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Impérialisme

En visant l’OMS, Donald Trump ravive les tensions USA-Chine

Depuis le début de la crise sanitaire en occident, Donald Trump s’en prend régulièrement à l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) qu’il accuse de mauvaise gestion et d’accointance avec la Chine rivale. Cette offensive de l’administration américaine permet surtout de détourner l’attention de ses propres incompétences en matière de gestion sanitaire. Toutefois, elle sert aussi de prétexte à l’approfondissement des rivalités économiques et commerciales entre les deux premières puissances de la planète.

Jean Beide

19 mai 2020

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Offensive contre l’OMS : isolationnisme et diversion politique

L’offensive de Donald Trump contre l’OMS qu’il menace de ne plus financer (les Etats-Unis sont, avec plus de 400 millions de dollars annuels, le premier contributeur) cherche avant tout à masquer les manquements du gouvernement américain face à la crise du coronavirus. Alors que toutes les informations nécessaires étaient depuis longtemps (au moins depuis le mois de janvier) entre les mains des autorités, l’administration américaine, Trump en tête, s’est efforcée, dans le but de préserver les intérêts du patronat américain, de minimiser les risques d’une maladie dont la virulence était connue.

L’institution onusienne, symbole d’un multilatéralisme avec lequel Trump cherche à rompre depuis le début de son mandat, fait office, au côté de la Chine, de coupable idéal. Accusée de mauvaise gestion et d’être « la marionnette de la Chine », l’OMS est pointée comme responsable de la pandémie et de ses ravages.

Outre la nécessité de dissimuler les errances d’une politique sanitaire catastrophique face à un virus d’ores et déjà responsable de plus de 90 000 décès dans le pays, l’objectif réel poursuivi est d’approfondir la tendance isolationniste des Etats-Unis dans la continuité de la ligne de campagne et afin de soutenir et de préparer le terrains aux futures offensives unilatérales commerciales et diplomatiques que Trump annonce déjà comme inévitables.

Derrière l’OMS, la Chine en ligne de mire

Derrière les accusations d’incompétence à l’encontre de l’institution mondiale, c’est la Chine qui se trouve directement visée.

Jugée responsable de la pandémie mondiale faute de ses dissimulations, parfois même accusée par le président américain d’avoir elle-même créé le virus dans ses laboratoires, la Chine devient, dans le contexte de cette crise historique, plus que jamais la rivale directe des Etats-Unis. Trump a ainsi annoncé, le 14 mai, vouloir rompre définitivement toute relation diplomatique avec la Chine et rouvrir les hostilités commerciales avec cette dernière.

Effet d’annonce pour le moment, nul doute que les tensions entre les deux pays, sans occulté le scénario de tensions sur le terrain militaires, vont aller croissant dans les prochaines années. A ce titre, le combat réamorcée entre la Chine et l’USA par le biais détourné de l’OMS force les autres puissances impérialistes, notamment européenne, à prendre position. Dans ce cadre, l’Union Européenne cherche à joué la carte de l’apaisement, tout en prennant officiellement position en faveur de l’OMS et contre le désengagement états-uniens. Il faut dire que, pour les principales puissances européennes, un désengagement de Trump de l’OMS entrainerait une crise forte et placerait notamment la France et l’Allemagne sur le feu de la rampe, avec la perte du plus gros contributeurs financiers de l’OMS.

Taïwan, clé de voûte d’un conflit larvé

La Chine et l’OMS d’un côté, Taïwan et les Etats-Unis de l’autre, voilà la ligne de démarcation que Trump essaye d’imposer dans le conflit actuel. Face à une Chine considérée comme dissimulatrice et une OMS incompétente et inféodée, Trump porte aux nues Taïwan.

Ce dernier a en effet reproché à Tedros Adhanom Ghebreyesus, président de l’OMS, d’avoir tenu à l’écart Taïwan dont les alertes sanitaires auraient été soigneusement ignorées. Ces épisodes ne sont pas sans rappeler ceux du 3 décembre 2016 et les premiers pas de l’actuel président américain en matière de politique internationale. Trump avait à l’époque, contre les protocoles diplomatiques en vigueur qui imposent aux pays d’en passer par la Chine pour s’adresser à Taïwan, considérée par le pouvoir central chinois comme son territoire, conversé directement avec Tsai Ing-Wen, la présidente de l’île.

Ce premier incident annonçait déjà à l’époque les tensions vives qui suivront. Taïwan devient, au fil des années et des conflits qui s’affirment, le terrain d’un affrontement de plus en plus clair entre les Etats-Unis et la Chine qui se disputent notamment, au delà de la crise sanitaire qui creuse ces rivalités, le contrôle de la mer de Chine méridionale. Reste à savoir comment la situation va évoluer, à la fois sur le terrain économique que géo-politique. Sur ce terrain, la crise sanitaire du Covid19 a indéniablement rabattu les cartes, chamboulant l’ensemble des scénarios, et favorisant une exacerbation des tensions qui pourraient devenir incontrôlable.


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