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Protectionnisme et Racisme

Entre le Mexique et les USA, un mur de la discorde pour mieux défendre les intérêts du patronat américain

Quelques jours avant la visite du président mexicain aux États-Unis, prévue pour le 31 janvier, Donald Trump signe l’ordre de construire un mur à la frontière entre les deux pays. Un mur qui, selon le nouveau président américain, devrait être en plus financé par les mexicains. Une nouvelle étape dans les relations entre le Mexique et les Etats Unis vient de s’ouvrir. Alexandra Dupont

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Les ministres mexicains des affaires étrangères et de l’économie, venus préparer une rencontre entre le président américain et son homologue mexicain prévue pour le 31 janvier, ont été accueillis avec un coup dur. Donald Trump a signé mercredi un décret lançant le projet de construction d’un mur à la frontière entre les États-Unis et le Mexique dans le but déclaré de lutter contre l’immigration clandestine, une de ses promesses phare. En effet, pendant sa campagne électorale, Trump n’a pas cessé d’alimenter le racisme et la xénophobie, pour attirer la sympathie de ceux qui sont touchés de plein fouet par le chômage ou la précarité, en pointant du doigts la globalisation. Mais celle-ci, avec les délocalisations qui en découlent, n’est qu’une politique du patronat et de ses relais politiques pour augmenter encore plus leurs bénéfices en traversant les frontières à la recherche de la main d’œuvre moins chère, ce qui va en détriment des salariés des deux côtés : d’un côté chômage, de l’autre, de bas salaires et des conditions de travail encore plus pénibles. Dans un pays multi-ethnique comme les USA, il faut bien voir que la politique de Donald Trump n’a aucun autre but que d’attiser les divisions entre les travailleurs, par un racisme et une xénophobie « décomplexée » pour en tirer les fruits sur le plan économique. En imputant la crise à ces problèmes « raciaux », Donald Trump veut surtout faire oublier qui sont les véritables responsables de la crise, notamment les banques qui n’ont cessé de spéculer sur tous les produits à leur disposition. Face à l’hypothèse de voir ceux qui payent aujourd’hui les pots cassés de JP Morgan, Lehmann Brothers et consorts s’unir pour leur faire payer la crise, Donald Trump tente donc de diviser tous ceux qui ont souffert ces dernières années de la décrépitude du système capitaliste.

L’arrogance de Trump au service du DOW JONES : un mur frontalier à la charge du Mexique !


Le décret d’exécution signé, le président américain affirme que le coût de la construction du mur sera pris en charge par le Mexique, ce que Mexico réfute. Le texte mentionne en outre la présence de 5 000 policiers supplémentaires pour protéger les frontières, ainsi que la création, le long de cette ligne de démarcation, de centres de rétention pour accélérer les reconduites de ceux considérés comme clandestins. Quelques 12 millions de Mexicains vivent aux Etats-Unis, dont 5,7 millions sont sans-papiers. Le texte désigne ces migrants comme « une menace significative à la sécurité nationale et publique », et propose l’embauche de 10 000 nouveaux agents de migration, ce qui implique une accélération importante du rythme du programme migratoire déjà mis en place par Obama.

Ces mesures sont vécues comme une humiliation au Mexique, où une houleuse polémique a vu le jour, augmentant la pression sur Enrique Peña Nieto pour qu’il annule sa visite à la Maison Blanche.

Pour faire monter un peu plus la tension Donald Trump a lancé sur Twitter jeudi : « Si le Mexique n’est pas prêt à payer pour le mur qui est vraiment nécessaire, ce serait mieux d’annuler la rencontre à venir. » Et face à la négative mexicaine, le porte-parole du président américain, Sean Spicer, a annoncé, dans la soirée de jeudi que Washington envisageait de financer les travaux en imposant une taxe de 20 % sur tous les produits venus de l’autre côté de la frontière, avant de reculer, quelques heures plus tard, en affirmant qu’il s’agissait seulement d’une proposition parmi d’autres, destinée à illustrer les multiples possibilités de financement.

Derrière le mur, une tentative d’imposer une renégociation de l’Aléna


A Philadelphie, jeudi, le nouveau locataire de la Maison Blanche est également revenu sur le traité de libre-échange nord-américain (Alena), entré en vigueur en 1994, avec le Mexique et le Canada. Pour le président américain, ce texte, est un « désastre total » pour son pays. « Je ne laisserai pas les contribuables américains payer le coût de cet accord défectueux qui aurait dû être renégocié il y a des années », a-t-il menacé.

Aujourd’hui, la balance commerciale entre les deux pays est favorable au Mexique. Le Mexique exporte 80 % de sa production aux Etats-Unis, mais seulement 16% des importations mexicaines sont en provenance de ce pays. C’est ce rapport que Trump veut changer. L’Amérique du Nord – Canada, Etats-Unis et Mexique – est une des régions d’intégration la plus dynamique du monde. Rien qu’entre le Mexique et les Etats-Unis, un demi-milliard de dollars et plus de 33 millions de migrants circulent chaque année.

Le ministre de l’économie mexicain a averti, mardi, que son pays pourrait se retirer du traité de libre-échange si les négociations portaient atteinte aux intérêts du Mexique. Cette politique agressive autour de la construction du mur, pourrait être interprétée comme un essaie de Donald Trump de faire accepter des conditions plus favorables aux capitalistes américains lors des prochaines renégociations de l’Alena. Ce qui aurait pour conséquences plus de soumission du Mexique à la puissance américaine, mais surtout et avant tout des travailleurs mexicains qui seront les premiers à payer les pots cassés.


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