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En visite au Calvados, Schiappa poursuit l’offensive sécuritaire du gouvernement

Ce vendredi, Marlène Schiappa s’est rendue dans le Calvados afin de rendre une visite aux forces de répression. Affirmant qu’elle s’engageait “pour qu’il y ait davantage de moyens pour les forces de l’ordre”, Marlène Schiappa s’inscrit dans la droite lignée du gouvernement Jean Castex qui a fait de la lutte contre “l’insécurité” son nouveau cheval de bataille.

Irène Karalis

24 juillet 2020

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Crédits photo : LUDOVIC MARIN / AFP

Ce vendredi, Marlène Schiappa s’est rendue dans le Calvados afin de rendre une visite aux forces de répression. Affirmant qu’“Il y a des enjeux de sécurité mais aussi la nécessité de faire respecter les nouvelles obligations liées à la pandémie de Covid-19”,- c’est-à-dire par la répression - elle a ensuité ajouté : “nous nous engageons pour qu’il y ait davantage de moyens pour les forces de l’ordre”.

Ce discours s’inscrit dans le tournant sécuritaire opéré par le gouvernement Castex pour qui la rhétorique sécuritaire est devenue langue courante. Ainsi, le 15 juillet derniers, Castex annonçait "une réponse ferme et sans complaisance" à des "faits inacceptables qui exaspèrent les Français" dans sa déclaration de politique générale, en faisant référence aux plusieurs faits de violences comme la mort d’un chauffeur de bus à Bayonne, des violences au quartier des Grésilles en juin dernier, ou encore la fusillade récente à Nice.

L’enjeu pour Jean Castex est de retrouver le “en même temps” du début du quinquennat Macron en ralliant au gouvernement le centre-gauche et la droite dure. Ainsi, on a d’abord assisté à quelques mesures sociales pour l’électorat de centre-gauche telles que le repas à 1 euro pour les étudiants boursiers, avant de retourner à une politique très à droite sur les questions économiques et sécuritaires. Sur ces dernières, le premier ministre a repris la rhétorique de la “lutte contre l’islamisme” et prend pour cible les “terroristes, extrémistes, complotistes, séparatistes, communautaristes” et les “ennemis de la France”. Un discours qui a pour but, d’une part, de se réconcilier avec les forces de l’ordre qui réclament plus d’impunité pour réprimer, et, d’autre part, de criminaliser tous ceux qui se battent contre le racisme d’État, dénoncer l’islamophobie devenant “une dérive communautaire” et du “séparatisme”.

La visite de la nouvelle ministre déléguée à Darmanin, visait à renouveler le soutien du gouvernement aux forces de l’ordre, comme elle l’a expliqué : "Je suis venue leur adresser un message (...) de soutien, de reconnaissance et de remerciement pour cet engagement". Mais aussi à réaffirmer la politique de "tolérance zéro" face à la délinquance défendue par Macron, comme le relève BFM, dans une période d’offensive de la droite sur le terrain sécuritaire, notamment après la mort d’Axelle, une aide soignante à Lyon.

La visite de Marlène Schiappa s’inscrit donc dans cette nouvelle politique sécuritaire qui cherche à draguer les électeurs du Rassemblement National et se trouve en cohérence avec le discours xénophobe de la droite dure qui instrumentalise le féminisme et la lutte contre les violences faites aux femmes pour réprimer les migrants et les habitants des quartiers populaires. Elle a ainsi revendiqué le fait d’avoir “obtenu que soit actée l’expulsion des étrangers coupables de violences sexuelles et sexistes”. Un discours qui a pour but de nous faire croire que les clivages sociaux seraient le résultat de l’immigration et des habitants des banlieues et à justifier une répression accrue des quartiers populaires, des luttes sociales et du mouvement ouvrier, alors que c’est précisément le gouvernement et ses politiques pro-patronales qui exacerbent les divisions au sein de notre camp social.

Comme nous l’écrivions déjà au sujet de l’instrumentalisation du féminisme à des fins racistes et xénophobes, "ici, encore une fois, au nom du droit des femmes, c’est la confluence d’un agenda réactionnaire venant de la droite, des néolibéraux et de l’extrême-droite qui est mis en place. Car dans un pays où l’histoire coloniale est si présente comme la France, le féminisme est détourné pour servir des intérêts impérialistes réactionnaires, comme le note la chercheuse Sara Farris : « Le fémonationalisme renvoie à la fois à l’exploitation des thèmes féministes par les nationalistes et les néolibéraux dans les campagnes anti-islam […] et à la participation de certaines féministes à la stigmatisation des hommes musulmans sous la bannière de l’égalité des sexes. Le fémonationalisme décrit ainsi, d’une part, les tentatives des partis de droite et des néolibéraux de faire avancer la politique xénophobe et raciste par la promotion de l’égalité des sexes, et d’autre part, l’implication de diverses féministes dans les représentations de l’Islam comme une religion et une culture misogynes par excellence. » Une alliance de circonstance qui s’était déjà retrouvée dans un front islamophobe défendant la « liberté française » du décolleté contre les « fondamentalistes » en burkini."


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