui, c’est l’homme qui en est le responsable.

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Cette étude, portant sur l’évolution du peuplement des vertébrés, publiée le 10 juillet dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences tire la sonnette d’alarme : nous serions en proie à connaître la « sixième extinction massive de la biodiversité ». Cette enquête fait suite aux travaux de 2015 qui relevaient déjà l’intensité de la disparition d’espèces. Cette fois, les trois chercheurs Gerardo Ceballos de l’Université nationale autonome du Mexique, Paul Ehrlich et Rodolfo Dirzo de l’Université de Stanford, n’ont pas raisonné en termes d’espèces, mais de populations, c’est-à-dire en se focalisant sur le nombre d’animaux sur un territoire donné. Les résultats sont « catastrophiques ».

Espèces et populations animales en voie de déclin

Ce n’est pas la première mise en garde que nous recevons concernant l’urgence de la sauvegarde de notre écosystème. Étudiant plus de 27 600 espèces de vertébrés sur l’ensemble de la surface du globe, et de manière plus spécifiques 177 espèces de mammifères pour la période 1900-2015, les trois chercheurs en sont venus à ces conclusions : 32 % des espèces vertébrés ont une population en voie de déclin. Ils ont aussi noté l’immense recul de l’aire de répartition des mammifères : en un siècle, 40 % ont vu leur aire d’habitat réduite de 80 %.

Alors qu’il est plutôt d’usage de s’inquiéter uniquement des espèces menacées, selon le classement de l’Union internationale pour la conservation de la nature (IUNC), cette étude a démontré que 30 % des espèces en voie de déclin sont communes (elles ne sont pas sur la liste rouge). En France, des espèces communes comme le chardonneret ou l’alouette ont vu leur population diminuer respectivement de 40 % et 20 % en moins de quinze ans. Ne prenant pas seulement en compte les espèces en voie de disparition mais un panel bien plus large, l’étude a donc révélé l’ampleur de la crise biologique que nous connaissons.

Si les scientifiques parlent aujourd’hui de sixième extinction, c’est bien parce que les recherches de 2015 avaient déjà estimé que les disparitions d’espèces ont été multipliées par 100 depuis un siècle. La disparition des populations n’étant que le premier pas vers une disparition plus globale des espèces animales.

Il n’est pas anormal que des espèces disparaissent. Mais depuis un siècle, le taux de disparition des espèces serait de 100 à 1000 fois plus élevé que le taux naturel. Et si le sujet de l’enquête est ici la faune, il va de soi que le monde végétal n’est pas épargné par les activités humaines. La nature fonctionnant en réseau, fragile qui plus est, la disparition d’une certaine population sur un territoire en entraîne d’autres, et tout l’écosystème en est déstabilisé.

L’activité humaine, cause de l’extinction massive des animaux

Contrairement aux autres crises biologiques, liées à des cataclysmes, c’est aujourd’hui « l’homme », le responsable de l’extinction des autres espèces. Dans une interview pour France info, Florian Kirchner de l’UICN met en avant plusieurs facteurs. Tout d’abord, la destruction de l’habitat, par la déforestation, l’urbanisation, les exploitations agricoles, pétrolières, minières ; viennent ensuite la surexploitation des espèces (surpêche, braconnage) ; l’accroissement de la pollution de l’air, de l’eau et du sol. Autre cause (et/ou conséquence) : le changement climatique.

« Quand une espèce disparaît, ce n’est jamais anodin. Toutes les espèces sont liées entre elles donc chaque extinction risque d’en entraîner d’autres en cascade. Or, la biodiversité nous rend quantité de services gratuitement. C’est grâce à elle que les cultures sont pollenisées, que la fertilité des sols est régénérée, et que la qualité de l’eau et de l’air est garantie. La nature est aussi notre meilleure alliée contre le réchauffement climatique puisque les plantes absorbent le carbone dans l’atmosphère, et que les écosystèmes atténuent les effets des sécheresses et des inondations. […] La moitié des molécules que l’on utilise pour se soigner proviennent de plantes ou d’animaux. Donc, si on laisse disparaître les espèces, on laisse disparaître des chances de se soigner demain. »

Dans leur rapport les chercheurs font état de ces explications : « Les moteurs ultimes de la sixième extinction de masse sont moins souvent cités. Il s’agit de la surpopulation humaine, liée à une croissance continue de la population, et de la surconsommation, en particulier par les riches. » Car si c’est bien l’espèce humaine qui est visée, il n’en demeure pas moins que nous n’avons pas tous la même place dans cette espèce, ni les mêmes pouvoirs. Dans son livre L’anthropocène contre l’histoire, Andreas Malm (http://www.revolutionpermanente.fr/L-anthropocene-contre-l-histoire-Le-rechauffement-climatique-a-l-ere-du-capital) rappelait que les pays industrialisés du Nord alors qu’ils ne représentent que 18,2 % de la population sont responsables de 72,2 % des émissions de CO2. Si la consommation individuelle est à revoir, les plus gros pollueurs restent les industries, une étude parue en 2013 affirmait que 90 entreprises produisaient 2/3 des gaz à effet de serre.

Ce que la question de l’écologie, met en lumière, ce sont les limites de la gouvernance mondiale et du système capitaliste qui ne reposent que sur un souci de rentabilité, et qui ne sera jamais à même de répondre à l’urgence de transformer radicalement notre mode de production. Les grands pontes de l’économie ont de toute façon besoin de notre surconsommation pour continuer à faire du profit. Comme ils ont besoin de minimiser les coûts de production en faisant donc l’impasse sur la protection de l’environnement. En ce sens, la lutte pour la défense des espèces animales, de même que celle pour préserver la biosphère ne peuvent pas être découpées d’un combat contre le système capitaliste qui montre, une fois de plus, qu’il n’a rien à nous offrir. S’il « est plus facile d’imaginer la fin du monde que la fin du capitalisme », cette assomption raisonne aujourd’hui comme une alternative sans autre issue.


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